Ben, c'est d'abord et avant tout un passionné! C'est un gars qui ne fait jamais les choses à moitié! Une de ses grandes passions: la photo!

Ben, c'est d'abord et avant tout un passionné! C'est un gars qui ne fait jamais les choses à moitié! Une de ses grandes passions: la photo!

Un peu avant de prendre sa retraite, Ben s'est acheté son premier appareil photo numérique, un Sony avec un bon zoom. Et depuis, il n'arrête pas de photographier tout ce qui bouge. Sur le disque dur de son PC, il en a des milliers de stockés.

Pourquoi je vous parle de tout ça ce matin? D'abord pour vous dire que la photographie d'oiseaux est de plus en plus à la portée de tout le monde avec ces petits appareils numériques munis de zooms qui grossissent de 10 à 12 ou 16 fois, et ce, pour moins de 1000 $.

Mon ami Ben, qui me fournit à l'occasion des photos pour agrémenter ma chronique, la chance lui court après. Il a le «cul bordé de nouilles» comme disent les Suisses. Je vous raconte l'histoire!

Le 6 septembre, Ben ne voulait pas rater le passage devant chez lui du Queen Elizabeth 2. De belles photos en perspective! Le bateau devait entrer au port de Québec à 7 h 25, donc il devait passer devant chez Ben, dans Bellechasse, vers 6 h.

Au saut du lit, Ben s'en va sur le bord du fleuve pour voir si le grand paquebot se pointe à l'horizon. Il est très tôt et il a du temps.

En descendant vers le fleuve, Ben trouve que ça brasse pas mal fort dans un arbre au-dessus de sa tête. Il lève les yeux et a juste le temps de voir s'envoler un immense rapace, un pygargue à tête blanche immature. L'appareil photo est dans la maison et l'oiseau est parti. Quelle déception!

Quelques jours plus tard, Ben revenait d'une petite virée photographique en Gaspésie. Il s'est amusé à faire tous les phares qu'il a rencontrés sur la côte.

À peine sorti de son auto, son voisin Jean, lui aussi un passionné de photos, lui montre, bien installé au sommet d'un pin à côté de la maison de Ben, notre pygargue à tête blanche immature. Jean est frustré, la pile de son appareil photo est vide.

Ben attrape donc son appareil et s'empresse de le vider de quelques photos - rentrant de voyage, sa carte numérique était pleine - et il s'est mis à mitrailler notre grand rapace. Résultat: une trentaine d'excellentes photos dont celle que je vous offre aujourd'hui, une gracieuseté de Ben.

Voilà, c'est lui, Ben le chanceux! Vous voyez, il ne s'appelle pas Lachance pour rien.

Pygargue à tête blanche

Au moment de son envol, le pygargue déploie ses longues ailes, qui peuvent atteindre deux mètres d'envergure. (Photo: Jacques Samson)

Le pygargue à tête blanche est un oiseau immense, il fait jusqu'à 2,25 mètres d'envergure, ce qui est plus important qu'un grand héron. Sa longueur peut atteindre 94 cm et son poids fait en moyenne 4,3 kg. Certains oiseaux pèsent même 6 kg.

Autrefois, cet oiseau était très présent en Amérique du Nord, mais au moment ou l'Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional a été publié, en 1995, on estimait qu'au Québec, il ne restait à peine que 40 couples reproducteurs. Le pygargue à tête blanche fait partie des espèces menacées.

Ces données se sont sans doute améliorées puisque, à la hauteur de Beaumont, Saint-Michel et Saint-Vallier, on en observe depuis quelques années. On peut même supposer qu'il niche quelque part au sommet d'un grand pin.

À l'âge adulte, avec sa tête blanche, c'est un oiseau tout à fait magnifique. Il prend cependant environ cinq ans avant d'acquérir son plumage définitif. C'est un oiseau qui niche près de l'eau, jamais à plus de 200 mètres, dans les zones où il y a du poisson en abondance.

Il niche dans un arbre, généralement les plus hauts du territoire qu'il choisit. Où il n'y a pas d'arbres, il s'accommode d'un pic rocheux.

Les couples se forment pour la vie, mais si l'un des deux vient à mourir, le mâle ou la femelle se trouve une nouvelle compagne ou un nouveau compagnon.

Quand ils nichent, ils participent tous les deux à la fabrication du nid, mais c'est la femelle qui en organise la disposition. Le nid est généralement très gros et il arrive que le pygargue en construit un nouveau par-dessus l'ancien, année après année.

On a déjà vu des nids qui avaient une soixantaine d'années et qui mesuraient plus de six mètres de haut et pesaient près de deux tonnes. Un nid normal fait de 1,5 à 1,8 mètre de diamètre et atteint 1,2 mètre d'épaisseur.

La femelle pond d'un à trois oeufs et l'incubation dure environ 35 jours. S'il y a plus d'un oeuf, les aiglons ne naissent pas tous en même temps et il arrive parfois que l'aîné tue les plus jeunes. C'est un phénomène très fréquent chez l'aigle royal, cousin de notre pygargue.

Dans les premiers jours, c'est le mâle qui chasse et qui rapporte des poissons aux petits. Ces derniers peuvent voler à l'âge de 10 à 12 semaines.

Le pygargue à tête blanche, malgré sa grosseur, est un oiseau extrêmement agile en vol. C'est un chasseur remarquable qui préfère le poisson, mais qui mange aussi des oiseaux aquatiques, des lapins, des lièvres, des rats et des loutres de mer. Il lui arrive même de se nourrir à des carcasses d'animaux morts. On le voit ainsi manger du chevreuil et de l'orignal. Au printemps, on peut l'observer sur les glaces du Saint- Laurent, où il se nourrit du placenta des phoques qui ont mis bas.

C'est un oiseau très vulnérable aux pesticides.

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Source: L'Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, David M. Bird et Derin Henderson.