Vélos, tondeuse mécanique, jouets, meubles de jardin... Alexandre Blouin en avait assez de ranger les objets saisonniers de la famille au sous-sol. Solution? Un cabanon. Mais pas question pour cet architecte d'opter pour une remise conçue indépendamment de son environnement.

Il préfère l'insérer dans la clôture - qu'il devait refaire de toute façon - de sa propriété, située à Montréal. Avec l'aide de son père, il vient de terminer un tandem clôture-cabanon au style minimaliste et chaleureux.

«Nous avons intégré la remise le long d'une portion de la clôture afin de limiter son impact visuel, explique l'architecte associé de l'agence Blouin Tardif architecture-environnement. L'objectif était de produire un ensemble harmonieux qui rehausserait la qualité de la cour arrière.»

Un seul matériau, du cèdre rouge noueux, a été utilisé. Ainsi, une unité graphique a été produite et la remise se fond dans la composition. Enveloppés de bois, les trois pans de la clôture contribuent à faire du jardin une «pièce» supplémentaire à ciel ouvert.

Construction en huit étapes

L'architecte a d'abord consulté le règlement sur les clôtures et les règles concernant les dépendances, cabanons et remises de l'arrondissement qu'il habite, le Plateau-Mont-Royal. En raison de la superficie plutôt modeste de sa remise (6,5 m2 ou 70 pi2), il n'a pas eu à demander un permis.

Des pieux vissés ont permis d'ancrer le cabanon et la clôture. Celle-ci fait 2 m de hauteur.

Les fondations de la remise (1,5 m sur 4,3 m) sont constituées de pierre concassée et compactée. Des dalles de béton préfabriquées forment le plancher. Les interstices ont été comblés avec de la poussière de roche. Un écart d'environ 8 cm sépare le bas des murs du dallage. Ainsi, il n'y a aucun contact entre le bois et le sol. Cet espace a été drapé d'un treillis métallique afin d'éviter que des animaux ne se réfugient dans l'abri.

«Je n'ai pas aménagé de plancher surélevé afin de rendre le cabanon complètement étanche, car cela aurait gonflé la note. Sans compter que je n'avais besoin que d'un simple espace de rangement», justifie Alexandre Blouin.

Le cabanon possède un toit légèrement en pente. Sa hauteur au point le plus élevé est de 2,7 m et le mur situé sur la ligne de propriété est couvert de fibrociment, un matériau qui présente une résistance au feu. Avec l'accord du voisin, un écran d'intimité possédant la même hauteur que celle du cabanon termine la course de la clôture jusqu'à la façade arrière de la maison de l'architecte.

Le bardage de la clôture est à l'horizontale alors que celui du cabanon est à la verticale. Cet aménagement dynamise les lieux et différencie les deux assemblages. Notez: le cèdre n'était pas sec lors de la pose. Certaines planches risquent donc de gauchir. D'où la présence d'un espacement entre les lames. Aussi, des planches supplémentaires ont été prévues afin de remplacer celles qui se seraient déformées.

La porte (de 1,8 m de largeur) du cabanon coulisse sur un rail traditionnellement utilisé pour les portes de grange. Celui-ci se trouve à l'intérieur de la remise. Un anneau encastré fait office de poignée.

La portion de la clôture donnant sur la ruelle a été tapissée de cèdre de part et d'autre et l'espace (6 mm) entre les planches de chaque plan a été décalé. Ainsi, les passants ne peuvent épier les occupants par les «fentes» de la clôture. Aucun enduit protecteur n'a encore été appliqué sur le cèdre.

Coût de construction de ce cabanon contemporain: environ 25$ le pied carré, en excluant la main-d'oeuvre, mais en incluant les matériaux, les fondations, la structure, la membrane d'étanchéité posée sur les murs et la toiture.

Du côté de la banlieue

«Dans les nouveaux projets résidentiels de banlieue, les propriétaires achètent souvent un cabanon à la hâte, avant même de planifier l'aménagement de la cour, ce qui est dommage, observe Nicolas Noël Ménard, architecte paysagiste et propriétaire de Vertige paysage. Dans ce cas, enchaîne-t-il, la meilleure solution réside dans le camouflage à l'aide de végétaux. L'idée n'est pas de dissimuler complètement le cabanon existant, mais d'atténuer sa présence. Ainsi, il attirera moins l'attention.» Dans le cas d'un grand terrain boisé, il existe plusieurs astuces, dont l'aménagement d'un sentier en direction de la remise. «Nous créons alors une promenade, voire un événement dans le jardin», explique le spécialiste.