À chacun son plaisir. À partir de la fin janvier, une de mes grandes jouissances - j'ai bien dit jouissances -, c'est de feuilleter les catalogues horticoles. Mon remède contre le spleen hivernal.

À chacun son plaisir. À partir de la fin janvier, une de mes grandes jouissances - j'ai bien dit jouissances -, c'est de feuilleter les catalogues horticoles. Mon remède contre le spleen hivernal.

 J'oublie le froid juste à regarder les photos et à imaginer la place qu'occuperont les plantes auxquelles je n'aurai pu résister. Difficile de ne pas céder à la tentation devant l'abondance de choix. On finit toujours par trouver des espèces qu'on ne connaissait pas, comme Paris polyphylla, une plante étrange originaire de l'Asie (Himalaya), proche cousine des trilles, que j'ai découverte récemment dans le catalogue de la maison américaine Heronswood.

 Une fois de plus cette année, les comptoirs postaux nous offrent des dizaines et des dizaines de nouveautés, ce qui démontre que l'industrie demeure très dynamique. Les maisons qui produisent des catalogues disposent aussi de sites internet où l'on peut faire des achats en ligne mais, curieusement, dans nombre de cas, la liste électronique est moins complète que la version papier. Signalons aussi que le site de la jardinière Manon Collard (www.jardinpotager.com) présente aussi une liste (et presque autant de liens) d'environ 150 adresses électroniques d'entreprises de vente postale, ce qui vous permettra aussi d'obtenir les catalogues (version papier), si le coeur vous en dit.

Il est toujours bon de rappeler par ailleurs que les nouveautés se vendent rapidement. Si on peut acheter des semences qui viennent d'un peu partout dans le monde, la majorité des compagnies des firmes étrangères, incluant celles des États-Unis, refusent de vendre des produits vivants aux Canada (bulbes, tubercules, rhizomes, plantes en pot ou racines nues, etc.) en raison de la paperasse à remplir pour l'obtention des certificats phytosanitaires. Évidemment, cette règle ne s'applique pas en territoire canadien.

 Autre considération importante: les plantes achetées par catalogue sont habituellement de petite taille, une caractéristique qu'il faut avoir à l'esprit quand il s'agit d'un arbuste. Un plant de 15 cm mettra évidemment plus de temps à prendre de l'ampleur qu'un autre six ou sept fois plus grand acheté en pépinière. Par contre, le catalogue permet de compléter son jardin sans consacrer des heures au magasinage ou parcourir des kilomètres de route.

 C'est particulièrement vrai avec la version 2009 du catalogue Horticlub (www.horticlub.com) qui est, à mon avis, la plus intéressante des dernières années. On y trouvera notamment plusieurs variétés souvent difficiles à trouver dans les centres de jardin. Je pense notamment à la fougère Dryopteris «Brillance» dont les nouvelles frondes sont couleur bronze ou, mieux encore, à l'athyrium «Frizelliae», un amour de fougère, véritable petit bijou. Parmi les autres plantes que j'aime mais qui ne semblent pas avoir la faveur des jardineries: le fraisier décoratif «Rosalyne» aux fleurs roses, assez nombreuses, très grandes, aux fruits délicieux (j'ai cueilli mes dernières fraises en octobre); le Pleioblasthus viridistriatus, une espèce de bambou vivace nain (30 cm de hauteur) jaunâtre, très joli, pas trop envahissant, et le rosier «Abbotsford», une plante que je possède depuis plusieurs années, malheureusement rarement offerte en pépinière. Ce rosier, qui atteint environ 1 m (et non 40 cm comme l'indique Horticlub), produit une infinité de petites fleurs doubles et roses. Sa floraison dure des mois et il n'est pas affecté par les maladies.

 Plusieurs nouveautés sont aussi offertes par la maison de Laval dont la rudbeckie annuelle «Cherry Brandy», couleur bourgogne et coeur noirâtre; une étrange impatiente du nom de Impatiens niamniamensis, aux fleurs rouge et jaune très exotiques; le rosier floribunda «Cinco de Mayo», planté dans mon jardin l'été dernier, au parfum exquis et très perceptible, un hybride à fleurs doubles qui présente deux coloris en cours de maturité, un vieux rose et un rose plus foncé - un rosier primé 2009.

Un nouvel hibiscus vivace

 L'Eucomis montana, une belle surprise, est offert dans d'autres catalogues. Les Eucomis sont des plantes bulbeuses encore trop peu utilisées au jardin. Ils produisent un épi de fleurs de 15 à 20 cm surmonté d'une jolie touffe de feuilles qui n'est pas sans rappeler un ananas, d'où son nom de Pineapple lily en anglais. Leur bulbe tendre se multiplie assez rapidement au cours des années et se remise très facilement pour l'hiver. En début de floraison, l'Eucomis montana présente des pétales blancs qui passent progressivement au rose puis au pourpre avec le temps. Comme celle des autres membres de la famille, leur floraison s'étale sur plusieurs semaines. Même les fruits sont décoratifs. Vous l'avez deviné, j'ai un faible pour les eucomis, mes préférés parmi les plantes bulbeuses non vivaces.

 Autre nouveauté qui a attiré mon attention: le Ptilotus «Joey». Même si son nom peut laisser croire à un lien de parenté avec le lotus, il n'en est rien. Originaire d'Australie, «Joey» a fait une timide apparition l'an dernier et j'en ai fait pousser quelques dizaines de plants. D'une hauteur d'une vingtaine de centimètres, la hampe florale est garnie d'un plumeau duveteux de couleur rose très joli. Le hic, c'est qu'il s'agit d'une plante de milieu aride. «Joey» a donc souffert d'une surdose d'humidité l'été passé; plusieurs plants sont morts. Il y a fort à parier que j'aurais obtenu de meilleurs résultats si je l'avais installé dans un pot. Attention! Horticlub vend des semences du ptilotus. Le semis exige un certain doigté et il est conseillé de disposer une seule graine par pot.

 Enfin, pour les amateurs d'hibiscus vivaces à fleurs géantes, voici le nouveau «Jazzberry Jam», de couleur framboise. À pleine maturité, dans deux ans, le plant devrait atteindre 1,5 à 2 m. Les premières fleurs sont susceptibles de faire leur apparition cette saison, mais c'est l'an prochain que la plante sera à son apogée. La floraison s'étale du mois d'août jusqu'à la mi-septembre, parfois un peu plus tard, quand le temps est propice. Les fleurs atteignent autour de 20 cm de diamètre. Aussi en vente chez Veseys Seeds de l'Île-du-Prince-Édouard (www.veseys.com).

 Signalons par ailleurs que la firme lavalloise vend aussi les Exceptionnelles 2009, primées à la fois par le public et des spécialistes, dont la rudbeckie «Tiger Eye Gold». Je vous en reparle bientôt.

 

Photo fournie par Norseco

L'impatiente niamniamensis.