Kamouraska, ce n'est pas une région qu'on arpente en un rapide aller-retour motorisé. Il y a trop de poésie dans l'air, trop de beauté, trop de choses à faire, à voir et à manger. Les gens du coin semblent tous s'être donné le mot: «Retenez ce promeneur, prenez-le par l'estomac! Ne le laissez pas repartir».

Kamouraska, ce n'est pas une région qu'on arpente en un rapide aller-retour motorisé. Il y a trop de poésie dans l'air, trop de beauté, trop de choses à faire, à voir et à manger. Les gens du coin semblent tous s'être donné le mot: «Retenez ce promeneur, prenez-le par l'estomac! Ne le laissez pas repartir».

J'adore ce coin de pays. J'y passerais mes étés à kayaker au large des battures, à me gaver du pain de Jochen Niemand et de sa femme Denise, à aider Philippe et Patrice à récolter leurs plantes rares et succulentes. Je mangerais les fabuleux sandwiches d'Hélène, au Café du clocher en piquant une jasette avec Pierre, qui restaure la maison d'à côté et Bertrand Morin, qui y a ses habitudes. J'irais chercher mes homards et mes poissons fumés chez Bernard Lauzier, qui finirait peut-être par m'inviter à pêcher l'esturgeon avec lui. Le samedi matin, je profiterais d'un concert improvisé sur le parvis de l'église; j'arrêterais ensuite au Musée de Kamouraska pour tout apprendre sur l'histoire de la région. J'irais me perdre à bicyclette dans le rang de l'Embarras ou sur la route des Moulins en grignotant les décadents chocolats de Michelle Vallières. Je ferais tranquillement mes courses à la Coop de l'Églantier, à Saint-Pascal. J'irais marcher aux Sept-Chutes ou à la Montagne à Coton. Je me gaverais de couchers de soleil et j'irais observer les pêcheurs d'anguilles lancer leurs filets, en septembre. Je piquerais une pointe jusqu'à Saint-André, chercher de belles laitues et des tomates chez Mme Fortin. J'irais prendre l'apéro à la brasserie Breughel, avant d'atterrir chez Yvon et Isabelle, à La Solaillerie, pour souper. Mais puisqu'il faut bien gagner sa vie, je ne fais que passer dans Kamouraska. Mais j'y reviens toujours!

Boulangerie Niemand

82, avenue Morel, Kamouraska

(418) 492-1236


Les dieux de la gourmandise ont décidé un jour que Jochen Niemand devait quitter son Allemagne natale pour venir porter la bonne nouvelle boulangère aux Québécois. Ils ont donc placé sur sa route de grand voyageur la belle Denise Pelletier, artiste-peintre botaniste-jardinière émérite de son état et propriétaire d'une ravissante maison historique juste en face de l'église de Kamouraska. Le reste appartient désormais à l'histoire.

Amitié, coup de foudre, puis pignon sur rue au village pour cet artisan de grand talent qui a appris son métier à Hagen, auprès d'un père boulanger et d'un grand-père meunier. Depuis 1995, Jochen se lève donc à deux heures du matin pour cuire ses extraordinaires pains au levain de tradition allemande sur la sole. Je n'ai jamais goûté de meilleur pain que le sien. Jamais. On croirait manger du gâteau.

La boulangerie que Denise et lui ont créée dans leur belle maison victorienne est tout simplement ravissante, avec ses présentoirs de bois qui mettent en vedette les créations de Jochen. Des créations à base de farines issues de l'agriculture biologique, qui se hument et s'admirent avant de se goûter: blé entier nature ou enrobé de graines de sésame, de tournesol ou de citrouille, seigle nature ou noix de Grenoble, miche aux raisins et avelines, aux abricots, chocolat noir et amandes grillées, pain aux olives Kalamata, feta, ail et fines herbes. «Surtout, dites à vos lecteurs que le pain ne se conserve pas dans des sacs de plastique! plaide Denise Pelletier. Il a besoin de respirer dans un sac de papier brun, de coton ou, mieux, une huche à pain. Et puis, dites-leur aussi d'apporter leur propre sac, comme en Europe; ça donnerait un petit coup de pouce à l'environnement».

La Fée gourmande

167, avenue Morel, Kamouraska

(418) 492-7700


Cette chocolaterie située à l'entrée du village est aussi un salon de thé où l'on peut déguster des pâtisseries et des plats cuisinés maison. Les glaces sont européennes et onctueuses à souhait. Mais c'est pour les chocolats grands crus de Michelle Vallières que la Fée gourmande est devenue un incontournable. Cette artisane qui a vécu longtemps en Afrique utilise un mélange à 80 % de fèves de Côte d'Ivoire et à 20 % de l'Équateur. Le résultat témoigne d'une expertise exceptionnelle. Truffes à l'amaretto, Zanzibar, orange-gigembre, chardon et citron vert; l'expérience est carrément sensuelle.

Poissonnerie Lauzier

57, avenue Morel, Kamouraska

(418) 492-7988


Bernard Lauzier est fils et petit-fils de pêcheur et poursuit lui-même la tradition. Sauf que l'état de l'industrie de la pêche étant ce qu'il est, ce jeune homme fort sympathique a eu l'heureuse idée il y a sept ans d'ouvrir sa propre poissonnerie. Son fumoir artisanal est le premier à avoir eu pignon sur rue dans le village. Au menu: esturgeon, truite, saumon, anguille fumée en saison. La sélection de poissons et de fruits de mer ultra-frais est impressionnante: flétan, saumon, pétoncles, moules, crevettes nordiques, homard gaspésien. M. Lauzier achète directement de petits pêcheurs qu'il connaît personnellement. Ses poissons marinés maison sont à essayer.

La Ferme des Pèlerins

190, route 132 Est, Saint-André-de-Kamouraska

(418) 493-1063


Ce sont de fidèles lecteurs, François Lemay et Andrée Stein, qui m'ont mise sur la route de cette belle ferme biologique qui vend ses produits sur place, dans un petit kiosque. Qu'ils en soient éternellement remerciés! Depuis bientôt cinq ans, Anne Fortin et son associée Andrée Deschênes se sont installées sur cette belle terre de 60 hectares. Elles y cultivent une trentaine de variétés de tomates, produisent des herbes, du céleri, des poireaux, des carottes, des haricots, de superbes laitues. Elles ont aussi remis en état le magnifique verger. Leur sel de mer aux herbes biologiques s'envole comme des petits pains chauds, tout comme leur pesto et leur compote de pomme. Le voisin d'en face, M. Charles Marois, est producteur de viandes biologiques.

La Société des plantes

207, rang de l'Embarras, Kamouraska

(418) 492-2493


Philippe Méthé et Patrice Fortier ont créé il y a deux ans un jardin extraordinaire sur leurs terres du rang de l'Embarras. Mais dans ce jardin, il n'y a pas de canards qui parlent en anglais comme dans la chanson de Trenet. Plutôt des plantes rares, toutes biologiques, qu'on cultive surtout pour leurs semences. On ne vend pas de légumes, sinon aux chefs de la région. Les plantes vivaces et annuelles sont choisies pour leur facilité d'adaptation à notre climat, leurs qualités gustatives, ornementales, tactiles, médicinales ou pour leur valeur historique. Des légumes dont on avait perdu la trace reviennent donc à la vie grâce aux soins experts et à la passion de ces deux amis.

Philippe et Patrice ont créé un fort utile catalogue, dans lequel on peut choisir parmi une variété de près d'une centaine de semences différentes: topinambour oeuf ou rouge, laitue-asperge, chardon-Marie, radis queue-de-rat, haricot beurre à graine noire, ancolie du Canada et une incroyable variété de tomates: ida gold, principe Borghese, stupice, etc. Patrice souhaite organiser des visites guidées du jardin à compter du mois d'août. Mais il faut absolument téléphoner ou envoyer un courriel pour prendre rendez-vous, parce que l'équipe de jardiniers est toute petite et a un horaire très chargé...