Le condo a la cote. Son prix relativement abordable et la rareté des terrains n'expliquent qu'en partie sa popularité croissante. La vraie clé de son succès? Il plaît à plusieurs segments de la population, qui y trouvent leur compte. Les parents esseulés (les empty nesters), dont la maison est devenue trop grande les enfants partis, ont été les premiers à adopter la vie en copropriété. Mais celle-ci sied aussi à une clientèle plus jeune, qui l'adopte pour des raisons toutes autres.

Le condo a la cote. Son prix relativement abordable et la rareté des terrains n'expliquent qu'en partie sa popularité croissante. La vraie clé de son succès? Il plaît à plusieurs segments de la population, qui y trouvent leur compte. Les parents esseulés (les empty nesters), dont la maison est devenue trop grande les enfants partis, ont été les premiers à adopter la vie en copropriété. Mais celle-ci sied aussi à une clientèle plus jeune, qui l'adopte pour des raisons toutes autres.

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 Marie-Andrée Mackrous a eu un choc quand elle est entrée dans son condo, la première fois. Elle avait acheté sur plan et doutait, soudainement, de ne pouvoir y mettre tous ses effets. Mais elle s'est vite plu dans son appartement d'une superficie de 700 pieds carrés.

 À 25 ans, la jeune femme désire voler de ses propres ailes. Et elle ne veut pas attendre d'être en couple stable pour effectuer son premier investissement immobilier. Le coût de l'appartement, tout comme sa situation géographique, ont pesé lourd dans sa décision d'emménager aux Condos de la gare, dans Parc-Extension. Le prix payé? 146 000 $ (taxes incluses).

 Comme elle, plusieurs de ses voisins sont célibataires. De fait, 74 des 100 condos vendus jusqu'à présent dans la phase II des Condos de la gare, ont été achetés par des personnes vivant seules. Les 26 autres ont été acquis par des couples. Ce n'est pas un hasard.

Constatant la présence croissance des seulibataires sur le marché, constructeurs et promoteurs les courtisent. Ils se creusent les méninges pour offrir des logements susceptibles de leur plaire. C'est le cas notamment de Conceptions Rachel-Julien, qui depuis 2002 tient compte de leurs besoins lors de l'élaboration de ses projets. Dans la phase II des Condos de la gare, par exemple, la plupart des logements ont une petite superficie, pour être vendus à un prix abordable. Dans cet ancien immeuble industriel entièrement rénové, les appartements sont étroits et profonds. Grâce à la hauteur des plafonds et à leur allure de loft, ils semblent toutefois spacieux.

 «Les gens vivent de plus en plus seuls, et c'est un des facteurs qui fait encore progresser le marché du condo à Montréal, note Denis Robitaille, président de Conceptions Rachel-Julien. Nous gardons nos prix peu élevés pour que des couples, mais aussi des célibataires puissent accéder à la propriété. Dans le projet Q10, dont la construction vient de commencer dans Parc-Extension, il n'y aura pas d'ascenseur ni de chauffe-eau commun, comme c'est le cas aux Condos de la Gare. Les charges de copropriété seront donc moins élevées. Le prix des 16 unités varie de 137 160 $ à 157 500 $ (taxes en sus), alors que la superficie moyenne de l'aire habitable sera de 640 pieds carrés.»

 À New York, Vancouver et Toronto, les promoteurs misent sur les piscines, les bars et les salles d'exercice pour attirer les jeunes professionnels, souligne Avi Friedman, professeur à l'École d'architecture de l'Université McGill. «Les complexes ne sont pas seulement des lieux où se rendent les gens pour dormir. Ils y ont une riche vie sociale.»

 Montréal n'est pas en reste. Le Groupe Prével, par exemple, tente de relever ce défi dans ses projets Lowney, à Griffintown, et Imperial, dans le quartier Saint-Henri. La clientèle visée : les jeunes et les célibataires qui aiment être au coeur de l'action. L'espace a été rationalisé pour répondre à leurs besoins budgétaires. Mais sur le toit de chacun des bâtiments sont prévus une piscine et une terrasse, pour favoriser les échanges. Au Lowney Trois, les copropriétaires pourront s'asseoir et discuter autour d'un feu de camp au gaz propane. À l'Imperial, le concept est poussé plus loin avec un «chalet urbain» sur le toit, qui comprendra une cuisine, un salon, un foyer à double face et une table de billard. Il y aura aussi un gymnase couvert à l'extérieur et un petit parc, où les copropriétaires pourront jouer au basketball, volleyball et hockey.

 «Ce sont des outils pour socialiser, souligne Jacques Vincent, coprésident du Groupe Prével. Ils sont très appréciés.»

 Au Lowney Trois, qui sera complété l'an prochain, 56 % des acheteurs, jusqu'à présent, sont célibataires. C'est le cas de 45 % des futurs copropriétaires à l'Imperial, qui devrait être terminé à l'automne.

 En banlieue aussi

 En banlieue? Les promoteurs aussi courtisent les jeunes et les seulibataires, de plus en plus nombreux à s'aventurer en périphérie de Montréal. Leur poids est tel que des constructeurs décorent et aménagent certains de leurs condos témoins spécifiquement pour leur plaire.

 Le Groupe Cholette, qui est actif dans 13 projets en bordure de Montréal, présente partout au moins deux condos témoins, très différents l'un de l'autre. «Le modèle Euro, très moderne, avec la cuisine ouverte sur le salon, plaît davantage aux jeunes et aux célibataires, souligne Philippe Cholette, directeur du marketing de l'entreprise familiale. Le modèle classique, plus traditionnel, attire quant à lui une clientèle âgée de plus de 50 ans.»

 À Brossard, Le Village Parisien a poussé plus loin ce concept en aménageant... 14 condos témoins, tous soigneusement décorés pour plaire aux diverses générations visées. Situé à proximité de l'autoroute 30 et du nouveau complexe commercial Quartier Dix30, l'endroit comptera en tout 696 condos. Des quatre types d'immeubles construits, deux sont davantage conçus pour les célibataires : les villas et les pavillons. Dans les villas, par exemple, trois des huit logements coûtent moins de 150 000 $ (taxes incluses). Mais les seulibataires dans la quarantaine, qui désirent des appartements plus spacieux et plus luxueux, sont aussi servis.

 La stratégie fonctionne : des 400 condos vendus jusqu'à présent, 60 % ont été achetés par des femmes et des hommes vivant seuls, indique Michèle Gaston, directrice du marketing. «Ils aiment l'aménagement intérieur, avec ses espaces ouverts. Mais ils apprécient aussi le concept d'inspiration parisienne du projet», ajoute-t-elle.

 VIVRE EN SOLO

 De plus en plus de personnes vivent seules, qu'elles soient veuves, divorcées, séparées ou célibataires. Cela n'exclut pas qu'elles aient un partenaire amoureux. Mais plusieurs désirent avoir leur propre appartement. De nouveaux termes tendent à les identifier : seulibataires, solibataires et solo.

 

Illustration fournie par le Groupe Prével

À l'Imperial, les occasions de socialiser avec les autres copropriétaires seront nombreuses. Il y aura ainsi une piscine et un «chalet urbain» sur le toit. Celui-ci abritera une cuisine, un salon, un foyer à double face et une table de billard.