«Bienvenus à la compost-party!»: une quinzaine d'habitants se retrouvent, avec vin et petits fours, autour de leur composteur de déchets organiques dans la cour de leur immeuble du XIXe arrondissement de Paris.

«Il sent bon notre compost, venez sentir», invite Geneviève Buot, l'habitante référente, experte en compostage pour la vingtaine de familles de cette copropriété d'une centaine d'appartements impliquées depuis un mois dans cette aventure environnementale sous les auspices de la Mairie de Paris.

À la nuit tombante et par un froid mordant, les «nouveaux composteurs» se penchent sur leur conteneur de 600 litres, en plastique, déjà à moitié remplis d'épluchures de carottes, pommes, poireaux, oignons, morceaux de brocolis, grappes de raisin pourri, coquilles d'oeufs et bouquets de leurs fanées.

On mélange avec des feuilles sèches et des petits branchages extraits d'un second conteneur tout proche qui est, lui, alimenté par les jardiniers du Parc des Buttes Chaumont tout proche. Un petit coup d'aérateur, une tige de fer avec des ailettes à une extrémité, pour alléger le compost et tous s'étonnent de «la bonne odeur» dégagée par les détritus.

«C'est parce qu'on a bien suivi les consignes», explique Thérèse, une septuagénaire alerte venue, avec son bio-seaux, apporter sa petite contribution à l'effort commun de la copropriété.

«Le pain est interdit, cela met des odeurs quand ça moisit, ça gonfle, le fromage et la viande ça attire les rats et autres rongeurs, les épluchures d'agrumes ce n'est pas bon non plus car trop acides», précise Caroline Gayet, formatrice de la société Urban Eco qui épaule les composteurs en herbe sur une cinquantaine de sites semblables à celui-ci à Paris.

Caroline et ses collègues, spécialistes en écologie urbaine, se rendent une fois par mois, dans chacun des groupes pour relever les «carnets de bord» où chaque contributeur note le nombre de seaux (plein, demi ou quart plein) versés dans le composteur et à quelle date.

Au lancement du projet, les familles intéressées ont signé une charte de participation et se sont donc solennellement engagées à respecter les règles de cette action éco-citoyenne.

Seule nuisance constatée ce soir-là, quelques moucherons s'envolent à chaque nouvelle contribution versée dans le composteur, mais pas de lombrics ni autres vers de terre. «Les moucherons sont attirés par le sucre des épluchures de fruits, c'est un micro-écosystème», rassure Caroline Gayet qui va prodiguer ses conseils au groupe pendant 9 mois.

Le compost dégage aussi une sensation de chaleur, phénomène normal accompagnant la décomposition des matières organiques. «Cela peut monter jusqu'à 70 degrés» explique Geneviève.

Le terreau ainsi produit au pied de l'immeuble servira aux plantes d'intérieurs, balconnières et pour l'aménagement du petit espace vert attenant à la cour. «On a déjà planté des fraisiers pour l'année prochaine» souligne-t-elle. «Et plus tard on pourrait mettre une vigne, ou un figuier pourquoi pas», s'enthousiasme Daniel. «Ou un jardin partagé», suggère Michel qui pratique le compostage dans sa maison de campagne, estimant que «les déchets organiques constituent une forme de richesse.»

Selon les calculs de la mairie, un tel recyclage des déchets organiques permet d'alléger de 70 kg par an et par habitant la poubelle des Parisiens et un immeuble d'une trentaine de foyers pourrait ainsi produire de 1 à 2 tonnes de déchets organiques utilisables pour faire du compost.