C'est un peu ce que laisse miroiter le chercheur J.-André Fortin, expert en mycologie et professeur au département des sciences du bois et des forêts de l'Université de Laval. C'est que si les morilles sont très rares, elles poussent comme... des champignons dans les forêts de conifères qui ont été ravagées par le feu.

C'est un peu ce que laisse miroiter le chercheur J.-André Fortin, expert en mycologie et professeur au département des sciences du bois et des forêts de l'Université de Laval. C'est que si les morilles sont très rares, elles poussent comme... des champignons dans les forêts de conifères qui ont été ravagées par le feu.

Au début de 2005, par exemple, une scientifique de l'Alaska avait lancé un appel afin d'inviter les cueilleurs à profiter de cette manne puisque que l'État avait été frappé par de nombreux incendies de forêt l'année précédente. Pas moins de 60 tonnes métriques de morilles ont finalement été cueillies durant l'été, durant une période de 55 jours. Quand on sait que les morilles séchées se vendent à un prix de détail variant de 130 $ à 200$ les 500 grammes, on comprend que la manne a profité à plusieurs. Ce champignon est d'ailleurs le plus coûteux au monde après la célèbre truffe.

M. Fortin estime que le nord du Québec connaîtra une situation semblable cette année puisque 400 000 hectares de forêt ont brûlé l'été dernier, notamment dans les bassins des rivières La Grande et Eastmain. La récolte pourrait s'échelonner sur six semaines, estime le chercheur. Le hic, c'est de s'assurer de la présence des champignons au moment opportun, d'informer les cueilleurs sur les techniques de cueillette et le séchage des champignons et de planifier la logistique de l'opération.

Aussi, a-t-il formé récemment un groupe, l'Association pour la commercialisation des champignons forestiers, afin de mieux coordonner ce secteur d'activité et de fournir de l'information sur le sujet. La carte de membre coûte 15$ par année. On se renseigne à l'adresse suivante: j.andre.fortin@videotron.ca.

Des morilles dans votre cour

Il existe deux espèces de morilles au Québec, la morille blonde (celle dont je vous parlais), très grosse, qui pousse parfois en plein coeur de Montréal, sur les gazons, et la morille conique, plus petite mais plus répandue. La première se montre habituellement jusqu'à mi-juin, la seconde est plus hâtive, mais il arrive que les deux poussent en même temps et aux mêmes endroits.

La morille déteste la compétition et préfère un sol un peu alcalin. Après un incendie dans une forêt de conifères, les conditions deviennent idéales. Le mycélium enfoui en profondeur est toujours bien vivant, le feu a détruit toute la compétition végétale en surface et la cendre a réduit l'acidité du sol. C'est un peu en recréant ces conditions que l'on peut aussi cultiver des morilles chez soi.

D'ailleurs le catalogue postal, Horticlub (www.horticlub.com) vend du mycélium de morille afin d'en faire une culture domestique. Le kit est offert autour de 40$. Il s'agit d'un loisir avant tout puisque les chances de succès sont de l'ordre de 50%, indique Fernand Miron, propriétaire de Champignons laurentiens, la firme abitibienne qui produit le mycélium.

Il faut inoculer le sol quand il est froid, dès le dégel. On procède là où le terrain a été perturbé, lors de l'installation d'une nouvelle pelouse, par exemple. À défaut, on passe le rotoculteur sur la future champignonnière. Si tout se déroule bien, on pourra obtenir des morilles au cours de l'automne suivant ou à partir du prochain printemps, et cela durant plusieurs années si les conditions sont propices. La morille est rustique en zone 2 et le mycélium peut se conserver durant un bon mois au frigo.