Jean-François Dumais, n'en revenait pas. Il avait déjà entendu parler du même phénomène qui s'était produit dans la bleuetière de son oncle, à Albanel, au Lac-Saint-Jean. Mais cette fois, ils étaient là, devant ses yeux: une dizaine de plants de bleuets gorgés de beaux fruits, dodus, ronds et blancs.

Jean-François Dumais, n'en revenait pas. Il avait déjà entendu parler du même phénomène qui s'était produit dans la bleuetière de son oncle, à Albanel, au Lac-Saint-Jean. Mais cette fois, ils étaient là, devant ses yeux: une dizaine de plants de bleuets gorgés de beaux fruits, dodus, ronds et blancs.

M. Dumais est un habitué du coin. Ses parents y habitent encore. «C'était à la mi-août, l'été dernier, raconte-t-il. J'avais déjà vu des bleuets blancs, comme tout le monde, des fruits qui n'avaient pas atteint leur maturité. Mais cette fois, ils étaient manifestement mûrs. Bons au goût, ils m'ont semblé toutefois un peu moins sucrés que les bleuets bleus. Mais peut-être que mon goût a été influencé par l'effet psychologique du blanc.»

Jean-Francois Dumais se souvient que son oncle avait fait une trouvaille semblable à laquelle il n'avait pas donné suite, estimant qu'il s'agissait avant tout d'une curiosité.

Certains lecteurs se souviendront peut-être de cette chronique publiée en décembre 2005 sur une découverte identique racontée par Jean Legault, de Lac-des-Écorces, près de Mont-Laurier. Lors d'une excursion, Il était tombé sur une «talle» d'une centaine de plants couverts de bleuets blancs, phénomène attribuable à un manque de pigmentation. Il m'avait d'ailleurs fait parvenir un contenant de fruits gelés dont le goût était similaire à celui de leurs bleus cousins. Il avait aussi transplanté plusieurs de ces plants chez lui. Joint récemment au téléphone, M. Legault a dit qu'il ne s'était guère occupé de sa minibleuetière, mais qu'au moins un de ses plants donnait encore des bleuets immaculés chaque été.

Technicien agricole renommé en matière de bleuets, Joseph Savard, du bureau du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) à Alma, explique qu'on signale de temps à autre la présence de bleuets blancs dans les bleuetières commerciales de bleuets nains, mais qu'on n'y prête guère attention. Il ajoute que l'entreprise qui fabriquait dans les années 70 le vin apéritif Dubleuet avait fait des recherches sur ce sujet. Les résultats n'ont cependant jamais été connus, l'entreprise ayant fermé ses portes.

Pour sa part, l'agronome Jacques Painchaud, du bureau du MAPAQ à Drummondville, un spécialiste des vaccinium (canneberges et bleuets), indique qu'une des deux espèces de bleuets nains les plus connues, Vaccinium myrtilloides (ou airelle fausse myrtille) produit parfois des bleuets noirs, du moins dans la région des Bois-Francs. Ces fruits ne sont pas recouverts de cette poudre délicate et blanchâtre que l'on retrouve à la surface des bleuets «normaux», ajoute-t-il. Ce qui leur donne un teint plus sombre, presque noir. Malheureusement, ils sont beaucoup plus fragiles et ils ont tendance à plisser très rapidement.

Signalons que l'autre espèce de bleuet la plus répandue au Québec est l'airelle à feuilles étroites ou Vaccinium angustifolium. Il est d'ailleurs très difficile de différencier les deux espèces. Quant aux bleuets géants, ceux que l'on retrouve le plus souvent à l'épicerie et dans les bleuetières du sud du Québec, notamment de la grande région métropolitaine, il s'agit de cultivars du bleuet à corymbe ou Vaccinium corymbosum. Ce sont des arbustes qui peuvent atteindre 2 m et dont la production s'élève parfois à 10 kg de fruits par année. C'est cette espèce qui est vendue habituellement en pépinière. Cueillis à maturité, ces fruits n'ont rien à envier aux bleuets nains.