Le vendeur a loué son logement à des voyageurs? Il vous cède ses meubles? Pire encore: il a collectionné des meubles trouvés dans la rue? Alerte aux punaises de lit! Comment se prémunir contre ce fléau?

Montréal et ses environs sont aux prises avec un sérieux problème de punaises de lit, qui va en s'aggravant. N'allez pas croire que seuls les locataires sont touchés. Vous pourriez retrouver des punaises dans un logement que vous venez d'acheter!

C'est l'histoire d'une professionnelle qui venait de se séparer, qui avait emménagé depuis deux jours dans un condo de la Rive-Sud, inspecté en bonne et due forme. En se levant le lundi matin, elle découvre une punaise gorgée de sang sur le mur près de la tête de lit. «J'ai pris une photo et je l'ai tout de suite transmise au vendeur et à un exterminateur», raconte celle qui préfère garder l'anonymat pour éviter d'être ostracisée.

Le vendeur, un homme toujours bien mis, voiture de luxe, lui avait cédé ses meubles, incluant le lit. En voyant la photo, il est persuadé qu'elle a ramené les punaises du condo de l'amie qui l'hébergeait, dans le Plateau Mont-Royal.

L'exterminateur est de l'avis contraire. Sous le sommier, il découvre trois foyers de jeunes punaises. Quand elles se reproduisent, cela signifie qu'elles s'alimentent sur place depuis un certain temps. Et Madame n'a subi aucune piqûre.

La nouvelle propriétaire retourne squatter chez son amie. Elle accepte que le syndicat de copropriété prenne en charge l'extermination et l'inspection des logements adjacents. Elle est prévenue que la facture lui sera refilée. Total: 1032 $.

Elle appelle aussi Got-Junk, pour se débarrasser du lit au plus vite.

Le vendeur a été tenu au courant de toutes les démarches par courriel. Il a d'abord nié sa responsabilité, puis refusé de répondre aux invitations à trouver un terrain d'entente. L'acheteuse lui réclamait pourtant seulement les frais d'extermination. Elle s'apprête maintenant à déposer un dossier à la Cour des petites créances, pour un total de 4000 $, qui inclut l'achat d'un nouveau lit.

«Selon la jurisprudence, il s'agirait bel et bien d'un vice caché, dit-elle. Les punaises étaient là à mon arrivée. Si je les avais découvertes plusieurs semaines plus tard, ç'aurait été impossible à démontrer.»

Déplacer ou pas les meubles

L'inspecteur en préachat n'est pas tenu de manipuler des meubles à la recherche d'insectes ou d'autres vices. Les bons inspecteurs déplaceront des biens du vendeur seulement s'ils ont d'abord découvert un indice visuel leur mettant la puce (!) à l'oreille, comme une tache suspecte.

Les punaises de lit sont des insectes nocturnes qui se terrent dans les interstices du plancher, du lit et des meubles en bois. «Elles s'installent dans un rayon d'un mètre et demi du lit, près de leur source de nourriture, dit l'expert en gestion parasitaire Harold Leavey. La plupart du temps, elles sont cachées.»

À moins d'une infestation majeure, il est très difficile pour un acheteur et son inspecteur de les découvrir.

Harold Leavey, qui travaille chez Les entreprises Maheu, entreprise spécialisée dans l'extermination, propose une précaution toute simple: interroger les voisins. «S'il y a eu des punaises, ils le diront.» On peut aussi évaluer les risques, selon la propriété qu'on projette d'acheter.

Risques

• L'occupant a accumulé des meubles récupérés dans la rue.

• L'immeuble héberge des gens dont la condition (santé mentale, pauvreté, âge avancé) peut retarder ou empêcher une extermination.

• Le logement a servi d'hébergement à court terme, de type Airbnb.

• Des meubles seront laissés au prochain propriétaire.

Un conseil

Vous faites des cauchemars à l'idée de vous retrouver avec des punaises dans votre nouveau condo? Voici comment vous y prendre. Précisez au vendeur que tous les meubles doivent être retirés. Chez le notaire, exigez qu'un état des lieux soit réalisé la veille de la prise de possession et que toute extermination requise dans les sept jours suivants soit à la charge du vendeur.

Photo David Boily, Archives La Presse