L'an dernier, La Presse+ a publié, dans le cadre d'une série entièrement consacrée au vélo, 10 suggestions de parcours à travers le Québec. Redécouvrez ces circuits - et les cartes qui les accompagnent. Des familles tirant chariot aux cyclistes en quête de dépassement, chacun peut y trouver de quoi s'inspirer. Attention: les circuits ayant été testés l'an dernier, certains tronçons routiers peuvent être en réfection cette année. Mieux vaut donc s'informer avant de partir.

>>> Découvrez les autres parcours à vélo

Avec son relief peu accidenté, sa circulation automobile limitée et ses  paysages marins spectaculaires, L'Isle-aux-Coudres attire chaque été des centaines de cyclistes venus se remplir les poumons d'air salin (et l'estomac de pâtés croches). Balade, sans rien brusquer, au rythme des marées.

«Il va falloir monter cette côte-là? En bécyk?»

Sur le traversier qui relie Saint-Joseph-de-la-Rive à L'Isle-aux-Coudres, un groupe d'adolescents écarquillent les yeux en regardant la côte (le mur?) qui fait face au quai.

Finalement, ils l'ont montée cette pente, mais à pied, en poussant leur vélo tout en haut, jusqu'au chemin des Coudriers. Pas un coup de pédale de donnée et déjà, la pire côte de l'Isle était chose du passé.

Pas de quoi être honteux. Les cyclistes sont nombreux à commencer leur découverte de l'Isle par une petite ascension sur deux pieds. Pendant la saison chaude, l'attente pour la traversée peut parfois s'allonger jusqu'à deux heures. Plusieurs cyclistes de passage pour la journée préfèrent, avec raison, laisser leur voiture sur le continent et débarquer sur l'Isle avec leur seul vélo comme moyen de locomotion.

Ils savent qu'une fois au sommet de cette pente infâme, le relief se pacifie et que les rares montées sont séparées par des kilomètres de terrain plat. Ils savent surtout que pour le reste de la journée, ils vont pédaler dans des décors d'une grande beauté, les narines gavées par les effluves salins du Saint-Laurent.

Ce qu'ils savent peut-être moins, c'est quel sens emprunter pour effectuer leur tour de l'Isle. Tourner à droite ou tourner à gauche en haut du chemin de la Traverse? La question n'est pas anodine. Sur ce bout de terre plantée en plein fleuve, les vents du large peuvent donner du fil à retordre aux cyclistes. «En vélo, le vent est pire qu'une montagne. Une montagne, ça finit par finir, lance Gilles Moisan, gérant du Centre Vélo Coudres. Sur le côté sud de l'île, on longe le fleuve sur 10 km. Avec le vent qui nous pousse dans le dos, c'est très facile. Mais avec le vent en plein visage, par contre...»

Son conseil? Si le vent vient de l'est, il faut faire le tour de l'Isle dans le sens horaire. S'il vient de l'ouest, c'est le contraire. Et les jours sans vent (il jure que ça arrive), le sens antihoraire reste le meilleur si l'on commence la virée depuis le traversier.

Si les vents dictent la direction de la balade, c'est la curiosité qui en détermine la distance. Si l'on reste sur le seul chemin des Coudriers, le tour de l'Isle s'étend sur 23 km. La moitié du parcours se fait à la hauteur du fleuve, quasiment sur ses berges; le reste se passe dans les hauteurs du côté nord, avec les montagnes de Charlevoix comme toile de fond.

Plusieurs routes sans issue viennent toutefois s'ajouter à ce chemin de ceinture. Du coup, le parcours s'en trouve rallongé... jusqu'à 40 km dans notre cas. L'effort est toutefois largement récompensé. C'est en parcourant ces culs-de-sac qu'on a déniché certains des plus beaux points de vue (et des plus étranges monuments) de l'Isle.

Sur la pointe du Bout d'en Bas (à l'extrémité du chemin du même nom) se dresse une étonnante statue de Notre-Dame, spectatrice silencieuse des levers de soleil. Pour les couchers de soleil, c'est au bout du chemin de L'Islet qu'il faut s'installer. Le chemin de la Bourroche s'étire quant à lui entre le fleuve et une rangée de belles - et parfois excentriques - demeures. C'est le lieu parfait pour observer les massifs montagneux charlevoisiens et suivre le va-et-vient du traversier.

C'est toutefois sur le chemin des Prairies que la nature de l'Isle se fait la plus généreuse. Et la plus sauvage. Pendant 3,5 km, on longe coteaux fleuris, marais, forêt et rochers dénudés par la marée, en zigzaguant entre les escargots qui traversent le chemin de terre battue. Un lièvre a même bondi presque dans notre roue avant. C'est aussi d'ici qu'on voit le mieux le phare au large, le «bloc», comme l'appellent les Coudrilois.

Une petite incartade de la route principale à faire sans hésiter.

Écrivez à notre journaliste: smorin@lapresse.ca

FICHE TECHNIQUE

Point de départ: quai de L'Isle-aux-Coudres

Distance: 40 km

Degré de difficulté: facile

Dénivelé positif: 208 m

Type de parcours: Routes asphaltées partagées avec les automobilistes, route de terre battue (chemin des Prairies)