À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : le souriant Beau Temps, pour vous aider à patienter encore un peu.

Pourquoi en parler ?

Beau Temps a ouvert en formule sandwichs et vin à emporter en décembre 2020. C’étaient d’excellents sandwichs. Mais le chef, William Cody, ne se voyait pas travailler entre deux pains pendant longtemps. Le sommelier, William Saulnier, n’avait pas plus envie de remplir sa cave jusqu’à plus soif pour une salle vide.

Puis les réouvertures et refermetures se sont succédé. Le restaurant a eu du succès avec ses concepts estivaux de crabe et de homard. Mais quand la vraie expérience Beau Temps a fini par voir le jour, elle est malheureusement passée sous le radar. Remédions à cette situation et permettons à cette belle table de briller un peu plus et de répandre ses bonnes ondes.

Qui sont-ils ?

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William Cody est chef et copropriétaire de Beau Temps. Son associé, William Saulnier, est sommelier et responsable de la salle.

Les « deux Will » forment un solide tandem. Ils ont travaillé ensemble au restaurant Les 400 coups pendant quelques années. Puis, le chef est parti ouvrir Maïs, une taqueria festive qui a fait vibrer pendant sept ans le local où se trouve maintenant Beau Temps. Le sommelier, lui, a ouvert le Hoogan et Beaufort avec Marc-André Jetté.

C’est à l’été 2018 que les ex-collègues se sont retrouvés… dans une ruelle ! William Saulnier a repris la carte et le service du Parasol, délicieuse petite table estivale à l’arrière du Maïs. Avec leur associé Peter Popovic (pizzerias Magpie), les Will ont décidé d’amener le Parasol et sa cuisine locale à l’intérieur. Depuis l’été 2020, la ruelle est maintenant réservée aux Shack du crabe et Shack du homard pour la haute saison de ces trésors gaspésiens et madelinots (jusqu’à la fin de juin). En juillet et en août, le Beau Temps se répandra partout, le gril se rallumera à l’arrière et les petites assiettes pleines de fraîcheur et de créativité circuleront librement de l’avant à l’arrière.

Notre expérience

  • Il ne faut surtout pas avoir peur de la langue de bœuf. Sous ces fines tranches, une salade de céleri-rave.

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    Il ne faut surtout pas avoir peur de la langue de bœuf. Sous ces fines tranches, une salade de céleri-rave.

  • Le spaghetti au crabe est un incontournable de la saison.

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    Le spaghetti au crabe est un incontournable de la saison.

  • Cette tartelette au chocolat avec topinambours confits relève du génie.

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    Cette tartelette au chocolat avec topinambours confits relève du génie.

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C’est un mercredi soir bien tranquille. On se pointe à deux sans réservation. Le comptoir est à nous. Et même s’il n’y a que trois autres tables dans la salle longiligne, on n’a pas une impression de restaurant mort. Il faut un moment avant qu’on réalise que c’est peut-être une question de… son. C’est surprenant à quel point la bonne musique dans le bon contexte peut faire toute la différence. Afrobeat, pop, hip-hop instrumental et joyeux nous mettent dans de bonnes dispositions. Au moment de payer l’addition, le Will de salle nous apprend que c’est le Will de cuisine qui mitonne les listes de lecture. Il n’a pas que du flair aux fourneaux, ce chef !

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L’image de marque du Beau Temps a été développée par Charlène Sepentzis.

Mais la cuisine demeure sa grande force, comme en témoignent tous les plats que nous dévorons ce soir-là. Les primeurs maraîchères se font encore attendre. Et c’est justement la capacité de la petite équipe (cuisiniers recherchés, comme partout !) à produire encore de l’émerveillement en avril avec du céleri-rave, des patates et des topinambours qui nous impressionne le plus lors de cette visite spontanée.

Les pommes dauphine, friture de purée de pomme de terre et de pâte à choux, sont parfaites pour calmer un appétit enragé, sans l’assommer complètement. Malgré leur apparence « cochonne », elles flottent sur la langue ! Avec leur assaisonnement façon Old Bay (sel de céleri, poivre, piment, etc.), les boulettes sont bonnes telles quelles, mais divines lorsque trempées dans la mayonnaise à l’ail vert. Les endives bien croquantes, elles, font trempette dans un yogourt fumé agrémenté de pacanes et de morceaux d’orange Cara Cara. La fraîcheur de cette entrée est inouïe.

Il ne faut surtout pas avoir peur de la langue de bœuf. Elle est servie en tranches très fines, telle une charcuterie, qui recouvrent une belle salade de céleri-rave au babeurre. Et arrive ZE produit de saison, le crâââââbe ! Au prix qu’il affiche ce printemps, on n’en voudra pas au chef de le mélanger avec une généreuse portion de spaghetti. Relevé au piment jalapeno et texturé par une belle chapelure, ce plat est d’un réconfort bienvenu par cette fraîche soirée.

Comme nous sommes incapables de choisir entre les deux desserts, allez hop ! on prend tout. La tartelette au chocolat avec praliné de tournesol et « bonbons » de topinambours relève du génie. Le mariage d’ingrédients locaux (ou voisins !) et de délices d’ailleurs est également très réussi dans l’assiette de pêches de l’Ontario fumées, conservées l’été dernier, de pain de Gênes déchiré (gâteau à base de farine d’amande), de crème anglaise et d’amandes Marcona.

Dans notre verre

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Pour s’accorder avec l’ambiance très décontractée du Beau Temps, William Saulnier favorise les vins de plaisir. Son plaisir.

Aux 400 coups et au Hoogan et Beaufort, William Saulnier a évolué dans un cadre classique. Il en a conservé les manières. Son service est sans faille. On le remarque à peine, sauf pour les bonnes raisons : un trait d’esprit, des assiettes vides qui disparaissent sans qu’on s’en rende compte, une suggestion de vin qui fait mouche. Pour s’accorder avec l’ambiance très décontractée chez Beau Temps, il favorise les vins de plaisir. Son plaisir. « Si j’ai envie d’en boire une bouteille à moi seul, c’est sur la carte ! », admet le sommelier. Comme nous faisons parfaitement confiance à ses goûts et à cette approche intuitive, nous écoutons (et apprécions) ses recommandations : une bulle rafraîchissante d’Orsi, le chenin/sauvignon de Clément Baraut « Herbes folles » qui fait saliver et le juteux et floral grolleau noir de La grange aux belles.

Bon à savoir

Il y a moyen de manger sans viande ici et certaines adaptations véganes sont possibles. Les toilettes sont au rez-de-chaussée, mais petites et pas particulièrement adaptées aux personnes à mobilité réduite.

Prix

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Beau Temps est installé dans le local qui abritait jadis Maïs, boulevard Saint-Laurent.

Les prix suivent les formats et le coût de base des ingrédients. Les plus petits plats coûtent de 10 $ à 17 $. Les plus costauds avec protéine animale (moins nombreux) oscillent autour de 36 $. L’envie de sucre est comblée pour 10-12 $.

Information

Beau Temps est ouvert du mercredi au samedi, de 17 h à 23 h.

Beau Temps, 5439, boulevard Saint-Laurent, Montréal

Consultez le site du restaurant