Les gaillardes nous en mettent plein la vue durant tout l'été. À vrai dire, elles sont si florifères qu'on se demande parfois d'où leur vient toute cette énergie. Le hic, c'est qu'on s'attend à que le spectacle recommence année après année. Un souhait bien légitime quand l'étiquette apposée sur le pot indique qu'il s'agit de vivaces rustiques en zone 4 ou 5, parfois même en milieu encore plus froid.

Hélas! Que d'espoirs déçus, cette fois avec la complicité de toute l'industrie horticole, jardineries, pépinières, producteurs et firmes de marketing qui les mettent en marché. Je parle surtout des nouveaux cultivars apparus ces dernières années, des plantes très populaires comme «Fanfare» ou encore, ma préférée, «Orange and Lemon», un bijou. En dépit de mes nombreuses tentatives, l'une et l'autre n'ont jamais survécu à l'hiver. Et on peut présumer que c'est le même sort qui attend deux nouveautés 2009, deux proches cousines de «Fanfare» si on se fie à leurs jolis pétales recourbés: «Tizzy» aux pétales rouges foncé et «Frenzy» dont les pétales rougeâtres se terminent par une touche de jaune.

 

Ces nouvelles venues ont connu beaucoup de succès cet été. Et pour cause. Chaque plant donne des dizaines de fleurs et si on prend soin d'éliminer celles qui sont fanées, la floraison devrait se poursuivre jusqu'à la fin septembre. Qu'arrivera-t-il au printemps prochain? Il faudra probablement en faire votre deuil.

Le problème, c'est que ces plantes dépensent tellement d'énergie à produire des fleurs qu'elles sont trop faibles pour passer l'hiver. Certains conseillent de les raser vers la fin d'août ou de septembre afin qu'émerge un nouveau feuillage permettant justement d'accumuler des réserves dans le système racinaire pour le printemps suivant. Mais qui a le courage de raser une plante couverte de fleurs et ainsi se priver de quelques semaines de floraison au cours d'une saison de jardinage toujours trop courte.

Le problème, c'est que ces plantes sont des vivaces éphémères et que sous nos climats elles se comportent comme des annuelles. Je connais au moins un producteur qui a décidé de classer ces nouvelles gaillardes comme annuelles. D'ailleurs un étiquetage honnête devrait mentionner à tout le moins qu'il s'agit d'une vivace de courte durée. Sinon, c'est de la fausse représentation. Même situation en ce qui concerne plusieurs coréopsis. Ils se vendent encore sous l'étiquette vivace de zone 4 ou 5. Pourtant «Limerock Ruby» «Autumn Blush» «American Dream», pour ne nommer que ceux-là, succombent habituellement à nos hivers.

Mais demander 12 ou 15$ pour un plant d'annuelle n'est-il pas exorbitant direz-vous?

Les nouvelles gaillardes sont des produits de laboratoire vendues en boutures aux producteurs. Elles coûtent cher à produire et sont sujettes à des royautés, ce qui explique les prix de détail élevés. Il faut admettre par ailleurs que si on dépense une quarantaine ou une cinquantaine de dollars pour obtenir un coin de platebande qui sera en fleur durant au moins 10 à 12 semaines, parfois plus, l'investissement en vaut la peine.

Les pépiniéristes et jardineries doivent cependant avoir l'honnêteté de nous dire que dans des conditions normales, la plante ne survivra pas à l'hiver. Au Québec, on appelle ça une annuelle.