Je l'avais complètement oublié dans un coin de la platebande. Il faut dire que si la floraison des iris est habituellement spectaculaire, il est plutôt rare que leur feuillage se fasse remarquer, si on fait exception, bien entendu, des espèces panachées.

C'est donc au cours des derniers jours de juin que mon iris délaissé a commencé à se manifester. J'en suis encore remué. De grands pétales d'un bleu foncé, presque noir, traversés par une ligne jaune vif. Une splendeur. Je n'avais jamais rien vu de tel. Peu de ressemblance avec les iris japonais qui fleurissent à la même période. Heureusement, l'étiquette était encore lisible: Iris louisiana «Black Gamecock».

 

J'ai réalisé par la suite que cet iris avait été classé parmi les plantes primées lors du dernier Rendez-vous horticole du Jardin botanique de Montréal, un spécimen présenté par la maison Iris d'eau (www.irisdeau.com), une pépinière spécialisée dans les plantes aquatiques installée depuis une dizaine d'années à Nicolet. Cet iris de Louisiane a donc résisté à l'hiver sans problème. Étonnant?

«Selon les informations que nous avions à l'époque, cet iris était considéré comme peu rustique sous notre climat. Or, au cours d'un automne, nous en avions oublié plusieurs dans nos bassins qui ne contiennent guère plus de 20 cm d'eau. Ils ont gelé de bord en bord, comme on dit. Mais l'été suivant ils étaient en pleine forme et ont fleuri de nouveau», raconte la propriétaire d'Iris d'eau, Nathalie Houde.

Originaire du sud des États-Unis (Louisiane, Texas, Géorgie, Caroline-du-Sud), Iris louisiana est une plante à rhizome qui a produit quelques cultivars théoriquement rustiques en zone 4. Leurs fleurs sont exceptionnelles. Ils poussent rapidement, ne sont pas touchés par la maladie et seraient négligés par les insectes et le ver de l'iris. Il est conseillé de les diviser aux deux ou trois ans pour assurer une floraison abondante.

Mais l'iris a aussi une double personnalité, explique Mme Houle. Un peu comme l'iris pseudacorus, il est considéré à la fois comme une espèce semi-aquatique qui pousse très bien au bord d'un étang ou dans un bassin d'eau (même sur un balcon), et comme une plante qui donne d'excellents résultats en platebande. Par contre, lorsqu'il pousse dans l'eau, à 15 ou 20 cm de profondeur, il peut fleurir sans interruption durant six semaines, de la fin du mois de mai jusqu'en juillet. Par ailleurs, précise-t-elle, en platebande, il demeure en fleurs durant trois semaines environ, ce qui a été le cas chez moi.

Humidité et bonheur

L'iris de Louisiane apprécie une position ensoleillée mais peut se contenter de la mi-ombre. Plus le sol est humide, plus il est heureux. Dans mon jardin, «Black Gamecock» pousse dans un endroit mi-ombragé dans un sol riche qui retient l'humidité mais sans plus, en compagnie de plusieurs lis. L'endroit est arrosé de temps à autre, en période de canicule.

Et maintenant, pour parodier Guy A. Lepage, la question qui tue: où acheter cette petite merveille? La maison Iris d'eau est un grossiste qui vend au détail sur place. Elle ne vend que le «Black Gamecock», qui serait le plus rustique du groupe. La pépinière pourrait aussi vous indiquer quels sont les clients qui en ont acheté.

Par ailleurs, les Jardins Michel Corbeil, à Saint-Eustache (www.jardinsmichelcorbeil.com) et les Jardins Orsiris (www.lesjardinsosiris.com), à Saint-Thomas-de-Joliette, offrent aussi les cultivars «Anne Chowing» rouge et jaune. Pour ma part, j'ai acheté mon plant à la Jardinière du Nord, à Saint-Félix-de-Valois. La pépinière François Lemay, un grossiste, offrait cette année l'hybride «Jack Attack» de couleur pourpre mais tout a été vendu aux détaillants. Le catalogue postal Breck's (www.brecksbulbs.ca) en compte trois cultivars, donc le magnifique «Spicy Cajun», mais les livraisons n'ont lieu qu'au printemps. Il va sans dire que plusieurs autres centres de jardinage doivent aussi offrir cette plante.

Des clématites sur le balcon... même en hiver

Certaines clématites sont extrêmement rustiques, m'a gentiment rappelé récemment André Poliquin à la suite de la chronique sur la belle «Joséphine». À vrai dire, certaines espèces et hybrides ont la couenne dure au point de pouvoir passer tout l'hiver en pot, sur un balcon, sans aucune protection hivernale. Habituellement, les plantes en pot doivent être enterrées durant la saison froide pour éviter que le gel ne leur soit fatal.

M. Poliquin est un horticulteur polyvalent. Spécialiste des roses - il a été président de la Société des roses du Québec durant des années -, il dirige toujours les destinées des Orchidophiles de Montréal. Auteur du volume Clématites pour le Québec et l'est du Canada (éd. Trécarré, 1995), il voue une grande passion à cette plante et certains de ses spécimens sont cultivés en pot depuis 20 ans.

«Les plantes passent tout simplement l'hiver sur l'asphalte de la cour, explique-t-il. Aucune protection hivernale, si ce n'est la neige qui tombe naturellement. Et elles résistent à merveille. Même situation sur un balcon. Seule précaution: placer le pot sur le côté pour éviter que l'eau ne s'accumule au niveau des racines.»

Il conseille d'utiliser un pot de plastique (plus joli, le grès est toutefois perméable et craque sous l'effet du gel) d'une cinquantaine de centimètres de diamètre (20 pouces) dans un terreau riche qu'il faudra fertiliser de temps à autre avec en engrais balancé, comme le 20-20-20, ou encore un fertilisant granulaire à dégagement lent (7-7-7) du genre Osmocote. Rappelons que les clématites sont des plantes très gourmandes.

Pour la plantation en bac ou en pot, André Poliquin conseille tous les cultivars de Clematis viticella aux coloris variés, des plantes qui produisent de petites fleurs mais à profusion, parfois plus de 500 ou 600. «Étoile Violette» est du groupe. La floraison débute vers la fin du mois de juin et peut durer de six à huit semaines. La populaire Clematis tangutica aux petites fleurs jaunes et ses cultivars ont aussi la «couenne» particulièrement résistante. Sa floraison est habituellement prévue à la mi-juin et s'étale sur cinq semaines. Et elle fleurit souvent de nouveau en septembre. Les fruits duveteux sont fort jolis en plus de persister une grande partie de l'hiver sur le plant. Peu connue, Clematis heracleifolia n'est pas vraiment grimpante comme ses consoeurs et il lui faut un tuteur pour culminer à un mètre de hauteur. Ses fleurs, qui apparaissent à la mi-juillet pour une durée de cinq semaines, sont inusitées, bleu et blanc, comme givrées, réunies en petits bouquets. Les fleurs mâles diffèrent sensiblement des fleurs femelles par leurs étamines bien en évidence.

Clematis recta est aussi de celles qui peuvent être cultivées en pot. Elle fleurit à partir de la mi-juin durant six semaines et si vous avez pris soin d'éliminer les fleurs mortes, vous aurez droit à une deuxième floraison en septembre. Ses fleurs sont blanches et dégagent un léger parfum. Sa taille ne dépasse guère un mètre. Ce qui n'est pas le cas de la clématite «Niobe» aux fleurs très grandes, rouge très foncé, presque pourpres, qui dépasse facilement les deux mètres. Sa période de floraison correspond à celle de l'espèce E. viticella.

Les clématites préfèrent le soleil mais certaines vont fleurir assez abondamment à l'ombre légère. Sous nos climats, la plupart des clématites peuvent être taillées au printemps, soit en les rasant ou en laissant 30 cm de tige au sol, la partie aérienne de la plante ayant gelé au cours de l'hiver. Les cultivars de C. viticella peuvent être rasés à l'automne.

Le tour du jardin

Un été mycologique

L'été pluvieux ne fait pas que des malheureux. Les amateurs de champignons sauvages sont comblés. Les chanterelles, notamment, abondent. Deux sorties en fin de semaine dernière m'ont permis de découvrir dans deux habitats différents des dizaines d'espèces, de quoi passer des heures dans des bouquins pour identifier formellement les plus intéressantes, du moins d'un point de vue gastronomique. Découverte donc d'une foule de bolets, de chanterelles dont l'excellente fausse corne d'abondance (souvent appelée à tort trompette des morts), de russules à pied court parasitées (dermatose des russules) et de plusieurs amanites, notamment l'amanite rougissante et l'amanite de Jackson, le plus beau de nos champignons, malheureusement plus joli que bon. Cette prolifération devrait d'ailleurs inciter les amateurs à la plus grande prudence. Belle occasion aussi pour devenir membre d'une société de mycologie comme le Cercle des mycologues de Montréal (www.mycomontreal.qc.ca) qui organise des excursions tous les samedis du mois d'août. Son site internet vous permettra aussi d'entrer en contact avec le groupe de mycologues de votre région.

Les 30 ans du Grand-Portage

Les jardins biologiques du Grand-Portage fêtent leur 30e anniversaire cette saison. Les proprios Yves Gagnon et Diane Mackay soulignent l'occasion en organisant les samedis d'août des soirées Jazz et Jardin, qui comprennent une visite du domaine et une table jardinière. Les aménagements des plantes potagères sont uniques au Québec. Renseignements: www.intermonde.net/colloidales.