Dans un coin du jardin communautaire Basile-Patenaude, dans le quartier Rosemont, Brunhilde Pradier détient un petit lopin de terre bien précieux. À l'ombre des plants d'au moins cinq légumes et d'un 25 % de fines herbes et de petits fruits- réglementation de la ville oblige- poussent des échinacées, calendulas et autres plantes de la pharmacopée. Pour cette passionnée d'herbes médicinales, l'essentiel de sa pharmacie verte y a sa place sous le soleil.

Dans un coin du jardin communautaire Basile-Patenaude, dans le quartier Rosemont, Brunhilde Pradier détient un petit lopin de terre bien précieux. À l'ombre des plants d'au moins cinq légumes et d'un 25 % de fines herbes et de petits fruits- réglementation de la ville oblige- poussent des échinacées, calendulas et autres plantes de la pharmacopée. Pour cette passionnée d'herbes médicinales, l'essentiel de sa pharmacie verte y a sa place sous le soleil.

«C'est pour ma consommation personnelle mais j'en donne aussi à des amis et à des collègues, raconte cette costumière de plateaux de tournage. Ils viennent me voir et je les soigne avec mes petites gouttes ou des tisanes.»

Celle qui a eu son premier jardin de plantes à 12 ans a fini par suivre, il y a quelques années, une formation d'herboriste thérapeute à l'école Flora Medicina, qui a ses activités en Estrie et à Montréal. «Mon intérêt premier était de faire de la pharmacognosie pour connaître les principes actifs dans les plantes. J'ai appris en me traitant moi-même. C'est plus facile de faire des relations de cause à effet», soutient-elle.

Des herbes populaires

En campagne ou en ville, ils sont de plus en plus nombreux à réserver un coin de leur jardin à des plantes aux vertus curatives, allant des plus banales comme la camomille, le basilic ou la sauge, aux plus exotiques comme l'alchémille des montagnes, la bourse à pasteur ou la pyrèthre d'Afrique.

«L'herboristerie gagne en popularité. Les gens retournent aux sources car ils sont fatigués des gros médicaments chimiques. Ils veulent de plus en plus être partenaires de leur santé et pouvoir faire quelques chose pour eux-mêmes», estime Murielle Cyr, propriétaire du jardin Fil d'herbe à Richelieu, où sont cultivées plus de 200 espèces de plantes.

Valérie Lanctôt-Bédard, qui dit être «tombée dans le chaudron des herbes» il y a plus de 10 ans, décrit l'engouement pour les plantes médicinales comme un juste retour du balancier. «Il y a un aller-retour constant entre le naturel et le chimique au fil du temps.

Quand la pénicilline a été découverte, la médecine conventionnelle a repris ses lettres de noblesse, car on venait de trouver un remède à ce qui rongeait l'humanité. Aujourd'hui, ce qui nous ronge, c'est les effets secondaires de certains médicaments chimiques et c'est pourquoi on revient à quelque chose de plus naturel», explique-t-elle en avouant tirer ses conclusions de sa «bible» des plantes médicinales, Green Pharmacy de Barbara Riggs.

Rien qu'à voir les tablettes des pharmacies, où fleurissent les produits naturels de toutes sortes, pas de doute que le marché des plantes prend de l'ampleur. Au Canada, la consommation de suppléments à base de plantes est en plein essor et dépasse maintenant les suppléments de minéraux: en 1999, 26 % des Canadiens affirmaient faire l'usage d'au moins un supplément à base de plantes, tandis qu'en 2002, ce taux atteignait 38 %.

Jardiniers en herbe

Rien n'est plus facile que de se concocter son propre jardin de plantes. Un petit coin de terre, de l'eau et du soleil, et le tour est joué. Le pouce vert est bien sûr un atout. Pour éviter les mauvaises surprises, Valérie Lanctôt-Bédard déconseille de se procurer les semences ou les boutures dans une pépinière. Souvent débordé, le personnel n'a pas toujours le temps de vérifier que la bonne étiquette figure sur la plante, avec le nom latin correspondant.

À défaut de pouvoir avoir un jardin dans sa cour, Brunhilde Pradier a dû se tourner vers un espace communautaire. Malgré la réglementation de la ville sur la teneur des pousses, elle s'estime tout de même libre de tenter ses propres expériences... ou presque. «J'ai fait pousser de la Stellaria media, une des plantes les plus efficaces pour rafraîchir et pour soulager les rhumatismes, mais j'ai dû négocier avec l'horticultrice de la ville parce qu'elle considérait que c'était de la mauvaise herbe», relate-t-elle.

Valérie Lanctôt-Bédard estime qu'il faut tout de même un minimum de connaissances avant de se lancer. «La meilleure façon de s'informer est de consulter des livres ou le site Internet de la Guilde des herboristes pour savoir reconnaître les plantes et la façon de les utiliser, précise-t-elle. En cas de problème, on a tendance à blâmer la plante au lieu de s'interroger sur la méthode.»