Paléontologue, la jeune Québécoise se spécialise dans l'évolution des vertèbres. Elle s'est établie en Suède pour poursuivre son doc-torat auprès de l'une plus grandes sommités dans ce domaine.

Paléontologue, la jeune Québécoise se spécialise dans l'évolution des vertèbres. Elle s'est établie en Suède pour poursuivre son doc-torat auprès de l'une plus grandes sommités dans ce domaine.

Pepper et Catherine vivent une relation très étroite. Et pour cause : voilà 15 ans qu'ils font vie commune. Catherine avait une douzaine d'années à peine quand elle a adopté son amazone. Et quand elle a su qu'elle devrait déménager en Scandinavie pour y demeurer quelques années, il était hors de question de se séparer de son perroquet adoré.

C'était le début d'un long cauchemar bureaucratique qui s'est heureusement bien terminé, mais qui a nécessité des heures de démarches et de déplacements pour obtenir renseignements, vaccins et autorisations, sans compter les centaines de dollars qu'elle a dû débourser pour que Pepper se rendre à bon port... avec toutes ses plumes.

C'est d'ailleurs dans le but d'aider les propriétaires qui auraient à vivre pareille aventure que Catherine Boisvert a décidé de relater son histoire. «À vrai dire, ce fut presque un emploi à plein temps durant des semaines, dit-elle. L'information est difficile à obtenir et elle est parfois contradictoire. Et à ceux qui trouvent parfois difficile de remplir formalités et paperasse quand ils doivent voyager avec des enfants à l'étranger, je dis : vous n'avez encore rien vu.»

Avant de trouver une compagnie aérienne qui voudra bien trans-porter votre ami emplumé, il faudra obtenir plusieurs documents. D'abord le permis CITES (Convention sur le commerce inter-national des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction; www.cites.org) qui sert aussi de permis d'exportation et cela même si votre oiseau n'appartient pas à une espèce protégée. Pour l'obtenir, on peut s'adresser aux autorités du ministère québécois des Richesses naturelles et de la Faune. Celles-ci exigeront le nom scientifique et le nom commun de la bête, son certificat de naissance ou de ponte ainsi qu'une preuve d'achat, une date de départ et votre adresse à l'étranger. Faites appel à votre vétérinaire pour vous donner un coup de main car vous aurez aussi besoin de lui pour remplir plusieurs autres documents.

Attention! insiste Mme Boisvert. Le permis CITES et ses copies devront être estampillées à votre départ par le douanier canadien pour être valides. La première copie est essentielle pour entrer au pays de destination, la troisième copie restera entre vos mains.

Étape plus ardue encore : il faut obtenir un permis CITES d'im-portation du pays où vous comptez séjourner, en plus d'un certificat de santé qui satisfait aux exigences précises des autorités de ce pays. Le document devra être authentifié par votre vétérinaire et l'Agence canadienne d'inspection des aliments (www.inspection.gc.ca). Certains pays, dont la Suède, exigent que ces papiers soient validés au plus tard 24 heures avant le départ.

Vous devrez aussi vous ren-seigner sur les consignes de quarantaine. Pepper a dû passer six mois à domicile, mais dans certains cas il faut laisser l'animal dans un endroit désigné, ce qui nécessite des frais et une réservation. Il est essentiel de s'y prendre longtemps à l'avance. Plus encore, un rendez-vous (qu'il faudra confirmer la veille du départ) s'imposera avec un vétérinaire à votre arrivée à l'aéroport d'accueil. Cette ultime inspection et les nouveaux formulaires à remplir ont coûté 175 $ à Catherine Boisvert.

Aéroport de transit

Vous n'êtes pas encore décoragés? Continuons. Pepper et sa dévouée maîtresse devaient transiter par Prague, en Tchécoslovaquie, puis voyager avec une autre compagnie aérienne vers Stockholm. Autre cauchemar.

«Ce fut l'étape bureaucratique la plus difficile. Les permis obtenus jusque-là ne sont pas valides pour le pays où vous transiterez même si vous ne sortez pas de l'aéroport. Or, les exigences varient évidemment d'un pays à l'autre et il est excessivement difficile d'obtenir des informations à ce sujet. Aux États-Unis, le permis de transit coûte 200 $. J'ai donc consulté l'ambassade tchèque presque... 100 fois sans réponses satisfaisantes, le plus souvent contradictoires. La semaine avant le départ, je me suis rendue à l'ambassade 10 fois pour finalement obtenir les documents requis quatre heures avant de prendre l'avion. Et dire qu'à mon passage dans la République tchèque, on ne m'a demandé aucun document!»

Tous vos papiers sont en règle? Eh bien! partons. Pas si vite.

Nul besoin de vous dire que Mme Boisvert est «mère poule». Même si les animaux voyagent en avion sans trop de problèmes, la paléontologue estimait que les conditions convenant aux chats, chiens, pythons et autres bestioles ne s'appliquaient pas nécessairement à un oiseau d'origine tropicale. Surtout que les cages restent sur la piste un certain temps avant l'embarquement. À force de persuasion, elle a pu convaincre le personnel de faire voyager Pepper avec elle, dans la section réservée aux passagers, moyennant 150 $ supplémentaires, payés comptant au départ.

Allez! Dites au revoir à tout le monde, nous devons passer l'ins-pection des bagages à main.

«À mon grand désespoir, j'ai réalisé alors qu'il fallait sortir Pepper de sa cage pour traverser la barrière de sécurité avec mon oiseau dans les bras. Le pire, ce sont les autres passagers qui vous taquineront parce que la bête n'a pas apprécié toute cette curiosité dont elle était l'objet. Si vous passez par là, assurez-vous d'avoir en main serviette et gants pour manipuler l'oiseau. Il faut s'attendre aussi à ce que les gardiens jettent un coup d'oeil sur vos permis et autres documents.»

La suite de cette grande histoire d'amour s'est déroulée sans problème. En sécurité près de sa maîtresse, Pepper a dormi durant presque les 10 heures qu'a duré le voyage, se réveillant de temps à autre pour prendre une gorgée de jus d'orange. Il va sans dire qu'ils devront revivre toutes ces tra-casseries au moment de leur retour au Québec.

Signalons par ailleurs que les gens qui voyagent souvent aux États-Unis avec leur animal de compagnie peuvent dorénavant obtenir un permis spécial de CITES d'une durée de trois ans, le pet passport dans le jargon officiel ou certificat de propriété. Le document permettra d'éviter une foule de problèmes administratifs, aller et retour, durant toute cette période, mais vous devrez néanmoins présenter à chaque voyage des certificats de santé. Le document sera délivré dans un délai de six à huit semaines après avoir fourni toutes les informations nécessaires. Environ 400 personnes en sont détentrices actuellement au Canada. On peut obtenir un formulaire en cliquant www.cites.org.

Dans plusieurs pays d'Europre, ce passeport est en vigueur depuis un peu plus d'un an.