Au premier coup d'oeil, on dirait une plante artificielle minuscule, une décoration de table dont les petites boules orangées, blanches ou jaunes attirent l'attention. Pourtant la chose est bien vivante, ce qui fait tout son charme. Mignon gadget végétal!

Au premier coup d'oeil, on dirait une plante artificielle minuscule, une décoration de table dont les petites boules orangées, blanches ou jaunes attirent l'attention. Pourtant la chose est bien vivante, ce qui fait tout son charme. Mignon gadget végétal!

 J'ai découvert Nertera granadensis à la Pépinière Jasmin tout récemment. Vendue en Europe depuis plusieurs années, notamment chez IKEA, la plante a fait une timide apparition au Québec l'an dernier, dans le temps de l'Halloween. Mais depuis quelques semaines, deux importants grossistes de Montréal, Planterra et Marsolais, de même que le distributeur ontarien Foliera, en vendent un peu partout, notamment chez les fleuristes.

 Originaire de l'Amérique centrale, de l'Amérique du Sud mais aussi des régions montagneuses de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, le nertère de la Nouvelle-Grenade est une espèce qui pousse en montagne. Rampante, c'est le moins que l'on puisse dire, elle ne dépasse guère les 2 ou 3 cm de hauteur. Son appellation scientifique fait allusion à la Nouvelle-Grenade, nom que portait à l'époque une partie de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale. Quant au terme nertera, il vient d'un mot grec signifiant bas.

Les feuilles du nertère sont toutes petites, sans tiges apparentes, et forment un tapis verdâtre très dense. Mais c'est la beauté de ses baies qui rend la plante si jolie. C'est d'ailleurs au moment où elle se couvre de fruits qu'on la retrouve dans les commerces. Les petites baies rondes ne sont pas sans rappeler des grains de poivre rose ou faux poivre, ou encore des têtes d'épingle. C'est d'ailleurs l'appellation Pincushion Plant qu'on lit sur l'étiquette ou «plante pelote d'épingles». Plusieurs autres noms poétiques lui sont aussi attribuées dans la langue de Shakespeare comme «plante perle», «plante aux perles de corail» ou encore «mousse de corail». En plus des cultivars aux baies oranges, blanches et jaunes, on vend des pots regroupant les trois types de baies. Un arrangement qui répond d'ailleurs au nom commercial de «Minestrone»... mais qui n'est pas comestible .

 Le joli gadget végétal conserve ses fruits durant plusieurs semaines et même quelques mois, à la condition de bien le dorloter. Car, il peut mourir en quelques jours si on ne suit pas le mode d'emploi, délicatesse oblige. Le nertère aime la lumière vive mais déteste le soleil. Il exige aussi de maintenir ses racines humides, mais ne peut supporter qu'on l'arrose directement, même avec un vaporisateur. À vrai dire, il a tellement horreur de la bruine que deux ou trois arrosages au brumisateur peuvent suffire à faire pourrir son feuillage. Il faut donc l'arroser par la base deux ou trois fois par semaine, peut-être moins, en éliminant l'eau accumulée dans la soucoupe une fois que la plante a étanché sa soif.

 Autre facteur important de survie: la température ambiante, un problème souvent difficile à gérer en hiver. Or, comme elle est originaire des montagnes, Nertera préfère la fraîcheur. On parle de 12 à 15°C, ce qui n'est guère possible dans une maison chauffée. Il serait donc préférable de lui trouver une place près d'une fenêtre donnant sur le nord, loin d'une bouche de chaleur. Elle résistera probablement quelques semaines, un long moment de plaisir pour une dizaine de dollars.

 

Photo Rémi Lemée, La Presse

Le nertère «Minestrone».