Il est rare qu'un arbuste réellement nouveau arrive dans nos régions. De nouveaux hybrides, oui, mais un arbuste jamais vu auparavant? Presque jamais! Mais voilà que c'est fait, car l'heptacodium de Chine, soit Heptacodium miconioides (certaines pépinières utilisent le nom erroné H. jasminoides) est désormais offert dans notre région.

Cet arbuste chinois a été découvert et nommé il y a environ 200 ans pour disparaître ensuite jusqu'en 1980, quand un botaniste chinois l'a retrouvé à l'état sauvage. Transféré à l'Arnold Arboretum de Boston en 1990, il a commencé à être distribué à travers l'Amérique du Nord.

On le trouve dans les pépinières du Québec depuis quatre ou cinq ans. Si je n'en parle que maintenant, c'est qu'il m'a fallu du temps pour analyser son comportement dans notre région. En effet, au début, on lui donnait une zone de rusticité de 6, ce qui est peu prometteur. Puis une zone 5, puis une timide zone 4. Je peux désormais vous assurer que l'heptacodium pousse très bien chez moi (zone 4a) depuis 10 ans. Même l'hiver dernier, désastreux pour tant d'arbustes et arbres, n'a fait que des dommages légers (deux branches tuées) sur mon heptacodium le plus protégé (dans un creux où la neige s'accumule).

Curieusement, le spécimen que j'ai planté en plein vent a passé cet hiver-test sans broncher. On peut donc dire que, oui, l'heptacodium est solidement rustique.

Unique en son genre

L'heptacodium de Chine est monotypique : le genre ne compte qu'une seule espèce, H. miconiodes. Heptacodium veut dire «à sept têtes», car l'inflorescence est ramifiée sept fois. Calquant le nom chinois, les Anglais l'ont appelé seven sons flower : quelque chose comme «fleur à sept fils».

C'est un grand arbuste, voire un petit arbre : jusqu'à 7,5 m de hauteur en Chine. J'avais pensé que chez nous, vu le climat plus sévère, il serait resté plus arbustif, mais les miens ont déjà plus de 3 m de hauteur et montrent tous les signes de vouloir grandir davantage. Je sens que, sans taille, ils deviendront justement de petits arbres... éventuellement. Si vous taillez les branches les plus hautes, un peu comme on fait pour le lilas, il devrait être facile de le maintenir à environ 3 m de hauteur par 2 ou 3 de diamètre.

Traits

Le trait le plus saisissant de l'heptacodium est sa floraison tardive : à la mi-septembre, il se couvre de petites fleurs blanches qui sentent le jasmin. En théorie, les fleurs fanées cèdent la place à des bractées rouges... mais pas sous notre climat. En effet, les bractées n'ont pas le temps de rougir après la floraison : le gel vient trop rapidement. Mais on lui pardonne ce manquement, car peu d'arbustes fleurissent en septembre... et les fleurs sont si parfumées!

Le port est plutôt érigé au début, un peu évasé avec le temps. Certains marchands le vendent maintenant sous forme de petit arbre. Le feuillage arqué est très original - il n'y a aucune autre plante de climat froid similaire - et donne une allure tropicale à la plante. Le feuillage tombe tard à l'automne sans changement de couleur. L'écorce brun-beige est peu impressionnante chez les jeunes spécimens, mais s'exfolie très joliment quand l'arbuste prend de l'âge.

Une culture simple

L'heptacodium s'adapte à la plupart des sols bien drainés et plutôt acides qu'alcalins dans les emplacements ensoleillés. Il semble toutefois plus heureux dans un sol riche et également humide, même si les plants bien établis tolèrent la sécheresse. La taille, si nécessaire, se fait au printemps.

Où le trouver?

Pour une plante inconnue il y a cinq ans, l'heptacodium a fait du chemin et est disponible dans toutes les bonnes pépinières. Si vous n'en trouvez pas actuellement, demandez-le : on pourra sûrement vous l'obtenir pour une plantation au printemps prochain.