La droite américaine a recruté un allié-surprise dans sa campagne contre la réforme du système de santé de Barack Obama. Il est polyglotte, est diplômé de l'Université d'Oxford et siège au Parlement européen à Strasbourg. Et il possède une éloquence qui rappelle celle d'un certain Tony Blair.

Daniel Hannan, député européen conservateur, est la nouvelle coqueluche du réseau d'information Fox News et consorts depuis quelques semaines. Son message?

Les Américains ne doivent pas imiter le système de santé «socialiste» de la Grande-Bretagne, le NHS (National Health Service).

À l'émission Freedom Watch, sur Fox News, il a affirmé le 5 août à l'animateur Andrew Napolitano: «Je ne souhaiterais le NHS à personne... Les listes d'attente sont interminables et le taux de survie est faible. Il vaut mieux tomber malade aux États-Unis qu'en Grande-Bretagne.»

Une semaine plus tard, il déclarait à un Sean Hannity mielleux, encore sur Fox News: «Je trouve incroyable que vos citoyens veuillent placer le droit de vie et de mort entre les mains d'un État bureaucratique!»

Opinions excentriques

Daniel Hannan a répété plusieurs fois que le NHS était une «antiquité». «C'est le troisième employeur en importance au monde. Électoralement, c'est impossible de s'en débarrasser.»

Ses déclarations ont donné des munitions aux pourfendeurs de Barack Obama. Et elles ont fait l'effet d'une bombe en Grande-Bretagne, où la population s'est spontanément ralliée derrière le NHS dans une campagne sur Twitter.

Le député, fervent thatchériste, a forcé le chef de son parti, le conservateur David Cameron, à interrompre ses vacances pour rétablir le tir. «M. Hannan a des opinions excentriques... Nous appuyons entièrement le NHS», a affirmé M. Cameron à des journalistes devant sa maison.

Le ministre de la Santé, Andy Burnham, a accusé Daniel Hannan d'être antipatriotique et a demandé à David Cameron hier de l'expulser de son parti.

Un franc-tireur

Élu au Parlement européen en 1999, Daniel Hannan agit comme un franc-tireur dans son parti. L'eurosceptique de 37 ans est l'auteur d'un essai proposant un système de «comptes d'épargne santé», comme à Singapour.

Toutefois, c'est sa fougueuse harangue contre Gordon Brown qui a soufflé la droite américaine. Lors de la visite du premier ministre britannique au Parlement européen en mars dernier, M. Hannan avait vilipendé ses programmes de dépenses contre la récession.

«Les électeurs voient ce que les marchés boursiers ont déjà vu: vous êtes le premier ministre défait d'un gouvernement défait», avait-il conclu. Son discours a été vu 2,5 millions de fois sur YouTube.

À cette époque, les républicains étaient à court d'arguments contre le plan de sauvetage onéreux de Barack Obama pour sortir les États-Unis de la crise économique.

Le lendemain de la sortie de Hannan, le républicain Rush Limbaugh déclarait à son émission de radio: «Les républicains à Washington devraient apprendre une leçon de courage de cet homme.»

Désormais, Daniel Hannan est le politicien britannique le plus aimé de la droite américaine depuis Tony Blair.