Les galets d'ardoise sont de plus en plus utilisés dans les aménagements paysagers. Dans certains cas, ils sont préférés aux paillis de cèdre, régulièrement montrés du doigt comme source d'incendies à la suite de la négligence de fumeurs.

Chaque année, les services de sécurité incendie de diverses municipalités appellent à la prudence. Le problème? Des mégots de cigarette jetés dans les platebandes risquent d'allumer des brasiers et d'entraîner la destruction de maisons. Cela a notamment été le cas le mois dernier à Mercier.

«Le paillis de cèdre est constitué de bois fin, sec, coupé en petits morceaux, indique Louise Desrosiers, chef de section à la division de la prévention du Service de sécurité incendie de Montréal. Lorsqu'on ajoute une source de chaleur, que ce soit un mégot de cigarette ou les cendres du barbecue, et du vent, toutes les conditions sont réunies pour allumer un feu.»

Les mégots écrasés dans les pots à fleurs représentent un danger tout aussi grand, souligne-t-elle. Contrairement à ce que plusieurs croient, les platebandes et les bacs à fleurs ne s'avèrent pas de bons cendriers, car la terre utilisée est souvent enrichie d'engrais pour favoriser la croissance des végétaux.

«Cela peut prendre trois ou quatre heures avant qu'apparaissent les premières flammes, précise-t-elle. L'incendie peut se propager à l'intérieur quand tout le monde dort. Aussi est-ce important d'avoir un avertisseur de fumée fonctionnel à chaque étage.»

Galets d'ardoise

Lorsqu'il a vu les mégots de cigarettes sous les balcons de l'immeuble de logements dont il allait faire l'aménagement paysager, à Montréal, l'artisan paysagiste Alex Néron a proposé de mettre des galets d'ardoise à cet endroit.

«C'est joli, souligne-t-il. Et cela élimine tout risque de passer au feu [à cause du paillis].»

Cela tombait bien: sa cliente désirait un jardin zen à l'avant de sa propriété. Il a aussi mis des galets d'ardoise devant la rangée d'arbustes, qui longe le trottoir et l'allée menant à la porte d'entrée. Ils contrastent avec les petites pierres de rivière et les pierres de rocaille, au coeur de l'aménagement.

«Je mets des galets d'ardoise dans différents contextes. Ils sont très beaux dans des jardins d'eau, autour de dalles également en ardoise et dans des platebandes, seuls ou avec du paillis végétal.», affirme Alex Néron, artisan paysagiste.

Le paillis est habituellement utilisé pour conserver l'humidité du sol et faire bel effet, explique-t-il. Les galets d'ardoise permettent d'atteindre ces deux objectifs.

PHOTO FOURNIE PAR ALEX NÉRON ARTISAN PAYSAGISTE

Les galets d’ardoise font ressortir tous les végétaux devant cette propriété, à Lachine. D’un gris métallique, ils entrent en contraste avec le gazon, les arbustes et les fleurs.

Les galets d'ardoise gagneraient à être davantage connus, estime Pierre Jasmin, propriétaire de la Pépinière Jasmin, située dans l'arrondissement de Saint-Laurent. Il offre ceux de L'Ardoisière, fabriqués à Prévost.

«C'est un beau produit pour les platebandes, qui ne se dégrade pas et restera beau longtemps, explique-t-il. Il est plus cher à l'achat que le paillis de cèdre, mais il est durable. Il donne, par ailleurs, une finition de style plus moderne.»

Ces galets peuvent être utilisés sans crainte dans les sentiers, parce que leurs coins sont arrondis. «On peut marcher dessus sans se faire mal», assure-t-il.

Les galets de L'Ardoisière attirent l'attention depuis leur lancement en octobre 2014, indique Jean-Luc Lemaire, responsable du développement de marché au sein de l'entreprise, qui exploite sa propre carrière dans la région d'Halifax, en Nouvelle-Écosse. La production des galets, en trois formats, lui permet de récupérer 96 % de ses résidus.

Les galets d'ardoise sont intéressants dans les zones ombragées, où rien ne pousse sauf des mauvaises herbes, souligne Luigi Persechino, copropriétaire de Paysagiste Roche, qui y a de plus en plus recours. L'architecte paysagiste Marie Garat, qui travaille dans son entreprise, les trouve quant à elle plus tendance que le galet de rivière.

«J'aime leurs reflets, qui changent en fonction de la luminosité, explique-t-elle. Dans les pas japonais, qui mènent par exemple de la piscine au cabanon, ils font ressortir les dalles. Ils sont aussi plus confortables que les galets de rivière, qui roulent sous les pieds. Ils donnent, par ailleurs, d'autres possibilités pour mettre en valeur les platebandes. Placés à l'avant des végétaux, mais pas entre eux, leur gris profond, assez sombre, contraste avec le vert.»