Experts et analystes de tous poils se demandaient hier si Bob Gainey, comme il l'a fait pour Alex Kovalev la semaine dernière, ne devrait pas accorder quelques jours de repos à notre vénérable capitaine Saku Koivu.

Fiche de -3 face aux Capitals la semaine dernière, Saku, en fin de match, revenait au banc exténué malgré des présences sur la glace d'une trentaine de secondes. Si Saku n'a jamais lésiné sur l'effort à fournir, disons que depuis quelque temps, ce qui le démarque le plus c'est son manque d'énergie. Saku ne remporte presque plus de batailles dans les coins de patinoire et lui d'ordinaire si conquérant ne parvient plus à s'imposer avec la même facilité.

Fatigué Saku, malgré ses 17 matches ratés ?

Sûr que oui. Et plus la saison progressera, plus Saku le deviendra. Richard Plante, un lecteur très au fait des séquelles qu'un cancer peut laisser chez un individu, explique.

«Quand une personne a combattu le cancer et a subi des traitements de chimio et/ou de radiothérapie, son corps vieilli de dix ans. Koivu actuellement a donc 44 ans. Son système immunitaire en a mangé toute une. Tâche ardue et difficile, il a besoin de plus de temps que les autres pour refaire son plein d'énergie. Même si le fait d'avoir manqué plusieurs matches cette année lui a permis de se reposer, il ne parvient quand même plus à se rendre justice. Pire, d'ici à la fin de la saison, son rendement ira en décroissant.

«Mon meilleur ami est en rémission. Au terme de chaque journée il revient du bureau fatigué. Athlète exceptionnel, handicap de 5 au golf, il peine à terminer ses rondes de golf. Ce genre de maladie ne pardonne pas. Ce que la chimio t'a enlevé comme énergie, tu ne pourras jamais plus la récupérer.»

Si Gainey a vu la fatigue dans les yeux de Kovalev, c'est dans les jambes de plus en plus molles de Saku qu'il pourra réaliser à quel point son capitaine a besoin de repos. D'où la nécessité, une question de gros bon sens, de diminuer sensiblement son temps de jeu.

Ce qui, soit dit en passant, n'augure rien de bon pour l'avenir de Saku dont le contrat avec le Canadien se termine à la fin de la saison.

Gainey pourrait bien être tenté de l'échanger mais la tâche sera ardue.

Ce que les experts et les analystes voient présentement dans le jeu de Saku, les DG des autres équipes le voient aussi.

Quoi qu'il en soit, au fil des années, Saku aura été un exemple de détermination, de combativité et de volonté féroce de réussir.

Pour l'ensemble de son oeuvre réalisé sur la patinoire, la grande qualité de son jeu, il serait de mise, avant qu'il ne soit trop tard, de lui tirer notre chapeau.