Pourquoi se priver d'un jardin tout en beauté jusqu'aux premiers gels et même une bonne partie de l'hiver alors que ce bonheur est à la portée de tous!

Pourquoi se priver d'un jardin tout en beauté jusqu'aux premiers gels et même une bonne partie de l'hiver alors que ce bonheur est à la portée de tous!

 Bien sûr, il y a ces plantes dont le feuillage transforme l'automne en une saison encore plus éclatante, notamment ces fusains ailés au feuillage rouge vif, presque chaud. Sans oublier ces vinaigriers aux feuilles rougeâtres, orangées ou dorées, comme les espèces laciniées, notamment ce magnifique «Tiger Eyes», des arbustes dont il faut toutefois modérer les ambitions territoriales. Évidemment, le jardin d'automne ne pourrait être aussi spectaculaire sans le berbéris «Rose Glow» aux feuilles rose clair et rouge vin, un spectacle qui commence dès la feuillaison du printemps, mais qui atteint son apothéose en octobre quand le feuillage devient rouge clair. Une splendeur, je vous dis! Et il y a son cousin, «Aurea Nana», au feuillage estival jaune qui passe à l'orange l'automne.

 Mais il existe aussi plusieurs autres arbres et arbustes qui continuent de nous éblouir longtemps après la chute des feuilles grâce à leurs petits fruits. Mon berbéris préféré «Rose Glow» fait justement partie du groupe, comme la plupart des épines-vinettes. Quand ses feuilles disparaissent, une multitude de jolies petites clochettes rouges pendent aux branches pourpres.

 C'est aussi le cas du houx verticillé (Ilex verticillata), notre seule espèce de houx indigène aux feuilles caduques. Cet arbuste, qui ne dépasse guère les 90 cm, se pare de fruits orangés qui persisteront aux branches jusqu'à la mi décembre, parfois plus longtemps. Mais comme il est dioïque, il faut absolument un plant femelle et un plant mâle pour obtenir une fructification.

L'arbre aux bonbons ou callicarpe (Callicarpa dichotoma) est unique en son genre. Originaire des États-Unis, de la Virginie jusqu'au Texas, il produit des amas de petits fruits violets qui rappellent effectivement des bonbons. On a presque envie de les manger. Le callicarpe est rustique en zone 5 et vraisemblablement en zone 4, là où la neige est abondante. Ses branches d'environ 1 m de longueur gèlent en hiver mais repoussent sans peine au cours de l'été pour se couvrir de fruits vers la mi-septembre. Les cultivars les plus souvent offerts au Québec sont «Early Amethyst» et «Issai».

 Les symphorines, elles, sont utilisées dans nos jardins depuis des décennies. Formant souvent des buissons assez denses de 1 à 2 m de hauteur, elles servent parfois de haies. En fin d'été, l'arbuste produit d'innombrables fruits blancs et ronds comme des perles, fruits qui persistent souvent des semaines après les premiers gels. On trouve également plusieurs espèces et cultivars qui donnent des fruits roses ou rougeâtres très beaux comme «Magic Berry» et «Marleen», tous deux rustiques en zone 4. D'ailleurs, la rusticité de cette plante, qui répond au nom scientifique de symphoricarpos, varie considérablement selon les hybrides. Demandez conseil à votre pépiniériste.

 Ce dernier pourra aussi vous guider dans l'achat de certaines variétés de cotonéasters rampants, des plantes au feuillage persistant, vert très foncé, aux fruits rouges ou orangés, qui résistent aux plus grands froids. Je vous présente d'ailleurs ci-contre un spécimen qui pousse depuis plusieurs années en bordure d'un trottoir de mon patelin. L'hiver, lors de ma marche matinale, je prends le temps de l'observer. Chaque fois, je suis étonné de voir à quel point ses gros fruits restent beaux même à 15 ou 20 oC en dessous de zéro. Le contraste avec la neige est toujours saisissant. Malheureusement, je n'ai pu savoir de quel cultivar il s'agit.

 Évidemment, la liste des espèces produisant des petits fruits persistants à la fin de l'automne est très longue. Les viornes, les pommetiers, les ifs, plusieurs rosiers rustiques, les fusains, notamment Eonymus planipes, les sorbiers sont aussi de ceux-là. Et en prime, la plupart attirent les oiseaux.

 

Photo Robert Mailloux, La Presse

Houx sauvage