Noah Boucher-Dubuc n'a peut-être que 12 ans, mais beaucoup de coeur au ventre et l'envie de faire les choses différemment. Pour la deuxième année, il réalisera des aménagements comestibles pour des commerces de Saint-Lambert, et il vient d'ajouter parmi ses clients une résidence pour personnes âgées.

Pourquoi des bacs de légumes plutôt que des bacs de fleurs? «Parce que c'est aussi beau que des fleurs, répond-il. Et que c'est aussi utile que beau.»

Le jeune garçon, qui est sur le point de terminer sa 6e année, a commencé à faire ses aménagements l'été dernier. C'est son père qui l'a encouragé à se trouver un projet d'entreprise. Et c'est aussi lui qui lui a montré comment faire: le jardinage, c'est une affaire de famille chez les Boucher-Dubuc, qui font de l'agriculture en pot depuis plusieurs années déjà.

L'an dernier, Noah est donc venu présenter son projet de bacs comestibles au propriétaire du café Alimentari Sud, Wesner Charles. Il a ensuite été recruté par le restaurant Les frères sushi, situé pas très loin. Comment choisit-il ce qu'il met dans ses bacs?

«Je cherche ce qui est beau, répond Noah. Ce qui pousse certains mois aussi, pour faire trois cultures différentes et que ça dure tout l'été.»

«Je choisis selon les caractéristiques, la température, la beauté et la couleur.»

Dans les bacs de Noah, on trouve donc autant du chou frisé (kale) que des tomates, du cari ou de la bette à carde. «Ça dépend de l'espace aussi. C'est certain que je ne mettrai pas des courgettes, qui prennent beaucoup de place, dans des petits bacs.»

Pour la manière de travailler, Noah lit beaucoup et s'informe en compagnie de son père. Les ouvrages du «jardinier-maraîcher» Jean-Martin Fortier, de la ferme des Quatre-Temps, sont une grande inspiration. «Il y a une transmission du savoir aussi, explique la mère de Noah, Jacinthe Dubuc. On jardine beaucoup à la maison, alors il y a un petit bagage qu'on partage.» 

Liberté

Noah rigole quand on avance que d'une certaine manière, il a «engagé» ses parents. Son père fabrique les bacs - avec l'assistance de son fils, qui aime travailler de ses mains -, ses deux parents l'aident aussi au transport. Il y a deux semaines, ils sont même partis aux États-Unis pour acheter des pots en géotextile, qu'il vend sur sa page Facebook Urba Noah pour financer ses activités.

Jacinthe Dubuc admet que le projet de Noah est un peu celui de toute la famille. «Mais s'il le refait cette année, c'est parce que ça lui tente. S'il arrête, on arrête.» Et si tout le monde donne un coup de main, c'est lui qui prend toutes les décisions. «J'ai le plus de liberté possible», dit Noah.

Photo fournie par Noah Boucher-Dubuc

Noah devant un de ses aménagements

En effet, il est le grand responsable de ses aménagements et de leur entretien. Quels sont les trucs pour quelqu'un qui voudrait en faire à la maison?

«Il faut bien arroser, enlever les mauvaises herbes, avoir de la bonne terre. L'entretien, c'est tous les deux jours, alors il ne faut pas se décourager.»

«Il faut être travailleur et avoir de l'assiduité», dit sa maman, qui déconseille l'aménagement comestible si vous avez prévu de vous absenter de la maison pendant plusieurs semaines cet été. «Oui, il faut de la persévérance», complète Noah.

D'autant plus que cette année, il fait pousser dans une serre des dizaines de plants qui, lorsqu'il fera beau, iront ensuite dans sa cour, chez les deux mêmes commerces que l'an dernier ainsi que devant une résidence pour personnes âgées, où il devra aménager pas moins de huit bacs. C'est d'ailleurs là, au cinquième étage de l'édifice, qu'il a aménagé sa serre. Quand on lui demande combien il a de plants, il n'ose pas avancer de chiffre. «En ce moment, j'ai entre 60 et 100 plants de tomates, en plus du reste», dit-il. 

Noah ne cherche pas d'autres clients pour l'instant, ni à travailler pour des particuliers. «Ce n'est pas l'objectif, dit sa maman. Ce n'est pas un adulte! La charge de travail doit demeurer raisonnable. Il faut qu'il s'amuse, que ce soit à la mesure de son âge et que ça reste intéressant pour lui. Déjà, bien faire ce qu'il a à faire, c'est suffisant.»

Noah est d'accord. «C'est plus un loisir, ce n'est pas une obligation», dit le garçon, qui ne rêve pas nécessairement de devenir horticulteur. «Mais j'aurai un jardin chez moi plus tard, c'est certain.»

Pour le patron du café Alimentari Sud, Wesner Charles, ce n'est pas tant ce que Noah fera plus tard qui compte, mais ce qu'il fait aujourd'hui. «C'est le mode de vie sain et santé qu'il transmet. Plus tard, il va trouver sa place, c'est certain, mais c'est le bienfait qu'il apporte à la société maintenant qui fait qu'il est déjà un modèle.»

Photo fournie par Noah Boucher-Dubuc

Un ingénieux bac étagé