Les plantes potagères anciennes reviennent à la mode. Plusieurs d'entre elles avaient cédé leur place sur les étals, supplantées par des hybrides nouveaux plus faciles à produire et à conserver. Mais voilà que des variétés patrimoniales au goût particulièrement savoureux retrouvent leur place au potager. En voici quelques-unes.

La crapaudine

Elle serait une des plus anciennes betteraves cultivées. Son origine remonterait au temps de Charlemagne, bien qu'aucune preuve n'existe à ce sujet. Son nom se trouve immortalisé dans un catalogue américain de 1868. Encore considérée comme l'une des meilleures betteraves qui soient, la crapaudine doit son nom à sa peau gercée, rugueuse et noire, rien de bien attirant ! Sa chair est rouge foncé, ferme et sucrée. Sa racine en forme de fuseau peut atteindre 30 cm de longueur. La cueillette commence tardivement, habituellement de 70 à 75 jours après le semis. Exige un sol meuble et profond.

La grosse blonde paresseuse

Elle a été sélectionnée en 1854 par le célèbre grainetier français Vilmorin et a répondu au nom de Cuirassière blonde de Nonpareille ou White Star. La grosse blonde paresseuse est une laitue pommée qui porte bien son nom. Elle pousse lentement :  80 jours entre le semis et la récolte. Mais elle résiste fort bien aux grandes chaleurs. Ronde et grosse, environ 30 cm de diamètre, de couleur vert très pâle tirant sur le jaune, elle a de grandes feuilles extérieures plus foncées qui sont souvent gaufrées. Binez et arrosez régulièrement. Conservez de quatre à cinq plants au mètre.

Le topinambour

« Découvert » par Champlain en 1605, dans la région de Cape Cod, le topinambour était cultivé par les Amérindiens depuis déjà fort longtemps. Il a connu le succès en France avant d'être remplacé par la pomme de terre. La plante doit son nom à une tribu du Brésil d'où venait le tubercule, croyait-on à tort. La plante atteint 2 m et produit de jolies fleurs jaunes en septembre. Il suffit de planter quelques tubercules achetés à l'épicerie pour obtenir une récolte à la fin de l'automne. Plein soleil, sol ordinaire. Attention, elle peut devenir très envahissante ! Enlevez tous les tubercules de terre lors de la récolte et replantez au printemps.

Tendres carottes

Les carottes sont très appréciées des enfants. Faites-leur découvrir des variétés patrimoniales aux coloris inusités. Sélectionnée en 1838 par Vilmorin, la carotte Blanche à collet vert peut atteindre 50 cm de longueur dans un sol profond. Peau et chair sont d'une belle blancheur. Sa cousine suisse, la Blanche de Kuttingen, est plus courte, fuselée et très douce. La Jaune de Doubs est de la même époque. Chair jaune et sucrée. Orange très foncé, la Saint Valéry a été répertoriée en 1871. Chair tendre et sucrée. Ces variétés sont relativement tardives et exigent habituellement de 60 à 80 jours de croissance après le semis.

Chervis à la mode 1460

Tombé dans l'oubli, le chervis est une plante dont on déguste les racines multiples et charnues. Leur chair blanche et douce rappelle le panais, mais elle est plus sucrée. Cette bisannuelle a été cultivée au Moyen Âge et il existe de nombreuses recettes anciennes, dont certaines datent de 1460. Le chervis peut atteindre 1,5 m et tolère les sols très humides. Semis à l'automne ou tôt au printemps. La cueillette a lieu à la fin de l'automne quand le plant est en dormance, ou encore au printemps, avant la nouvelle période de croissance. On obtiendra une récolte des années durant en laissant quelques racines dans le sol.

Melon noir

D'origine française, le melon Noir des Carmes, de type melon brodé, a la peau lisse, côtelée, de couleur verte presque noire qui devient orange à la maturité. Il figure dans le catalogue Vilmorin de 1887, mais on en trouve une illustration américaine en 1817. Sa chair orange est dense, sucrée et parfumée. Il faut semer au début du mois de juin quand le sol est réchauffé. Exige un terreau riche. Arrosage fréquent, surtout à l'apparition des fruits, et désherbage nécessaire. À récolter environ 75 jours après le semis. Diamètre : autour de 15 à 25 cm. Son poids : environ 1 kg.

Tomate universelle

Cultivée au Mexique au cours du XIVe siècle et rapportée en Europe par Cortez, la tomate s'est implantée partout dans l'Ancien Monde. Elle fait alors l'objet d'innombrables croisements et un nombre incalculable de variétés ont été créées. C'est aujourd'hui le légume le plus consommé au monde après la pomme de terre. Plusieurs catalogues offrent ces semences, mais il est un peu tard pour procéder à des semis cette année. Certaines variétés sont offertes dans plusieurs centres de jardin. Des noms à retenir : la « Brandy Wine », la plus populaire, « Noire de Crimée », « Noire charbonneuse », « Blanche du Québec », etc.

Mohawks ou Cherokees ?

Il existe une foule de variétés patrimoniales de haricots, dont plusieurs sont d'origine nord-américaine. Des dizaines sont offertes par catalogue. C'est le cas de la « Kahnawake-Mohawk », dont les origines remonteraient à au moins 200 ans. Certains estiment toutefois qu'il s'agit d'une variété cultivée par les Cherokees sous un autre nom. Ce haricot grimpant se déguste habituellement quand les graines sont sèches. On peut aussi consommer les cosses sucrées à l'état frais avant la maturité et même les manger crues.

Où se procurer des semences ?

Il est facile de se procurer des semences patrimoniales sur l'internet. Il existe de nombreux sites européens et américains spécialisés dans ce domaine. En anglais, utiliser le mot-clé « heirloom ». Au Québec, la Société des plantes de Kamouraska offre un excellent choix. Les Jardins de l'écoumène, de Saint-Damien, dans Lanaudière, vend certains plants.

Photo fournie par la Société des plantes

Comme son nom l’indique, la « grosse blonde paresseuse » pousse lentement.

Photo Bernard Brault, archives La Presse

Le topinambour produit de jolies fleurs jaunes en septembre.