Le Bas-Canada, toile de fond de notre série de reportages sur l'architecture de cette époque, a existé comme entité politique de 1791 (en vertu de l'Acte constitutionnel) à 1840 (entrée en vigueur de l'Acte d'Union).

En 1791, le gouvernement britannique remanie ses colonies, sépare le Haut-Canada du Bas-Canada et alloue officiellement un territoire aux loyalistes, de la baie Missisquoi au lac Memphrémagog. Dans la foulée, le gouverneur général Alured Clarke annonce la création de 95 cantons. 

L'an 1791, c'est 31 ans après la Conquête et 15 ans après la déclaration d'indépendance des États-Unis. À ce moment, quelque 3000 loyalistes, déjà, ont trouvé refuge, depuis une vingtaine d'années, dans les secteurs qu'on nommera plus tard Montérégie et Cantons-de-l'Est. Arrivés par le lac Champlain, ils ont formé une première colonie de loyalistes aux abords de la baie Missisquoi, au nord-est du lac.

Premier contingent 

En 1783, par le Traité de Paris, la guerre d'indépendance américaine est terminée et les Britanniques se retirent des terres américaines, laissant des loyalistes dans le désarroi. Moins d'un an plus tard, en 1784, un premier contingent de 350 loyalistes s'installe à Baie Missisquoi (qui sera plus tard Philipsburg). Ils sont une dizaine de familles américano-hollandaises, provenant des comtés de Dutchess et d'Albany, dans l'État de New York. Parmi eux : Simon Lyster, qui pratique le métier de forgeron. Il aura tôt fait de construire une habitation en pièce sur pièce et torchis, celle-là même qu'occupent maintenant Louise-Esther Fortin et Yves Préfontaine.

Les Cantons-de-l'Est ouverts, maints loyalistes de descendance allemande s'installent à Philipsburg, nom qui apparaît officiellement en 1812. Environ 30 000 loyalistes se sont établis dans les Maritimes, et quelque 10 000 au Québec.

Vestige de pionnier 

La maison Simon Lyster est l'une des plus vieilles habitations pionnières loyalistes du Québec, sinon la plus vieille, d'après les informations recueillies par le Musée Missisquoi.

Plusieurs forgerons se sont succédé au fil du temps dans cette habitation, dont on ne voyait plus les murs d'origine, à force de rénovations et d'agrandissements. En 1977, la propriété a échu à un héritier, Gordon Craig, qui, désireux de vendre son lot, voulait le débarrasser de cette vieille cabane plus ou moins laissée à l'abandon.

C'est le fils de ce propriétaire qui, en enlevant le parement de clin et le papier goudronné, a découvert les robustes pièces de pruche qui constituaient le mur, et la valeur historique de la maison, rapporte le photographe-journaliste Robert Galbraith. Personne, dans le village, ne se souvenait de la nature véritable de cette maison.