Après le miel, les oeufs. Les fondateurs des ruches urbaines Alvéole ont un nouveau projet: des poulaillers en ville. Le fait que les poules ne soient pas encore permises partout à Montréal ne les a pas refroidis, bien au contraire. Avec leur proposition, ils souhaitent faire avancer les choses au moment où la réglementation semble sur le point de s'assouplir dans la métropole.

Le projet POC - pour «production, observation et connexion» - inclut deux poules, un poulailler, ainsi que la nourriture et la litière pour la première saison. Les familles sélectionnées recevront leurs poules le 1er mai. Celles-ci devraient pondre une douzaine d'oeufs par semaine (chaque poule pond un oeuf toutes les 26 heures environ). Prix pour l'ensemble: 1149 $.

Il s'agit d'une offre clés en main, donc, pour les gens qui manifestent un intérêt envers les poules urbaines, mais qui n'ont pas les ressources nécessaires pour mener un tel projet à terme. Le programme leur permet d'être soutenus par l'équipe de POC tout au long de leur démarche.

«On veut que ce soit accessible au commun des urbains. Alors on fait une offre totale pour que les gens puissent embarquer dans cette aventure sans prendre tous les risques. C'est comme si on soutenait un mouvement citoyen, en quelque sorte», explique Alexandre Mc Lean, cofondateur du projet avec Étienne Lapierre, un de ses associés chez Alvéole.

Pour l'instant, le projet POC démarrera avec 30 familles seulement, qui seront triées sur le volet. Car les fondateurs cherchent des gens qui, au-delà de la production d'oeufs, sont intéressés à transmettre la mission éducative de la chose. «Pour l'instant, on part avec nos "guerriers", qui vont vraiment porter le projet, indique Alexandre Mc Lean. Ensuite, on pourra s'ouvrir à plus de monde.»

Les inscriptions sont encore ouvertes, mais environ la moitié des places se sont déjà envolées.

Il est nécessaire d'avoir une cour pour pouvoir accueillir les poules et leur attirail, précise Alexandre Mc Lean. Son associé et lui ont eu recours aux services d'une firme de design montréalaise, le studio Aubry/Lévesque, pour créer un poulailler aux dimensions réduites, adapté à son milieu urbain.

Le but était aussi de rendre la proposition attirante grâce à un design léché. «Un peu comme les abeilles, ça peut être perçu comme un truc de vieux hippie. On veut briser cette idée que c'est quelque chose de marginal, explique l'entrepreneur. Alors le design, c'est vraiment un atout pour nous.»

De la même manière qu'un travail de sensibilisation a été nécessaire pour les miels Alvéole - «les gens avaient peur de se faire piquer parce qu'ils confondent souvent les guêpes et les abeilles» -, certains mythes sont à déboulonner au sujet des poulaillers. Selon Alexandre Mc Lean, les gens n'ont pas à craindre les odeurs. «Avoir deux poules, ce n'est pas différent d'avoir un chat, illustre-t-il. On change la litière tous les jours, et ça ne sent pas. Ce n'est pas comme un poulailler commercial.» Et en l'absence de coqs, le bruit n'est pas à craindre non plus, soutient-il.

D'ailleurs, si des voisins se plaignent, les gens de POC s'engagent à ramasser le poulailler et à rembourser les participants si aucune solution n'a été trouvée après discussion.

Photo fournie par POC

À Montréal, les poules sont interdites dans la plupart des arrondissements. Certains ont toutefois modifié leur réglementation pour les permettre à certaines conditions

Une réglementation en évolution

À Montréal, les poules sont interdites dans la plupart des arrondissements. Certains ont toutefois modifié leur réglementation pour les permettre à certaines conditions, dont ceux de Rosemont-La Petite-Patrie, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et Ville-Marie.

Depuis que le projet POC a été lancé, il y a quelques semaines, l'arrondissement du Sud-Ouest s'est également montré intéressé.

Avec leur initiative, les fondateurs de POC souhaitent faire bouger les choses. Ils sentent que le vent est en train de tourner, mais trop lentement à leur goût. 

«Notre but ultime, c'est d'arriver à une réglementation qui est vraiment favorable à Montréal. On veut pousser un projet qui est concret, bien organisé, pour prouver que c'est vraiment une pratique viable», soutient Alexandre Mc Lean.

Même si l'agriculture urbaine en est à ses balbutiements à Montréal, elle est également en pleine ébullition. «On pense qu'il y a un potentiel énorme de production locale et urbaine, affirme Alexandre Mc Lean. Là, on est dans les poules et les abeilles, mais il y a toutes sortes de choses qu'on peut faire en ville qu'on n'a pas encore touchées.»

Hier le miel, aujourd'hui les poules... Que nous réserve demain? Une histoire à suivre.

Photo fournie par POC

Pour l'instant, le projet POC démarrera avec 30 familles seulement, qui seront triées sur le volet.