Faut-il s'abstenir de boire du vin rouge pendant les grandes chaleurs... comme celles qui se sont abattues sur le Québec récemment?

Vit-on dans une maison ou un appartement climatisés, rien ne s'y oppose, naturellement.

Dans le cas des habitations dépourvues de climatisation, et surtout si les vins sont gardés à la température ambiante (par exemple dans un placard), il suffit, pour en boire, de les rafraîchir plus qu'à l'habitude.

Les solutions les plus simples: on utilise un seau à champagne (ou un pot à jus de fruits), rempli d'eau et de glaçons, pour en faire tomber la température aux environs de 12 ou 13 degrés, comme s'il s'agissait de vins blancs.

Ou encore - c'est le moyen que personnellement j'utilise-, on les met au congélateur pour une période d'au moins 15 minutes, sinon 20, avant de les déboucher.

Malgré tout ce qu'on peut entendre à ce propos, cela n'affecte aucunement le vin, qui garde toute ses qualités après ce séjour au froid.

«Cela casse le vin», dit-on parfois... comme si le vin était une matière cassante!

En fait, comme l'explique dans l'un de ses ouvrages le très grand maître que fut l'oenologue Émile Peynaud, aujourd'hui décédé, le choc thermique est plus violent pour un vin qu'on rafraîchit dans un seau à champagne, au contact de l'eau glacée, que pour celui qui séjourne au congélateur.

Il ne faut donc pas hésiter à utiliser le congélateur pour rafraîchir ce fort bon vin d'Argentine, vendu à prix très doux, qu'est le Mendoza 2005 Malbec Nieto Senetiner (voir la recommandation de la semaine).

D'autres vins rouges

On fera de même pour cet étonnant beaujolais qu'est le Moulin-à-Vent 2005 Réserve du Domaine de Champ de Cour, bien coloré pour un beaujolais, au magnifique bouquet de fruits rouges relevé de notes boisées-épicées, dense en bouche, charnu, aux tannins fermes et aux saveurs pures, ce qui montre, encore une fois, à quel point 2005 a été une réussite exceptionnelle pour la Bourgogne et le Beaujolais.

Seul hic, il y en a peu, soit une centaine de caisses, et il est cher.

S, 557421, 25,70$, *** (trois étoiles),$$$ (trois symboles), 2007-2010.

Même chose pour ce très beau vin de Toscane qu'est le Chianti classico 2004 Poggerino (un très bon millésime pour ce vignoble, soit dit en passant), qui lui aussi gagnera à être rafraîchi. Élaboré avec uniquement du Sangiovese, très coloré pour l'appellation, son bouquet est large, à la fois de fruits rouges et noirs, avec aussi un boisé bien présent, quoique sans rien d'excessif. La bouche suit, concentrée et corsée, avec de l'éclat et des tannins solides, mais sans astringence. Sérieux.

S, 878777, 24,55$, *** 1/2 (trois étoiles et demie),$$$ 1/2 (trois symboles et demi), 2007-2012?

Vin curieux, du Liban celui-là, le Vallée de la Bekka 2004 Massaya, fait de Cinsault (60%), de Cabernet Sauvignon (20%) et de Syrah (20%), sera lui aussi meilleur servi frais. D'un domaine dans lequel sont associés des Libanais et des viticulteurs français réputés, il s'agit d'un vin de couleur rouge clair aux nuances acajou, au bouquet intriguant, de fruits rouges et cuits, et au boisé bien marié à l'ensemble. Un peu plus que moyennement corsé, ses saveurs sont dominées par des arômes de fruits rouges, et ses tannins sont veloutés.

S, 10700764, 16,30$, *** (trois étoiles),$$ (deux symboles), 2007-2009

DÉGUSTÉS POUR VOUS

Côtes de Bourg 2005 Château Petit Bidou. Bordeaux rouge plutôt simple, un peu plus que moyennement corsé, peu tannique, au bouquet et aux saveurs dominées par le Merlot (80% de l'assemblage). Fort bon, et discrètement boisé.

S, 912576, 16,45$, ** 1/2,$$, 2007-2009.

Bordeaux Côtes de Francs 2004 Château de Francs. Autre bordeaux rouge, assez austère, charnu, nettement plus que moyennement corsé, aux tannins fermes, quoique sans rugosité. Très bon, meilleur mais aussi plus cher que le précédent.

S, 967943, 21,85$, ***,$$ 1/2, 2007-2010.

Savennières 2004 Les Genêts Damien Laureau. Vin blanc de la Loire, d'une appellation peu connue, réputée pour son potentiel de garde. Couleur paille, son bouquet, non boisé, aux arômes de coing (un mélange d'odeurs de poire et de pomme, comme le signale la contre-étiquette), est très mûr. Moelleux, corsé, ses saveurs sont très affirmées. Très bon, et particulier, il accompagnera des plats aux saveurs relevées.

S, 10750059, 26,30$, *** 1/2,$$$, 2007-2010.

Chorey-les-Beaune 2004 «Les Confrelins» Arnoux Père et Fils. Bourgogne rouge à la robe rouge clair-acajou, au bouquet nuancé (fruits rouges, fruits cuits, notes de cuir, etc.), de corps moyen, souple et donc peu tannique, et ne manquant pas de complexité. Très réussi.

S, 861948, 28,05$,***,$$$, 2007-2008.

LA RECOMMANDATION DE LA SEMAINE

L'Argentine continuera de gagner des parts de marché si elle persiste à offrir, à pareil prix, des vins de la qualité du Mendoza 2005 Malbec Nieto Senetiner, moins ample que ne l'était le 2004, mais lui aussi riche en couleur, et au bouquet de très bon volume, étonnamment nuancé, et au boisé peu appuyé. Corsé, bien en chair, son boisé est passablement perceptible en bouche (plus qu'au nez, m'a-t-il semblé), mais il y a tout le fruit voulu pour en faire un vin équilibré. Impeccable, surtout à ce prix...

C, 10669883, 12,75$, *** (trois étoiles),$ 1/2 (un symbole et demi), 2007-2010.