Son mari, Bernard Allard, et elle sont des faiseurs de beaux paysages dans la cour des particuliers de la péninsule. Les pavés et les tuiles ne doivent pas triompher sur la végétation. Autrement, ce serait un désert de béton. Quand bien même il serait élégant.

Son mari, Bernard Allard, et elle sont des faiseurs de beaux paysages dans la cour des particuliers de la péninsule. Les pavés et les tuiles ne doivent pas triompher sur la végétation. Autrement, ce serait un désert de béton. Quand bien même il serait élégant.

Le pavé est sentier. Il s'insinue dans le jardin. Le contourne. C'est, selon elle, pour admirer la végétation qu'on l'emprunte. Il mène à sa contemplation.

Les pavés, tuiles, pierres naturelles ou composites sont, ainsi que les qualifient les paysagistes, des matériaux inertes.

Ils «harnachent» le gazon, les buissons, les plates-bandes et massifs. Ils ne les supplantent pas.

Quant aux murs de soutènement et murets, Mme Boulizon est d'avis qu'ils ne doivent pas voler le regard. Aussi, ne faut-il pas en abuser.

Un muret est là par nécessité, estime le président de Candide Villeneuve Paysagiste de Charlesbourg, M. Daniel Villeneuve. On doit en réduire le heurt visuel en le «naturalisant». En lui incorporant, par exemple, des pierres ou en lui juxtaposant des fleurs.

«Les gens sensibles à la beauté des paysages aménagés n'aiment pas que le béton prenne toute la place», continue M. Villeneuve. Même devant la maison quand bien même l'entrée de garage et les trottoirs en mènent large aux côtés les espaces verts. Imaginez une allée en pavés. On peut la diviser localement. Comme les brins d'une ficelle qu'on séparerait.

Incorporer de la végétation

Au milieu de la protubérance, on peut réunir quelques vivaces. De la sorte, «on allège le béton en lui incorporant de la végétation», déclare-t-il encore.

Bien entendu, les pavés, la pierre, les tuiles de béton, les bordures et pièces de murets doivent être attrayants. Dans le jardin, même le détail doit être bien fringué. Vieillot ou non.

Parmi ces matériaux donc, il y en a qui, par leur «usure» calculée, rappellent le macadam et les ouvrages de l'antiquité gréco-romaine. À moins que, comme Permacon le fait, les «pavés» induisent les pierres de vieille forge. Bien qu'en béton, ils ressemblent tant à la pierre taillée et usée par les vents et les pas.

Ils sont multiformes. Souvent autobloquants et s'imbriquant étroitement. Parfois, ils ne s'apparient pas du fait de leur contour irrégulier ; dans ce cas, chacun impose la distance. Alors, on les assiégera de thym serpolet ou de sable.

Par ailleurs, avec leurs couleurs gris silex, grès, brun galet, beige nuancé de rouge ou vert ardoise et leur texture finement «tourmentée», ils donnent souvent lieu à de piquantes compositions. Celles-ci seront droites, zigzagantes ou circulaires.

Les «chemins» peuvent conduire à une table et des chaises, constate Mme Boulizon. Mais ils peuvent aussi bifurquer pour révéler une rosace dont les pavés paraissent biseautés. Comme une visuelle en flânant. Plus loin, une excroissance laisse découvrir, imagine cette dernière, un jardin aride. «Comme on n'en voit qu'en Gaspésie», se défend-elle. Le regard est soudain dirigé sur une souche de grève sur sable et galets.

Il se fabrique chez nous des pavés de choix, plaide Mme Kati Vachon, copropriétaire de L'Art du paysage, une entreprise de paysagement de Saint-Éphrem de Beauce.

Ils sont très durables, insiste-t-elle. Et très stables. Pour peu cependant qu'ils présentent une épaisseur de 2 po 3/8 à 3 po 1/8 et qu'ils soient posés sur un substrat (fondation) conforme aux prescriptions du Bureau de normalisation du Québec.

Les pavés de 2 po, vous pouvez vous en accommoder. Si vous voulez. C'est vrai, ils sont économiques, plus légers, plus facile à installer. Mais pour la résistance et la bonne tenue à long terme, il faudra repasser.

«Il faut faire pour que tout ne soit pas à refaire dans cinq ans», insiste Mme Vachon. Quand on recommence, il faut allonger une nouvelle fois de l'argent sans compter les inconvénients du chantier.

Au lieu de pavés, mais si leur destination le permet, on peut employer de la pierre de silice. Elle est beige, gris bleuté et d'apparence stratifiée.

À moins qu'on ne préfère la «pierre composite» Néolitech, plaide M. Villeneuve. Elle est fabriquée dans la région de Portneuf. Faite à base de béton, elle imite la pierre naturelle à s'y méprendre. Sa masse, par opposition à la pierre naturelle, est d'égale résistance et ses arêtes sont arrondies.

Le paysagiste n'appréhende pas le terme de celle-ci. À moins d'accident ou d'usage abusif. Elle est faite pour durer. Bref, c'est une «pierre inventée» noble. Et si vos moyens sont considérables, lorgnez l'ardoise ou le marbre.

Béton estampé

Rédacteur dans la revue Québec Vert (Éditions Versicolores) et architecte paysagiste de Charny, M. Dany Boucher propose l'emploi du béton estampé, coffré et coulé. Il est coloré ici dans la masse, là en surface. Puis, enduit d'un «scellant». Vous pouvez lui donner l'apparence et la forme de la pierre naturelle, de l'ardoise et autre. Si bien établi, il tiendra, d'après lui, des décennies durant.

On peut, en fait, l'employer dans l'entrée de garage, comme trottoir, sentier et tour de piscine. C'est selon.

M. Boucher, d'un autre côté, se souvient. Il y a cinq ou six ans, l'industrie à «introduit le pavé vieillot». Heureux substitut à la pierre naturelle qui n'était pas facile à mettre en place en raison de son épaisseur inégale et son revers si irrégulier.

«Les particuliers étaient prêts à recevoir ces pavés aux accents exotiques», déclare l'architecte. Ils correspondaient à leurs souvenirs de voyage ou leur renvoyaient les images d'admirables jardins anglais et français qu'ils avaient vues dans de beaux livres.

À présent, les gens habillent leur cour. Par quête d'un bien-être sûr. Mais ils ne le font qu'après avoir endimanché le devant de leur maison, note M. Boucher. Avant le cocooning, la fierté.

Les tuiles font encore bonne figure

Tandis que les pavés de béton font la pluie et le beau temps, les tuiles ou dalles, plus formelles au demeurant, gardent le cap.

Carrées ou rectangulaires, elles sont disposées en damier ou en quinconce. Lorsqu'elles font tandem, elles donnent matière à des agencements cartésiens que la couleur et la texture vivifient.

Un examen du catalogue Permacon, meneur québécois en matière de pavés de béton, fait découvrir aussi des tuiles aux textures et tons d'ardoise, de granit non poli, de granulats. D'autres, superbes, sont nuancées de rouge et noir. Enfin, certaines décalquent des pavés aux arêtes arrondies.

L'épaisseur des tuiles est de moins de 2 po. Bien sûr, elles ne sont pas conçues pour les entrées d'automobile. Les pavés, oui. Quoique symétriques, elles peuvent à certaines conditions donner de l'accent à votre «décor paysager». Elles semblent parfaites, en tout cas, pour les trottoirs et terrasses.

Modération

Mais n'abusez pas, dans votre jardin, de pavés et tuiles de même ton que le revêtement de votre maison. Vous risquez la monotonie, plaide le propriétaire et directeur général de Candide Villeneuve Paysagiste de Charlesbourg, M. Daniel Villeneuve. Ce pourrait être d'un ennui mortel.

Par contre, on ne fait pas un sentier tourmenté si un membre de la famille doit s'y déplacer en chaise roulante. Tandis que la surface où doivent être installés la table à repas et ses chaises doit être assez uniformes.

Enfin, recommande-t-on dans l'opuscule Réaliser son aménagement paysager (Collection terre à terre), il faut résister à la tentation d'aménager un sentier pour des raisons esthétiques seulement. Sinon, les gens de la maison pourraient le délaisser pour s'en créer un autre à force de fouler le sol de leurs pas.

Dans le quartier Montcalm à Québec, on trouve un petit coin de France dans la cour d'une résidence. L'emplacement de l'automobile, par exemple, est fait de pavés de La Rochelle, croit-on.

Ils proviennent de vieilles rues démantelées de Montréal. Elles étaient construites de pierres de France qui avaient servi de lest aux bateaux qui, au temps de la colonie, venaient ici quérir des marchandises. C'est par les soins de leur paysagiste que les propriétaires en ont eu.

Ces pavés sont grossièrement équarris. Ils ne paient pas de mine, mais ils ont néanmoins de l'histoire et de l'esprit.