Le climat des dernières semaines nuira-t-il aux arbres et aux plantes de nos jardins? Impossible pour l'instant de répondre à la question. Il faut toutefois avoir à l'esprit que nos végétaux sont le résultat d'une évolution de plusieurs millénaires et qu'ils n'en sont pas à leurs premières perturbations climatiques.

Le climat des dernières semaines nuira-t-il aux arbres et aux plantes de nos jardins? Impossible pour l'instant de répondre à la question. Il faut toutefois avoir à l'esprit que nos végétaux sont le résultat d'une évolution de plusieurs millénaires et qu'ils n'en sont pas à leurs premières perturbations climatiques.

Ils sont bien adaptés à leur environnement même si, évidemment, les fluctuations extrêmes de température peuvent être désastreuses. Le processus d'aoûtement est un exemple de cette adaptation. Vers la fin d'août, arbres, arbustes et certaines plantes vivaces voient leurs nouvelles pousses devenir ligneuses, plus dures, moins riches en eau, donc plus résistantes au futur gel.

Progressivement, le liquide cellulaire devient aussi plus concentré en sucres, en sels minéraux, en enzymes et protéines qui agiront alors comme une sorte d'antigel. Si bien que la température de congélation diminue, jusqu'à moins 10ºC, par exemple, pour la luzerne. Les cristaux qui se forment ensuite restent petits et sans danger pour la membrane cellulaire.

Normalement, les cristaux de glace sont longs et pointus. Ils transpercent la cellule, ce qui lui est fatal. Quand la température baisse davantage, un autre processus physico-chimique se produit. L'eau qui reste dans la cellule est évacuée vers l'extérieur. Mais au lieu de se ratatiner comme un ballon qui perd de l'air, ce qui serait néfaste pour la cellule, l'espace est comblé par des sucres et autres produits cryo-protecteurs, selon l'expression des scientifiques.

La situation est similaire dans les racines, les bulbes vivaces ou encore dans les feuilles persistantes comme chez les rhododendrons ou certaines fougères. Dans un bulbe de tulipe, par exemple, le processus d'aoûtement commence dès que la température descend autour de 4º C et il pourra survivre sans peine même s'il gèle de part en part. Mais cette adaptation a ses limites. En deçà d'une certaine température, la cellule se déshydrate, la membrane se plisse, la plante meurt. Toujours dans le cas du bulbe de tulipe, la température létale est de moins 12º C.

Chez plusieurs arbres, la mortalité augmente considérablement à moins 30º C. Les feuilles de plusieurs plantes comme certains muscaris, plusieurs graminées, les bergénies ou les pavots orientaux peuvent aussi résister partiellement au gel en hiver. Cette résistance varie toutefois beaucoup selon les espèces et, bien sûr selon le couvert de neige. Par ailleurs, si notre hiver semble exceptionnel, il ne faut pas remonter très loin dans le temps pour découvrir des situations similaires.

En 1981, du 14 au 28 février, la température avait atteint un maximum de 16º C et un minimum de 3º C. La neige avait fondu, les bourgeons avaient gonflé, la sève coulait. Dans les jours qui ont suivi cette vague de chaleur, le mercure est tombé durant un bon moment à moins 10º C et moins 15º C. Les bourgeons ont éclaté, les racines des arbres ont gelé faute de couvert de neige.

Résultat : des centaines de milliers d'érables ont dépéri et sont finalement tous morts, et une grande partie des pommiers McIntosh du sud du Québec ont été détruits, pommiers déjà affaiblis par une récolte record l'année précédente.

Plus près encore, en janvier 1994, durant une dizaine de jours, les températures dans la grande région métropolitaine ont été glaciales. Jusqu'à moins 31º C dans l'île de Montréal et même moins 34,7º C sur la Rive-Sud. Là encore, des dizaines de milliers de pommiers n'ont pas tenu le coup, des arbres toutefois qui n'avaient pas été plantés dans un milieu adéquat, comme on devait le découvrir par la suite. Mais cette année, nos pommiers ne sont pas encore menacés et jusqu'à maintenant, ils n'ont pas eu le temps de sortir de leur dormance, en dépit du temps doux.