Habitant près d'un ruisseau à Val-des-Monts (Perkins), dans l'Outaouais, Marie-Anne LeBlanc et son conjoint, Henri, reçoivent la visite de chevreuils, loutres, rats musqués, castors, marmottes, canards, hérons et dindons sauvages. Plus exceptionnellement, des ratons laveurs et des mouffettes font aussi sentir leur présence.

« Ces animaux n'ont jamais été un problème, nous écrit Mme LeBlanc. Peut-être parce que nous partons du principe qu'il y a de la place pour tous et que nous avons un grand terrain à la campagne. »

Cela ne l'empêche pas de prendre certaines précautions pour protéger son potager. Une année, lasse de voir que les queues de carottes et la laitue avaient fait le délice des marmottes, elle a posé un léger filet sur les pousses, semblable à ceux utilisés pour protéger les vignes des bêtes et des oiseaux. Cela a réglé le problème.

Au printemps dernier, après la visite d'une marmotte, elle a réinstallé le filet à une certaine hauteur, en l'appuyant sur des tuteurs, pendant quelques jours. Tout se passe bien depuis.

Les astuces pour éloigner les intrus à quatre pattes ou détourner leur attention sont nombreuses.

À Auteuil (Laval), où abondent les marmottes, Mario Lavoie a un truc infaillible pour préserver son potager. Le propriétaire des Serres Lavoie sème du trèfle à des endroits stratégiques pour que les « siffleux » en mangent et n'aient plus faim une fois rendus aux laitues, épinards, bettes à carde et feuilles de concombres.

En ville aussi 

Les citadins subissent également les contrecoups de la présence d'animaux pas toujours domestiques. Au magasin Home Depot situé dans Saint-Henri, on demande souvent des produits pouvant repousser marmottes, ratons laveurs, écureuils, mouffettes, chiens et chats.

Le répulsif le plus populaire est un produit baptisé Fiche le camp, vendu sous forme de granules ou de vaporisateur, indique Jean-Michel Martin, directeur du commerce de grande surface. « C'est un irritant fait à l'aide d'ingrédients naturels, explique-t-il. Plusieurs en mettent autour de leur potager ou près des poubelles. »

Ceux qui ne veulent rien appliquer sur leur terrain ou qui ont des animaux (environ 10 % de la clientèle) choisissent plutôt un gicleur activé par un détecteur de mouvement, ajoute-t-il. Plus cher, le modèle Spray Away, de Havahart, coûte 77,48 $.

Chez Pépinière Jasmin, le produit ScareCrow, de Contech, fonctionne selon le même principe (environ 100 $). « C'est l'option au coût le plus élevé, mais la plus efficace », estime Louys André Chénier, conseiller au centre de jardin fondé par son grand-père, André Jasmin.

Ne risque-t-on pas de se faire arroser ? « On peut le désactiver le jour et on ne le met pas nécessairement à côté du robinet », précise-t-il.

L'urine de loup s'avère assez populaire, utilisée dans 40 % des cas pour éloigner marmottes, mouffettes et ratons laveurs. « Les animaux sentent qu'il y a un prédateur dans le coin et voudront l'éviter », indique M. Chénier. Il recommande de prendre un contenant vide (de yogourt, par exemple, d'un litre), de percer beaucoup de trous dans les côtés, d'y mettre une éponge ou un linge imbibé d'urine (avec environ 1/5 du contenu de la bouteille), de fermer le couvercle et de placer le tout à l'endroit où passe habituellement la bête. Recommencer environ toutes les deux semaines.

Le taux d'efficacité (environ 70 %) est le même que celui des deux autres solutions adoptées par la clientèle de Pépinière Jasmin : l'utilisation du chasse-rongeur Ener G+, qui émet un son toutes les 50 secondes (et peut prendre jusqu'à 2 mois pour avoir de l'impact), et le répulsif Fiche le camp. Ce dernier est censé avoir de l'effet pendant une trentaine de jours, à moins qu'il y ait eu de fortes pluies. Mieux vaut alors en rappliquer.

Ceux qui seraient tentés d'installer une cage pour piéger de petits mammifères devraient s'abstenir, soutient Marie-Ève Fraser, porte-parole de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal. « Les animaux de la faune ne devraient jamais être capturés et relocalisés », précise-t-elle, en citant l'article 67 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, qui relève du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Selon cette réglementation, « une personne ne peut tuer ou capturer un animal de la faune qui endommage ses biens s'il lui est possible de simplement l'empêcher de nuire en le privant de son terrier et de ses sources de nourriture », souligne Jules Chamberland-Lajoie, relationniste à la Ville de Montréal

« La Ville recommande la tolérance, qui peut s'avérer être la meilleure solution si les dommages sont minimes, précise M. Chamberland-Lajoie. De plus, l'animal importun peut n'être que de passage. Si la situation est intolérable et que l'animal est identifié, des méthodes préventives doivent d'abord être appliquées. Si ces méthodes s'avèrent inefficaces, et que tous les moyens nécessaires pour éloigner l'animal ou l'empêcher de causer des dommages ont été pris, le citoyen peut faire affaire avec une entreprise spécialisée dans le contrôle de la faune urbaine qui évaluera la situation et pourra la résoudre. »