Ses colons l'ont défrichée, et leurs descendants n'ont jamais cessé de la cultiver.

Ses colons l'ont défrichée, et leurs descendants n'ont jamais cessé de la cultiver.

L'île d'Orléans est aujourd'hui un vaste jardin, dont 95 % du territoire est «zoné» agricole. Pour une urbaine à l'âme rurale comme moi, c'est le bonheur.

Ma guide Renée Vaillancourt-Lauzière en connaît un bout sur le sujet. Elle a fondé la Ferme Orléans, connue pour sa production de cailles, de lapins, de faisans et de poulets de grain. Aujourd'hui, son fils Patrick a pris la relève.

«Il y a vraiment une nouvelle philosophie en matière d'agriculture», observe-t-elle, alors qu'on admire les champs de toutes les couleurs qui s'étendent à perte de vue.

Auparavant, les cultivateurs de l'île vivaient en autarcie, comblant eux-mêmes la plupart de leurs besoins. Aujourd'hui, ils se sont lancés dans des cultures spécialisées, et parfois complémentaires, comme les patates en été et les endives en hiver.

Les quelques traditionnelles fermes laitières qui demeurent côtoient aujourd'hui les volailles en tout genre, les émeus ou les bisons (que je n'ai jamais réussi à voir). Un lot de productions se sont développées: fines herbes, poivron, poireau, chou de Bruxelles, cassis, vignes, miel, etc.

Mais le grand bonheur de tout ça, c'est que ce sont encore des fermes familiales, à échelle humaine.

Martial Vaillancourt est l'un de ceux qui se sont recyclés. Lui qui faisait autrefois dans la boucherie s'est tourné vers la délicate endive, une production encore rare au Québec.

Sur la terre ancestrale, il sème les minuscules graines au printemps, et récolte en octobre. À ce moment, explique-t-il avec démonstration à l'appui, on coupe les plantes pour ne conserver que les racines. Celles-ci sont ensuite rangées au frigo, au point de congélation, et le producteur les ressort au fur et à mesure de ses besoins, ce qui lui permet de produire toute l'année.

Il fait alors de nouveau pousser les plantes, mais cette fois à la noirceur. Autrement dit, il faut deux productions avant d'obtenir une récolte. Au bout de trois semaines, les jolis légumes jaunes sont prêts.

«La réussite est à 90 % dans le hangar», soumet le cultivateur. Après un an de production complète, il se dit heureux du changement.