Le bois comme source de chauffage d'appoint pour réduire les coûts d'énergie? «Les gens considèrent cette option beaucoup plus cette année», observe Ghyslain Bélanger, directeur général de l'Association des professionnels du chauffage. «Plusieurs consommateurs entrent dans les commerces et posent des questions relatives à l'investissement et au coût, ce qu'on ne voyait pas depuis fort longtemps.»

Le bois comme source de chauffage d'appoint pour réduire les coûts d'énergie? «Les gens considèrent cette option beaucoup plus cette année», observe Ghyslain Bélanger, directeur général de l'Association des professionnels du chauffage. «Plusieurs consommateurs entrent dans les commerces et posent des questions relatives à l'investissement et au coût, ce qu'on ne voyait pas depuis fort longtemps.»

 Il a reçu récemment l'appel d'un marguillier qui songeait au bois pour réduire la facture de mazout de son église, qui a décuplé pour atteindre 45 000$.

 À échelle plus modeste, plusieurs propriétaires envisagent la même solution. «La très grande majorité des gens qui vivent dans des régions où la ressource est disponible et abordable peuvent le faire, et j'inclus la couronne extérieure de Montréal», énonce Ghyslain Bélanger. «Tout est basé sur leur capacité à se trouver un combustible à prix raisonnable.» La proximité de la «ressource» - le bois, quoi - est le facteur décisif.

 Le bois cultivé et coupé par l'exploitant local présente le grand avantage de ne pas faire l'objet de spéculations à New-York. «Les prix sont sensiblement stables», indique Pierre Morasse, responsable des communications à l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec.

 Une stabilité locale, toutefois. Car l'écart se creuse entre les régions et Montréal. Selon les estimations de Claude Quirion, propriétaire de la Boutique L'Attisée, les prix pour un cordon de bois varient de 65 à 70$ en région, et de 90 à 115$ dans la région métropolitaine. La distance avec le fournisseur joue un rôle majeur: dans le réservoir du camion de livraison, le prix du pétrole influe malgré tout sur celui du bois de chauffage.

 L'autre problème a trait à la qualité: tant l'essence de l'arbre que l'humidité des bûches pèsent fortement sur la rentabilité de l'aventure - et tous deux sont aussi variables que difficiles à contrôler.

 Il faut enfin compter avec les préoccupations environnementales. «Le bois peut être considéré comme une énergie renouvelable pour peu qu'il provienne d'une exploitation gérée de manière responsable», indique Pierre Morasse. «Le chauffage au bois ne contribue pas au réchauffement de la planète car le CO2 libéré lors de sa combustion correspond à la même quantité de dioxyde de carbone absorbé par un arbre durant sa croissance. Nous le recommandons dans la mesure où il est possible d'utiliser le bois avec un appareil atteignant les plus hauts standards.»

 Cet appareil porte un joli nom: le poêle à bois autonome à combustion évoluée muni d'une porte céramique. Il doit répondre aux normes reconnues, soit celles édictées par l'EPA américaine, et son pendant canadien, la CSA B415.

 La critique la plus fréquente a trait à l'émission dans l'atmosphère de particules fines - des résidus de combustion. En milieu urbain, où la densité des domiciles est plus élevée, ces particules contribuent au smog hivernal et pénètrent profondément dans les poumons.

 Un poêle certifié émet la même quantité de particules fines en 60 heures qu'un poêle conventionnel en neuf heures.

 Et pour les besoins de notre cause, il produit jusqu'à 50% plus de chaleur avec la même bûche.

 Bûches et embûches

 Pas facile de bien se servir du chauffage d'appoint au bois, ni d'en estimer les économies...

Le système d'appoint n'a pas pour objectif de remplacer totalement le chauffage standard. «La plupart des gens ont cette mauvaise habitude, quand ils utilisent le bois, de couper le reste du chauffage», observe Patrick Gautreau, conseiller principal, recherche et diffusion de l'information, à la SCHL. «Dans le portefeuille, ça apparaît intéressant, mais dans la vraie vie, ils laissent souvent une partie de leur demeure se rafraîchir. En raison de l'inconfort que ça occasionne et des risques pour l'enveloppe du bâtiment, ce n'est pas toujours approprié.»

 Le sous-sol est surchauffé, les pièces supérieures trop fraîches, et il y a risque que certaines parois trop froides connaissent des problèmes de condensation. Tôt ou tard, les économies qu'on croyait avoir empochées se seront dissipées en coûteuses réparations.

 En fait, il faut prendre le problème à sa racine. «D'abord et avant tout, assurez-vous d'éviter les fuites d'air», recommande Roxane Héroux, qui est par ailleurs porte-parole de CAA-Québec Habitation. «Remplacez les coupe-froid abîmés sur les portes, avise-t-elle. Calfeutrez les ouvertures, comme les trappes d'accès aux greniers.» Peut-être l'isolation des murs et du toit est-elle perfectible. Il faut assurer l'entretien régulier du système de chauffage, ne serait-ce qu'un coup d'aspirateur sur les plinthes électriques. «Quand vous aurez fait tout cela, vous obtiendrez déjà une bonne économie d'énergie», avise-t-elle. Le chauffage d'appoint prendra alors le relais d'une consommation qui ne peut plus être réduite autrement.

 Un peu de comparaison...

 Claude Quirion, président de la Boutique L'Attisée, ne s'en cache pas: «Les économies sont difficiles à évaluer. Il y a tellement de facteurs qui peuvent exercer une influence. L'essence du bois, son degré d'humidité, le prix de la corde...»

 La corde de bois est en fait un cordon: plutôt que faire 4 pi sur 8 pi sur 48 po, la corde vendue couramment occupe plutôt un volume de 4 pi sur 8 pi sur 16 po.

 Faisons une petite comparaison, pour laquelle nous utiliserons des appareils de haute efficacité, soit 98% pour l'électricité, 85% pour le mazout, et 75% pour un poêle au bois de haute technologie.

 Dans ces conditions, avec les meilleures essences - chêne, hêtre, érable à sucre... -, le kWh de chauffage (7,33¢ selon le tarif D d'Hydro-Québec) revient à 3,8¢ avec un cordon à 75$ et à 5¢ si on le paie 100$. «En principe, à Montréal, on peut faire 30% d'économie et près de 50% en région», commente Benoît Légaré, ingénieur à l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec. Mais le portrait change avec les essences à faible teneur en énergie (peuplier, épinette, sapin...). Selon qu'on paie le cordon 75$ ou 100$, ce même kWh revient alors à 6,6¢ et 8,8¢ - dans ce dernier cas, plus cher que l'électricité.

 Répétons l'exercice avec le mazout, qui coûtait 1,00$ le litre à Montréal dans la semaine du 22 septembre.

 Avec les essences de bois les plus efficaces, l'équivalent d'un litre de mazout revient à 0,33$ si on paie le cordon 75$, et à 0,44$ avec un cordon à 100$. «Potentiellement, ça peut être rentable, indique Benoît Légaré; tout dépend du taux d'utilisation et du coût d'acquisition de l'équipement.»

 Or, la proportion de remplacement de la charge de chauffage est très variable. Où sera placé l'appareil? Pourra-t-il chauffer une partie significative de la maison? Sera-t-il utilisé fréquemment? La plage de possibilités est immense, et l'appareil d'appoint pourra remplacer aussi bien 20% que 80% de la charge de chauffage, selon les conditions.

 Nous avons tout de même fait l'exercice, en supposant que 40% de la charge de chauffage d'une maison unifamiliale de 2000 pi2 (80 mégajoules à Montréal pour une maison construite après 1990) serait remplacée par un chauffage d'appoint au bois. Avec un cordon à 100$ pour les essences les plus efficaces, on épargne chaque année 552$ sur la facture de mazout, et 196$ si on chauffe à l'électricité.

Pour éviter de flamber une fortune...

 Autour des foyers et des cheminées, dans ce qui devrait être un vide de sécurité, Claude Oliver, ingénieur à l'Association des professionnels du chauffage, trouve des tubes de pâte à calfeutrer, des résidus de lunch, des boîtes de clous... Tous débris et déchets jetés dans le commode interstice par des travailleurs.

 «Ne pas trouver de débris de construction, c'est plus l'exception que la norme», lance-t-il.

 La semaine dernière, encore, Claude Olivier a inspecté le foyer d'une propriété en voie d'acquisition. Verdict: le foyer et la cheminée doivent être remplacés, «même s'ils sont en bon état, parce qu'ils ne sont pas homologués. On parle facilement de 7000$ de coûts.»

 Les acheteurs feront baisser le prix d'achat en conséquence. «Mais s'ils l'avaient appris après la transaction, combien auraient-ils obtenu en Cour? Peut-être 1000$.»

 En effet, plusieurs acheteurs apprennent trop tard quel est l'état réel du foyer. Ils ont fait inspecter la maison, mais la plupart du temps, les inspecteurs ne se prononcent pas sur l'âtre et la cheminée. Or, l'acheteur n'apprendra cette exclusion qu'en lisant leur rapport. Dans la précipitation qui entoure la transaction, il n'aura pas le temps de faire appel à un spécialiste. Si l'installation du foyer n'est pas conforme aux normes, il le saura trop tard.

 «Les coûts pour faire les réparations peuvent monter assez rapidement, énonce Claude Olivier. Et quand le dossier se retrouve en Cour, dans la majorité des cas, les gens ne peuvent récupérer la totalité de ce que les réparations vont leur coûter, parce que la plupart des juges vont appliquer une dépréciation basée sur la durée de vie utile des appareils.»

 Pour des travaux de 10 000$ sur un foyer de 20 ans qui a atteint 80% de sa vie utile, donne-t-il en exemple, l'acheteur pourrait ne récupérer que 2000$.

 Les foyers préfabriqués installés au moment de la construction du bâtiment causent moins de problèmes? Détrompez-vous. «Là où on rencontre le plus de problèmes avec les foyers préfabriqués, c'est quand l'installation a été faite pendant la construction du bâtiment», poursuit l'expert.

 Dans les constructions neuves, les foyers et cheminées sont installés par des spécialistes très tôt dans l'érection du bâtiment. L'installation est alors généralement conforme aux normes. Mais les ouvriers qui finissent l'aménagement - menuisiers, électriciens - ne connaissent pas nécessairement les exigences de sécurité. «Ce sont eux qui rendent les installations non conformes et dangereuses, soutient Claude Olivier. Il est fréquent de voir des fils électriques en contact avec les cheminées.»

 Vous achetez un condo doté d'un foyer? Redoublez de prudence, recommande-t-il. «Il faut s'assurer que l'installation est conforme, particulièrement le cloisonnement au feu des cheminées. Les gens se retrouvent avec des lettres du service d'incendie qui exigent que les installations soient corrigées. Et on commence à voir les compagnies d'assurance prendre les devants parce qu'elles sont de plus en plus conscientes de ces problèmes.»

 Il a vu des constructions aussi récentes que 2003 ou 2004 qui dérogeaient aux normes. Au début 2008, la Régie du bâtiment a d'ailleurs envoyé aux entrepreneurs concernés un bulletin qui rappelait l'importance de ces normes souvent négligées.

 Quand il fait une inspection, même sur des maisons neuves, Claude Olivier pratique des ouvertures dans les murs. «Si je n'ai pas l'autorisation de faire des trous, je n'y vais pas. Il n'y a pas d'autres façons de vérifier.»

 Il souhaiterait que soit partout appliquée la réglementation en vigueur à Longueuil: lors de l'installation de foyers et cheminées dans une maison neuve, des trappes d'accès doivent être ménagées pour l'inspection.

 Répartition des incendies de résidences selon le lieu d'origine, Québec, 2003 à 2005

 Lieu d'origine / Pourcentage

 Cheminée: 37%

 Cuisine: 17%

 Élément de la structure: 7%

 Salon: 7%

 Chambre: 5%

 Aire de circulation: 4%

 Entreposage: 4%

 Salle de bains: 3%

 Garage: 2%

 Salle à manger: 1%

 Autres lieux: 8%

 Lieu indétermin: 5%

 SOURCE : MINISTÈRE DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE