Utilisé un peu partout en Europe, surtout sous forme de bordure, de haie ou de topiaire, le buis reste peu connu chez nous. L'arbuste a connu toutefois un regain de popularité lors des Mosaïcultures internationales de Montréal, mais cet engouement s'est estompé depuis.

Utilisé un peu partout en Europe, surtout sous forme de bordure, de haie ou de topiaire, le buis reste peu connu chez nous. L'arbuste a connu toutefois un regain de popularité lors des Mosaïcultures internationales de Montréal, mais cet engouement s'est estompé depuis.

 Il faut dire que cette plante à feuilles persistantes est souvent à la limite de sa rusticité dans la grande région de Montréal, très malmenée par nos hivers. Les feuilles, du moins celles des branches supérieures non protégées par la neige, jaunissent et finissent par mourir au printemps, même chez les variétés considérées comme rustiques en zone 4. C'est pourquoi on conseille toujours de planter le buis à l'abri du vent.

On compte autour de 70 espèces de buis dans le monde et ils sont originaires d'Europe, d'Asie, d'Afrique ou encore de l'Amérique centrale. Leurs feuilles sont petites, opposées et émettent une odeur désagréable au toucher, si bien qu'elles sont ignorées des insectes et des petits rongeurs.

L'arbuste est aussi exempt de maladies. Il se taille facilement, et pousse aussi bien à l'ombre (quatre heures de soleil par jour), à la mi-ombre ou en plein soleil, autant de qualités qui en font une plante extrêmement populaire là où elle n'est pas soumise à des contraintes climatiques.

Le buis pousse très lentement, ce qui explique d'ailleurs son prix toujours élevé. On en compte environ 150 cultivars et les plus populaires sont issus de l'espèce Buxus sempervirens qui peut atteindre près de 5 mètres si elle n'est pas taillée régulièrement. C'est celle qu'on peut voir dans les jardins européens. Elle n'est pas rustique au Québec.

Un cousin québécois

Mais Buxus sempervirens a maintenant un petit cousin typiquement québécois qui répond au nom de «Mont-Bruno». Un buis nain dont l'avenir s'annonce prometteur puisqu'il résiste sans peine en zone 4 sans que ces feuilles ne soient brûlées par le gel ou la dessiccation hivernale. Le Buxus «Mont-Bruno» pousse extrêmement lentement (il atteint à peine 10 à 12 cm après quatre ans de croissance à partir d'une bouture) et ne dépassera pas les 75 cm. Mais comme il est destiné à faire des bordures, des haies de petites dimensions ou encore des mosaïcultures dans de grands parterres, on le maintient à environ 20 cm grâce à une petite taille annuelle.

Le buis «Mont-Bruno» n'a pas vraiment commencé sa carrière et la plupart des pépiniéristes et propriétaires de jardineries ignorent encore son existence. L'an dernier, lors du Rendez-vous horticole du Jardin botanique de Montréal, il s'est mérité un grand prix. Il faut dire que son histoire est fascinante. La plante a été découverte par André Poliquin, professeur de biologie et jardinier polyvalent s'il en est un. Il préside en effet la Société des roses du Québec et le groupe Les orchidophiles de Montréal. Il a aussi rédigé un ouvrage sur les clématites.

Voilà bien des années, André Poliquin met la main sur un Buxus sempervirens, une espèce qui n'était pas vendue à l'époque au Québec. Le petit arbuste d'environ un mètre devait être âgé d'une quinzaine d'années, raconte-t-il. Le plant se retrouve donc dans son jardin de Saint-Bruno, sur la Rive-Sud. L'adoption se passe plutôt mal. Le buis se met à régresser. L'hiver venu, ses branches gèlent et ses feuilles jaunissent. Au lieu de grandir, il rapetisse. Au bout de deux ans, le végétal a presque disparu. C'en est assez! Le plant est déterré puis transplanté au fond du terrain, entre les racines d'un érable, près d'une clôture. L'abandon dure 10 ans.

Puis un jour, surprise! «Je réalise après toutes ces années que la plante n'est pas morte, dit M. Poliquin. Elle a même produit de nouvelles tiges à sa base, des tiges aux feuilles différentes, plus petites, plus vertes, plus denses, qui ne sont plus opposées. J'en fais quelques boutures qui prennent vie en pleine terre. Elles poussent très lentement mais résistent à l'hiver. C'est étonnant.»

Puis, au cours d'un voyage en France, André Poliquin profite de l'occasion pour rencontrer un expert en buis d'un grand jardin public. Celui-ci estime que la nouvelle plante est vraisemblablement un mutant, l'espèce étant sujette aux mutations spontanées. Le jardinier québécois revient à la maison encouragé. L'expérience se poursuit. Il produit encore d'autres boutures qui présentent toutes le même profil après quelques années de croissance: résistance au gel, densité de feuillage et aucune dessiccation hivernale. Dans son jardin, il produit 10 000 plants pour planter en haies. Taux de survie: 100%.

Plusieurs horticulteurs et experts se montrent intéressés par les caractéristiques de la plante qui a finalement été enregistrée officiellement, il y a quatre ans, presque trois décennies après l'achat du buis original. La production est alors confiée à Plantons A et P, de Sainte-Christine, près d'Acton Vale.

Il y a deux ans, voilà que la maison Iseli Nursery, firme très réputée de l'Oregon notamment pour ses conifères et arbustes nains, lui demande de produire «Mont-Bruno» pour le marché américain. Un contrat est signé. L'an dernier, c'est un producteur de buis des Pays-Bas qui fait la même demande. Les négociations sont en cours. L'avenir du buxus d'André Poliquin s'annonce prometteur, mais tout le marketing de la plante reste à faire, dit-il. Compte tenu de sa lente croissance, son prix de production est très élevé. C'est avant tout le marché institutionnel qui est visé. D'ailleurs certaines municipalités ont déjà manifesté de l'intérêt.

Où trouver le buis «Mont-Bruno»? En pépinière. À la condition évidemment que le pépiniériste en achète chez le producteur. Le prix? Autour de 10 le plant, pour une plante de 10 cm de hauteur et de 5 cm de largeur. Une petite fortune si vous décidez de faire une haie miniature. Évidemment, le prix à l'unité sera moindre si vous achetez en quantité. Et vous pourrez toujours faire des boutures, si vous êtes patient bien entendu. On peut s'attendre toutefois à ce que les prix baissent avec les années et la demande.