Chaque année en mai, la fièvre verte devient épidémie. Notre chroniqueur horticole Pierre Gingras vous offre ce bouquet composé de quelques-unes de ses plantes préférées. Que ce soit pour leurs fleurs, leurs parfums, le coloris de leur feuillage ou leur allure inusitée, elles occupent toujours une place de choix dans son jardin. Et puis, s’il réussit à les faire pousser dans ses platebandes, pas de doute qu’elles vont se plaire aussi chez vous.

Chaque année en mai, la fièvre verte devient épidémie. Notre chroniqueur horticole Pierre Gingras vous offre ce bouquet composé de quelques-unes de ses plantes préférées. Que ce soit pour leurs fleurs, leurs parfums, le coloris de leur feuillage ou leur allure inusitée, elles occupent toujours une place de choix dans son jardin. Et puis, s’il réussit à les faire pousser dans ses platebandes, pas de doute qu’elles vont se plaire aussi chez vous.

 LES VIVACES

Le platycodon à fleur double

Difficile de dire pourquoi les platycodons sont encore méconnus. Peut-être parce qu’ils fleurissent tardivement, en juillet, si bien qu’il est rarement possible de les acheter en fleurs comme c’est le cas des espèces offertes en mai dans les centres de jardin, de loin les plus vendues. Voilà d’ailleurs le sort d’une foule de plantes à floraison tardive. Cette vivace de la famille des campanules a aussi la mauvaise habitude d’émerger du sol seulement vers la mi-mai, parfois plus tard. Comme la mémoire est faillible, il est préférable d’installer un tuteur à l’endroit où elle disparaît au cours de l’automne. Vous serez donc plus patient le printemps venu et éviterez ainsi de remplacer brutalement la belle qui s’apprêtait à vous faire son premier sourire de la saison.

 Rustiques en zone 3, les platycodons nous donnent des grosses fleurs (4 cm de diamètre) en forme de campanule, de couleur rose, blanche ou bleue selon les cultivars. Les variétés à fleurs doubles, mes préférées, sont de véritables bijoux. Il s’agit notamment de « Double Bleu » ou encore de « Hacone Double Bleu ». Même s’ils sont offerts par un important grossiste de Charlevoix, ils sont malheureusement plutôt difficiles à trouver. Le cultivar « Hakone Double White » aux fleurs doubles et blanches, lui aussi une beauté, reste encore plus rare. Il est offert seulement par deux ou trois détaillants de la région de Montréal, dont la Ferme florale à Saint-Bruno et la Pépinière Jasmin, à Saint-Laurent. Par contre, il existe un autre cultivar, « Komachi », qui donne quant à lui des fleurs en forme de ballon très originales. Les platycodons se contentent d’un sol ordinaire et d’une position ensoleillée.

 Les pigamonsPour leur feuillage délicat et leurs fleurs blanches, jaunes ou bleues, minuscules, gracieuses, habituellement très nombreuses. Thalictrum flavum donne des fleurs jaunes et le très diaphane T. rochebrunianum fleurit en juillet. Hauteur : 1,5 m.

 Les anémones Elles fleurissent très tôt au printemps ou encore en fin d’été. Mes préférées : les anémones japonaises, dont Pamina, Anemone sylvestris « Macrantha », A. rivularis. Si vous découvrez ma favorite, A. ranunculoïdes, petite, jaune, printanière, de grâce, faites-moi signe pour que j’indique aux lecteurs où en acheter. Attention : évitez à tout prix l’anémone du Canada, extrêmement envahissante.

 Les hélénies

Pour leur floraison tardive (août) d’ocre, de jaune et d’orange. « Mardi Gras » fleurit beaucoup plus tôt et il est prolifique.

Les ketmies de marais ou hibiscus vivaces

 Pour leur rusticité en zone 5. Fleurs spectaculaires de 20 cm de diamètre en août. Faciles à cultiver, mais elles émergent du sol tardivement au printemps.

Les cimicifuga

 Pour leur feuillage très foncé, souvent presque pourpre et surtout pour leur long épi floral très parfumé vers la fin d’août. Mi-ombre, de 90 cm à 2 m selon les variétés.

 Le dicentra « Burning Heart »

Le seul coeur saignant au feuillage jaune et qui conserve son magnifique coloris tout l’été. Hauteur 80 cm.

 

LES ARBUSTES

 Le Berbéris « Rose Glow »

 Cette épine-vinette est l’un des arbustes les plus spectaculaires qui soient en raison du coloris exceptionnel de son feuillage. Ses petites feuilles pourpres et rose pâle deviennent rouge vif l’automne. Elle atteint 1,5 m et produit de jolis mais minuscules fruits rouges luisants qui persistent tout l’hiver sur les branches. Rustique en zone 4, il est conseillé de l’arroser régulièrement au cours de son premier été. On compte aussi plusieurs autres variétés de berbéris dont l’une à feuillage jaune qui devient orangée l’automne, comme « Golden Carousel ».

 Le vinaigrier « Tiger Eyes »

 Je reste aussi très attaché au vinaigrier « Tiger Eyes », qui m’avait pourtant déçu en raison de son caractère envahissant, un trait de personnalité que je contrôle aujourd’hui rigoureusement. Son magnifique feuillage jaune passe à l’orange l’automne, un feu d’artifice au milieu du terrain. Il ne dépasse pas 2 m. Comme les berbéris, « Tiger Eyes » n’exige aucun entretien particulier.

 

Les azalées rustiques

 Notamment deux variétés de la série Lights : le « Mandarin Lights » pour ses fleurs orange très foncé, mais surtout le « Golden Lights » pour son coloris doré et son parfum sublime. Mi-ombre, zone 4, sol légèrement acide retenant l’humidité. De 1,5 à 2 m de hauteur.

 Le microbiota 

 Un conifère rampant qui atteint autour de 2 m de diamètre et guère plus de 40 cm de hauteur. Le parfait couvre-sol. Rustique en zone 2. Son feuillage devient rougeâtre en fin d’automne. Plein soleil.

 Les hortensias

 Surtout les nouvelles variétés de la lignée « Endless Summer ». D’ailleurs, de façon générale, les hortensias sont beaucoup plus rustiques qu’on ne le croit. Et si leurs branches gèlent l’hiver, bon nombre vont fleurir quand même au cours de l’été. Zone 4.

 

LES INDIGÈNES

 Le lis du Canada

 Avec ses petites fleurs délicates en forme de clochettes jaunes ou dorées, toutes parsemées de picots noirs, le lis du Canada est l’une de nos plus belles plantes indigènes. Produit aujourd’hui à partir de semis et en vente presque partout, il peut pousser en position mi-ombragée mais préfère un sol riche qui retient l’humidité. Malheureusement, les criocères l’apprécient également. Hauteur 1,5 m, zone 3.

 La sanguinaire du Canada 

 Pour sa fleur blanche, éphémère, extrêmement hâtive (fin avril) et ses feuilles très décoratives, mais surtout sa petite cousine, le cultivar « Multiplex ». Une splendeur à fleur double, éphémère elle aussi, malheureusement difficile à trouver et coûteuse, souvent autour de 20 $ du bulbe ou du plant. Hauteur : 15 à 30 cm, mi-ombre, sol riche, zone 4.

 Les trilles 

 Le blanc (T.grandiflorum), le rouge (T.erectum) , produits à partir de semis. Mi-ombre, sol riche, zone 3. Ne pas oublier le cousin, Trillium luteum, aux fleurs jaunes dressées, beaucoup plus rare, mais vendu sous forme de bulbes au printemps. Sa floraison dure trois semaines. Zone 4.

 

LES BULBES D’ÉTÉ

 Une reine à la couenne dure

 Vendue au printemps au rayon des bulbes, Triteleia laxa « Queen Fabiola » est encore considérée comme un bulbe tendre, rustique en zone plutôt chaude (7 et plus), qu’il faut entreposer à l’intérieur au cours de l’automne. Or il n’en est rien. La reine Fabiola a plutôt la couenne dure. Elle pousse chez moi depuis des années sans aucune protection, à 50 cm d’un muret exposé aux froids sibériens d’hiver. La floraison de « Queen Fabiola » dure trois semaines, en juillet, et ses fleurs en forme d’entonnoir sont d’un bleu tendre au coeur légèrement plus pâle. La hampe florale très délicate, comme les feuilles d’ailleurs, atteint autour de 30 à 40 cm et compte plusieurs fleurs. Parfois vendu sous le nom de Brodiaea laxa, son ancienne appellation, « Queen Fabiola » est rustique en zone 5, et probablement en zone 3 en raison de la couverture de neige.

 Les crocosmia 

 Pour leurs fleurs abondantes, rouges, orangées ou jaunes, qui rappellent celles du freesia, l’odeur en moins, un bulbe tendre qu’il est souvent préférable d’entreposer à l’intérieur durant l’hiver. Le populaire cultivar « Lucifer » aux fleurs rouges est rustiques en zone 5. Vous pouvez faire l’expérience de laisser quelques bulbes dans le sol qui reviendront peut-être la saison suivante, comme c’est le cas à plusieurs endroits dans mon jardin.

 Les eucomis 

 Pour leur allure étonnante (l’épi floral est surmonté d’une jolie touffe de feuilles), leurs fleurs nombreuses et fruits persistants. Une plante qui conserve sa beauté tout l’été. Bulbe tendre à déterrer en automne. Se multiplie rapidement.

 

LES GRAMINÉES

 L’avoine sauvage

 En français, on la désigne sous son appellation scientifique Chasmanthium latifolium, mais en anglais on utilise plutôt le terme plus joli d’avoine sauvage. D’une hauteur d’environ 1 m, parfois un peu plus, le chasmanthium produit vers la fin juillet de mignons épillets, des fruits tout aussi jolis quand ils sont de vert vêtus ou encore dorés, quand ils ont atteint leur maturité. La plante pousse bien en plein soleil ou encore à la mi-ombre mais dans ce cas, elle prendra moins d’envergure. Elle appréciera un bon arrosage en temps de canicule. En fin de saison, ses tiges dorées conviennent magnifiquement aux bouquets de fleurs séchées. Sol bien drainé, zone 5. Peut se reproduire par semis.

 Les hakonechloa 

 En raison de leur petite taille (40 cm), de leurs feuilles délicates jaunâtres qui enflamment les coins d’ombre. Plusieurs nouveaux cultivars ont été mis en marché ces dernières années. Poussent lentement et ne sont pas envahissants. Zone 4.

 Les miscanthus 

Pour leurs magnifiques plumeaux, à partir de la fin d’août. On en compte plus de 100 cultivars. Mon préféré : Miscanthus sinensis « Variegatus » en raison de son feuillage panaché (il donne rarement de fruits). Hauteur, 1,7 m, zone 5.

 Calamagrostis « Karl Foerster » 

 La graminée sans entretien par excellence. Feuillage doré dès juillet. Très utilisée par les municipalités. Hauteur 1, 5 m, Zone 4.

 LES ANNUELLES

Alysse odorante

 Comme c’est le cas des vivaces, il existe des centaines d’espèces et de variétés d’annuelles sur le marché. Et des dizaines de nouveaux cultivars s’ajoutent chaque année. Mes annuelles préférées sont trop nombreuses pour être énumérées ici. Mais l’une d’entre elles, probablement une des plus communes, a toujours trouvé une place dans mon jardin : l’alysse odorante. De couleurs variées (je préfère néanmoins le blanc qui est plus parfumé), les alyssum, comme on les appelle souvent chez nous, me séduisent avant tout pour leur parfum, particulièrement présent en fin de journée. Pour cette raison, je les plante près de la maison. De petite taille (20 cm), les alysses se vendent partout et sont très faciles d’entretien. Lorsque les plants manifestent un peu de lassitude, il faut les tailler. Le traitement est une véritable fontaine de Jouvence.

 Trachelium caeruleum 

 Annuelle au port très singulier, aux tiges de couleur pourpre surmontée de petits fleurs violettes qui ont parfois l’allure de petits nuages. Floraison à partir de juillet. Souvent difficile à trouver.

 Pennisetum setaceum « Rubrum » 

 Cette graminée annuelle au feuillage et au plumeau de couleur pourpre a toujours sa place au jardin même si les plants sont relativement coûteux (ils sont reproduits par boutures). Panaché de rose, le nouveau cultivar « Fireworks » est encore plus beau. Hauteur: 90 cm.

 L’héliotrope

 Pour son parfum, surtout en fin de journée. La hauteur varie selon les cultivars mais elle dépasse rarement 60 cm. Habituellement de couleur bleue, les variétés blanches sont plus odorantes.

 Sanvitalia 

 Pour sa petite taille (environ 20 cm), sa facilité de culture et ses petites fleurs innombrables, durant tout l’été. Aussi appelée zinnia rampant.

 

LES ARBRES

 Le mélèze

 Le mélèze est un des rares conifères qui perd ses feuilles l’automne. Il pousse aussi très rapidement. Au printemps, il se fait beau même avant l’apparition de ses aiguilles. Les fleurs femelles, aux tons de rouge, celles qui deviendront de futures cocottes, s’ouvrent pour accueillir le pollen des fleurs mâles, beaucoup plus nombreuses, en forme de petits boutons. Ensuite, le feuillage vert tendre s’annonce. Puis l’automne, en octobre, il devient jaune vif avant de tomber. Le mélèze laricin est un arbre indigène au Québec mais il existe aussi de nombreux autres cultivars.

 Depuis quelques années, quelques variétés aux branches tortueuses, très originales, ont fait leur apparition ici, notamment les cultivars greffés par Jean-Pierre Devoyault, de la pépinière Au Jardin de Jean-Pierre, à Sainte-Christine, près d’Acton-Vale. Greffés sur le mélèze laricin pour leur donner plus de rusticité, ces cultivars européens portent le nom de « Diana » dont le fût est droit (hauteur 7 m) et « Hortsmann’s Recurva » plus touffu, plus ou moins globulaire (environ 3 m). Ils sont beaux, je dirais même émouvants surtout dans leur nudité hivernale, en raison de leurs branches tordues. L’automne, ils perdent leurs aiguilles beaucoup plus tardivement que notre mélèze indigène. Leur feuillage devient doré. Comme le mélèze européen qui est aussi disponible chez nous, leurs branches secondaires pendouillent. Les mélèzes se contentent d’un sol ordinaire, même argileux mais d’une position ensoleillée. Côté rusticité, le mélèze laricin pousse jusqu’au nord de la baie d’Ungava. Les cultivars européens sont rustiques en zone 3.

 

L’olivier de Bohème, Elaeagnus angustifolia

 Pour son feuillage argenté, ses grappes de fleurs jaunes, très parfumées, en juin, et ses fruits verdâtres en fin d’été qui attirent d’innombrables oiseaux. Hauteur 6 m, zone 2.

 Le bouleau noir Betula nigra « Heritage » 

 Pour son écorce rougeâtre, très effilochée et sa résistance à l’agrile du bouleau. Il aime l’eau et atteint 15 m de hauteur et 10 m de largeur. Convient à un grand terrain.

 Les poiriers asiatiques « Chojuro » et « Shinseiki » 

 Pour leurs fruits délectables et leur entretien minimal. Planter les deux variétés l’une près de l’autre pour obtenir une meilleure production. Hauteur 4 m, plein soleil, zone 5.

Photo Pierre McCann, La Presse

Le platycodon «Komachi» donne des fleurs en forme de ballon très originales.