Le gazon. Certains en prennent soin comme de la prunelle de leurs yeux, la plupart se contentent de le tondre, alors que d'autres voudraient le remplacer par des pavés. Or, la pelouse reste bien souvent la pièce maîtresse de la cour. Les conseils de Jean-Pierre Parent, préposé aux renseignements horticoles au Jardin botanique, pour qu'elle reste belle.

PRÉPARATION PRINTANIÈRE

« Après avoir enlevé les débris, ce peut être un bon moment de faire un sursemis, en fonction de l'état de la pelouse, si elle n'est pas trop compacte. Si l'on a de la difficulté à faire pénétrer un crayon dans la terre, elle est trop dense. Il faut donc procéder à l'aération de la pelouse, surtout si l'endroit est fortement piétiné. Pour les grandes surfaces, au-delà de 2000 pi2, vaut mieux louer un aérateur mécanique. On laisse les carottes de terre sur place, on les défait à l'aide d'un râteau, après quoi on en profite pour semer en recouvrant le tout d'une petite couche de terreau de compost - attendre toutefois que le mercure dépasse les 14-15 °C. Il ne faut jamais laisser la terre à nu, car cela favorise l'apparition de mauvaise herbe. Plus la pelouse est dense, plus cela limite leur propagation. »

FERTILISATION

« Pour une pelouse impeccable, on peut fertiliser deux ou trois fois par année, mais on peut aussi passer plusieurs années sans fertiliser. Pour ma part, j'ai sursemé du trèfle blanc dans ma pelouse, ce qui permet de fixer l'azote de l'air pour mieux nourrir la pelouse. Je mets toutefois du compost tous les deux ans pour enrichir la terre. Il faut aussi éviter d'utiliser les engrais chimiques et les pesticides, car cela a pour effet de détruire les microorganismes qui contribuent à décomposer les herbes mortes et le chaume. »

ACIDITÉ DU SOL

« Les graminées n'aiment pas que le sol soit trop acide. Un pH trop bas peut toutefois aussi affecter les plantes. La meilleure chose est de faire analyser des échantillons de terre dans un centre de jardin. Il existe aussi des ensembles d'analyse maison. C'est moins précis, mais ça donne une idée. C'est difficile à voir à l'oeil que le taux d'acidité du sol n'est pas idéal, mais si vous examinez une plante à feuilles larges et qu'il y a décoloration au coeur de la feuille, c'est parfois signe que la plante manque de fer, un problème souvent relié au pH. Mais c'est toujours préférable d'aller faire la vérification auprès de professionnels. »

TONTE

« Les graminées que l'on utilise dans les régions nordiques sont destinées aux climats frais, elles sont en croissance au printemps, mais elles entrent en dormance ou presque pendant l'été. Ainsi, la première tonte de l'année peut être plus courte, autour de 5 cm. Mais les autres devraient se faire entre 8 et 10 cm, ce qui permettra aux plantes de demeurer plus vigoureuses. Aussi, il est faux de penser que les rognures de tonte vont créer du chaume. Au contraire, c'est une matière très azotée qui se dégrade rapidement et qui nourrit la terre. »

« Il faut que les gens évitent de comparer leur pelouse aux terrains de golf ; les graminées utilisées sur les parcours sont très différentes, en plus de bénéficier d'un entretien soutenu », affirme Jean-Pierre Parent, préposé aux renseignements horticoles au Jardin botanique.

VERS ET PUNAISES

« Les gros problèmes d'insectes sont attribuables aux vers blancs ou aux punaises velues. Les petites larves ne sont pas très actives au début de l'année, alors on aperçoit les dégâts plus tard dans l'été. Les vers blancs se nourrissent des racines de la pelouse, ce qui forme des plaques de gazon jaune pouvant être aisément soulevées. Quand les vers sont actifs, on peut les voir dans les premiers centimètres de terre. Quant aux punaises, elles font du dégât en juillet quand il fait chaud, principalement dans des sols sablonneux. On peut simplement les retirer à l'aide d'un aspirateur d'atelier. Le ver blanc est toutefois plus dur à traiter de façon biologique ; des nématodes peuvent parasiter les larves de ver blanc, mais ils doivent être introduits quelques semaines après la ponte, soit vers le début du mois d'août jusqu'à la fin de septembre. Ça fonctionne toutefois moins bien en sol argileux, et c'est le type de terrain le plus commun dans le sud du Québec. »

D'AUTRES COUVRE-SOL

« Les graminées sont des plantes qui poussent au soleil, que l'on trouve dans les prairies naturelles. Les fétuques poussent quant à elles bien à l'ombre, mais elles supportent mal le piétinement, contrairement au populaire ray-grass. Aussi, la pelouse ne s'accommode pas très bien de la compétition racinaire des arbres pour l'eau. On peut donc choisir des plantes couvre-sol, comme de la petite pervenche ou du thym serpolet. Mais aucun couvre-sol ne va supporter le piétinement comme la pelouse. Ainsi, on peut mettre des couvre-sol à la base des arbres et des pelouses à faible entretien ailleurs, c'est-à-dire une pelouse de pâturin des prés sur laquelle on a sursemé au fil du temps trèfle et fétuques. »