Il y a de ces coins de la ville où on ne va pas souvent.

Et pourtant.

Tout à l'ouest du boulevard René-Lévesque, là où le nom Dorchester a survécu, se cache un voisinage de maisons bâties majoritairement à la fin du XIXe siècle. À Boston ou à New York, on les appellerait brownstones ou greystones.

Les résidants nomment ce coin The Westmount Flats en raison de l'absence de dénivellation. Plus au nord, vers le mont Royal, l'autre partie de la ville est plus escarpée.

L'espace est intéressant. On est à Westmount, dans un secteur résidentiel, près des parcs et de la jolie rue Greene, à moins de 20 minutes de marche de la rue Atwater.

C'est précisément pour cette raison que les propriétaires ont acheté leur maison en 2003. «Nous vivions avec ma grand-mère qui était très âgée et nous voulions qu'elle puisse marcher en toute sécurité.»

La maison avait trois étages et un sous-sol en terre battue. «Elle était dans un état pitoyable, les vitraux avaient été peints en vert et les boiseries étaient couvertes de dizaines de couches de peinture», se souvient la propriétaire.

Elle, qui se cherchait un grand projet, s'est sentie interpellée. «J'ai foncé avec la bénédiction de mon mari!»

Pendant trois ans, elle a fait l'aller-retour entre Montréal et leur résidence de Miami pour superviser les travaux de rénovation.

De concert avec l'architecte et l'entrepreneur, la propriétaire a conclu qu'il fallait garder les éléments récupérables et reproduire aussi fidèlement que possible ceux qui étaient trop dégradés. «On a confié à des artisans les moulures en bois; pendant neuf mois, ils les ont restaurées ou reproduites. Un travail de moine!»

Puis, elle a tout fait démolir: il ne restait des intérieurs que la structure. «On a déplacé la cuisine pour en bâtir une autre, aménagé un "dressing" (immense!) et ajouté des salles de bains. Ah oui, et on a creusé le sous-sol de 6 à 8 pi pour que les plafonds aient la même hauteur que ceux du reste de la maison.»

Plus important, elle a fait ajouter un ascenseur qui va du sous-sol au troisième étage et fait installer un système sophistiqué de domotique qui contrôle presque toute l'électronique, des systèmes de son aux caméras de surveillance. Et un tas d'autres choses qu'elle préfère garder secrètes.

«Mon mari aurait voulu un condo, je voulais une maison. On a fait des compromis. Avec l'ascenseur et les autres améliorations, c'est une maison-condo à la verticale sans frais de copropriété. On a même prévu que les passages et une des salles de bains seraient assez grands pour accueillir un fauteuil roulant.»

L'espace est vaste, assez pour loger une grande famille qui aime recevoir. «La salle à manger peut accueillir confortablement de 14 à 16 personnes. En fait, on a déjà reçu 120 personnes dans cette maison!»

Et puis, au-delà des grands changements, il y a une foule de détails qui échappent au premier regard. «J'ai fait installer des petites cachettes un peu partout.» OùUn peu partout», répond-elle évasivement. Dommage, on les a ratées.

Le couple vend la maison parce qu'il a élu domicile en permanence en Floride.

LA PROPRIÉTÉ EN BREF

> Prix demandé: 2 995 000$

> Année de construction: 1895

> Pièces: 18, comprenant 6 chambres, 4 salles de bains, 3 salles d'eau, 2 foyers, garage triple, trois terrasses.

> Superficie utile: 3047 pi2

> Évaluation municipale: 2 181 300$

> Impôt foncier: 18 220$

> Taxe scolaire: 3615$

> Courtier: Carl-Rémillard Fontaine, Profusion Immobilier. 514 935-3337

Photo fournie par Profusion Immobilier

La façade rappelle les grandes maisons en pierre de Boston ou de New York.

Photo fournie par Profusion Immobilier