«Ma grande passion c'est de sculpter le sol et d'aider à conserver les milieux naturels», dit Daniel Chartier, architecte paysagiste à la Ville de Montréal depuis 28 ans.

«Ma grande passion c'est de sculpter le sol et d'aider à conserver les milieux naturels», dit Daniel Chartier, architecte paysagiste à la Ville de Montréal depuis 28 ans.

Le Conseil des monuments et sites du Québec vient de lui décerner un certificat d'honneur pour souligner son engagement dans la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine paysager dans l'île de Montréal.

Les principales réalisations auxquelles il a été associé concernent l'aménagement du parc régional de l'Île-de-la-Visitation et celui du parc du Mont-Royal, la naturalisation du lac des Cygnes et la création d'un amphithéâtre naturel dans la pointe ouest de l'île Sainte-Hélène.

Avant d'entrer à l'Université de Montréal, Daniel Chartier voulait devenir physicien, mais il s'est plutôt inscrit en architecture. Pendant ses études, il s'est passionné un temps pour les cerfs-volants. Avec des copains d'université, il a monté une exposition de cerfs-volants dans le cadre du Festival d'été de Québec en 1973.

«C'est par le biais des cerfs-volants que j'ai commencé à m'intéresser aux structures légères et aux espaces ouverts. Toutefois, c'est lorsque j'ai travaillé en 1974 à un projet de village olympique temporaire afin de protéger le parc Maisonneuve que j'ai vraiment fait le virage de l'architecture à l'architecture de paysage», raconte-t-il.

L'année suivante, précurseur, il présente avec un collègue d'université une proposition pour faire du mont Saint-Bruno un parc régional. Quelques années plus tard, le mont était acheté par le gouvernement du Québec.

Pendant l'été 1975, il travaille au Bois-de-la-Réparation à Pointe-aux-Trembles, ce qui lui permet de sensibiliser à la protection de l'érablière à cayer que menacent les projets immobiliers. À la fin de ses études, il devint directeur du projet de sauvegarde du Bois-de-la-Réparation et s'intéresse au Boisé-de-l'Héritage, situé non loin de là.

Avec son ami Fabien Lecours, il fonde un groupe de pression «Les Amis du Boisé de la chapelle» qui, en 1978, lance une pétition et recueille 2000 signatures pour la préservation de cet espace naturel. L'année suivante, Marcel Léger, alors ministre de l'Environnement, fait adopter un décret pour sauver le Bois-de-la-Réparation et quelque temps plus tard la protection du Boisé-de-l'Héritage sera assurée. Aujourd'hui, ces deux bois font partie du parc-nature de la Pointe-aux-Prairies.

Fort de ce succès, la Ville lui confie de 1979 à 1981 la préparation d'un plan directeur du parc-nature de l'Île-de-la-Visitation. Il s'occupe aussi de l'aménagement de la piste cyclable qui traverse le parc-nature.

Par la suite, il participe à l'aménagement de différents parcs dont le parc Félix-Leclerc, bordé par les rues Langelier et Bélanger, le parc Jarry, la promenade Bellerive, le lac des Cygnes au parc Jean-Drapeau.

La réalisation dont il est le plus fier concerne la préparation d'un plan directeur en 1991 et 1992 des secteurs du Sommet et de l'Escarpement du parc du Mont-Royal en collaboration avec Lise Cormier et Denis Marcil. Ce plan respectait l'esprit du créateur du parc, Frederik Law Olmsted. Il a ensuite supervisé les travaux d'aménagement qui ont eu cours jusqu'en 1998.

Daniel Chartier demeure en quelque sorte le défendeur de l'idée originale d'Olmsted qui voulait aménager une lente montée vers le sommet, à partir de l'avenue du Parc. «Mon principal combat, c'est de sauver ce concept», insiste-t-il. Verra-t-on un jour la disparition de l'antenne de Radio-Canada pour faire place à un observatoire comme l'avait conçu Olmsted? À ce sujet, il est plutôt discret sachant que l'issue de cette bataille implique plusieurs intervenants à différents échelons.

De la disparition des grenouilles

Que pense-t-il de la disparition des grenouilles sur le mont Royal qui a fait l'actualité ces derniers temps? «Ce n'est pas étonnant puisque les plans d'eau sont complètement disparus à cause de l'intervention humaine. Les années 50 ont été la pire décennie de destruction sur le mont Royal. On a drainé les fossés pour envoyer directement l'eau dans les égouts. Il n'y a plus qu'un seul marécage situé à l'ouest du chalet de la montagne.»

Daniel Chartier a épousé le concept des espaces ouverts tout comme son ami biologiste Claude Thifault. Dans son esprit, un grand parc est une mosaïque où l'on retrouve la forêt relique (d'origine), des clairières, des prairies et des milieux humides de manière à assurer la présence des oiseaux et des petits animaux. En somme, une variété de paysages.

Son plus grand souhait est de transmettre son savoir à la relève afin d'assurer la préservation du mont Royal et des autres parcs qui font le bonheur des Montréalais.