Le tour du propriétaire La vie de village au bord de l’eau

Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Daryl Ness rêvait de s’installer près d’un plan d’eau. Le jeune quinquagénaire qui a toujours vécu dans la région du Suroît a fait carrière comme directeur d’écoles de la région. Depuis plusieurs années, il vivait à Elgin sur un terrain de 100 acres, dans une vieille maison en pierres bâtie au début du XIX^e siècle.

« C’était une belle ferme avec beaucoup d’arbres. On avait trois chevaux, deux cochons, deux chèvres, cinq poules », nous a-t-il expliqué comme s’il récitait une comptine de La souris verte.

Mais l’appel de l’eau se faisait sentir. Avec raison. Le lac Saint-François tout près est un élargissement naturel de la Voie maritime du Saint-Laurent. C’est le plus vaste du système fluvial. En plus, il offre un domaine navigable intéressant tant pour les grandes embarcations que pour les kayaks et compagnie.

Le bien nommé Saint-Anicet

Après avoir arpenté la rive et exploré les villages aux noms évocateurs qui longent le lac côté sud – Hungry Bay, Saint-Stanislas-de-Kostka, Baie-des-Brises, Sainte-Barbe... –, sa recherche l’a mené jusqu’à Saint-Anicet. Son choix s’est porté sur une propriété unique, à quelques pas de la plage municipale, au cœur du village.

Une maison imposante dont l’architecture de style fédéral rappelle celle de la côte Est des États-Unis.

Reconnaissables à leur symétrie, ces maisons ont des fenêtres disposées à l’horizontale et divisées en carreaux. Elles sont souvent recouvertes de briques, mais d’autres, près des plans d’eau, sont habillées de planches en clins de bois.

Celle qui a séduit Daryl Ness aurait été construite au XIX^e siècle par un marchand et notable de l’époque, Louis-Napoléon Masson, dont le père, Luc-Hyacinthe, était médecin et un des patriotes qui ont pris part à la rébellion de 1837, un personnage important dans le développement du village.

Bien sûr que l’on connaît Saint-Anicet !

On a entendu parler du village de Saint-Anicet souvent sans trop savoir où le situer. Grâce aux livres d’histoire d’abord, puisque le village a vu naître deux personnages qui se sont illustrés au siècle dernier : le cardinal Paul-Émile Léger et son frère, Jules, ancien gouverneur général du Canada.

Puis en raison des bulletins météo. Une station d’Environnement Canada camouflée dans un champ tout près fournit de précieuses informations sur le temps qu’il fait dans ce coin du pays. La petite municipalité est presque au point le plus au sud de la province. C’est souvent là que le mercure grimpe le plus. Parlez-en à Ève Christian, météorologue d’ICI Première, qui cite régulièrement le temps qu’il y fait.

Bien beau tout ça, mais sauriez-vous trouver le village sans l’aide de votre GPS ? Un indice : après Salaberry-de-Valleyfield, suivez le fleuve le long de la route 132. Quinze minutes avant de franchir la frontière américaine, vous y êtes.

La petite municipalité (2786 résidants permanents et probablement six ou sept fois plus en été en raison des villégiateurs) est charmante. Plusieurs maisons anciennes ont résisté au temps. Tellement que la Société historique de Saint-Anicet les a répertoriées et en a rédigé un descriptif. L’église est particulièrement impressionnante. Elle compte des œuvres d’art qui ont été soigneusement préservées. Autour, un parc en bordure du lac vient d’être aménagé et reçoit, l’été, des musiciens comme Alexandre Da Costa.

Le quai fédéral attire les amateurs de pêche et de couchers de soleil. Il y a des activités typiques comme le Festival du maïs, un carnaval d’hiver et des marchés d’artisans. La région est riche en terres agricoles et en champs à perte de vue. Et un resto local propose des crêpes à se rouler par terre.

Plusieurs transformations

C’est tout ça, le lac et la maison elle-même, qui a convaincu Daryl Ness de s’installer au village.

Évidemment, la maison a multiplié les remodelages au fil du temps. Le plus récent est sans doute celui des propriétaires précédents qui ont vendu la maison à Daryl Ness. « Ils l’avaient rénovée et meublée avec des pièces d’époque de haute qualité et... ils nous ont tout laissé. » Et quand on dit tout... « Les meubles, les lampes, les tables, les toiles au mur, la vaisselle, les édredons, tout, tout, tout, se rappelle Daryl Ness. Le propriétaire, un homme d’à peu près ma taille, m’a même fait don de ses vêtements ! »

Daryl Ness, de son côté, a continué le travail de ses prédécesseurs, histoire de faire honneur à la maison. « On a ajouté des boiseries dans chaque pièce, on en avait pour deux camions remplis jusqu’au bord. On a arraché les tapis et le papier peint, on a repeint les armoires de la cuisine, on a remplacé les planchers abîmés, etc. » Du gros travail qui a pris plusieurs mois.

Pourquoi vendre ? Parce que la famille veut voyager. « On veut partir avec les enfants pendant quelques mois, voire un an. C’est important pour nous qu’ils puissent vivre ailleurs pour apprendre. » Et revenir dans la région la tête pleine de souvenirs.

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