La plupart des chirurgiens orthopédistes au Canada ne pensent pas que les femmes qui leur sont envoyées pour consultation, souffrant de fractures, sont victimes de violence conjugale, et moins d'un cinquième d'entre eux sont d'avis qu'ils devraient s'efforcer de dépister les cas de mauvais traitements. C'est ce qu'a constaté un universitaire dans une étude récente.

Les fractures sont le deuxième type le plus fréquent de blessures non fatales subies par les femmes victimes de violence, a déclaré le docteur Mohit Bhandari, professeur à l'Université McMaster, qui a dirigé une équipe de travailleurs sociaux, de médecins et de psychiatres en Amérique du Nord.

Dans l'étude publiée en juillet, réalisée à partir d'un sondage auprès de 186 chirurgiens orthopédistes au Canada, le Dr Bhandari constate que ces spécialistes perpétuent des idées fausses à propos de la violence conjugale.

Ainsi, un chirurgien orthopédiste sur cinq croit que les femmes attirent les coups, cinq pour cent pensent que les victimes choisissent d'être des victimes et cinq pour cent sont d'avis que les femmes et leurs agresseurs sont également responsables des sévices. Ce domaine de la médecine est dominé par les hommes, note le Dr Bhandari.

Comme plusieurs femmes sont envoyées au bureau du chirurgien orthopédiste lorsqu'elles souffrent d'une épaule disloquée, d'une fracture du poignet ou d'entorses aux doigts ou au dos - parce qu'elles ont été poussées en bas des escaliers ou contre un mur, ou qu'on leur a écrasé la main dans une porte - ces spécialistes sont en position de dépister les mauvais traitements et de référer les femmes aux services sociaux avant que la situation ne s'aggrave, explique le Dr Bhandari.

Malheureusement, les chirurgiens orthopédistes ne sont pas entraînés à le faire, ni sensibilisés à la violence conjugale, et ne sont pas à l'aise de demander aux victimes si elles subissent de mauvais traitements, ajoute-t-il. Ils craindraient notamment d'empiéter sur la vie privée de la victime.