Alors que la fermeture des salles à manger des restaurants se prolonge, nos critiques vous présentent les meilleures options de plats à emporter en ville. Aujourd’hui : L’Express.

Le projet

Fondé en 1980, aménagé par l’architecte Luc Laporte, un leader de sa génération qui a façonné un style montréalais en s’inspirant notamment des brasseries parisiennes – on lui doit aussi des classiques comme le Laloux, le Lux, maintenant disparu, le Valois, dans Hochelaga-Maisonneuve, le Leméac –, le restaurant L’Express, rue Saint-Denis, est un classique parmi les classiques. Ouvert à la fois tôt et tard, on y va pour manger des plats qui traversent le temps sans jamais fanfaronner, sans jamais prendre une ride. Os à moelle, canard confit en salade, tartare, rognons… Mais L’Express, c’est aussi beaucoup un lieu où on va pour l’ambiance, pour voir du monde, pour être au cœur de la vie en ville. D’ailleurs, le site web du restaurant fait jouer le bruit d’une salle bien remplie en trame sonore. Ça donne le ton. Si on m’avait dit, en 2019, que L’Express se mettrait à faire des commandes pour emporter, j’aurais probablement été incrédule. « Mais non, tout est dans l’expérience sur place », aurais-je sûrement rétorqué. Assise au comptoir, en plus. Mais même les institutions doivent s’adapter. Et aujourd’hui, L’Express propose des plats à emporter. Eh oui, on peut manger de la mousse de foie avec des cornichons et de la baguette grillée à la maison. Et même s’il manque tristement la cacophonie des lieux, c’est aussi bon.

On mange

La carte du restaurant « à emporter » est assez semblable à celle que l’on croisait en allant manger sur place. Les valeurs sûres sont au rendez-vous. Comme la mousse de foie, si délicate et savoureuse, les cornichons, qu’on nous apporte normalement toujours au début du repas. Je suis tombée aussi goulûment dans le potage à l’oseille, un incontournable qu’on ne mange que là. À la fois très riche et légèrement acide, grâce à ces feuilles qu’on ne cuisine pas assez au Québec, très vert, le potage a une personnalité unique. On l’achète au litre. J’en ferais des réserves pour qu’il me réchauffe de ses airs printaniers à chaque retour d’une marche ou d’une journée de sport d’hiver. Les raviolis ? Même chose. Ils réconfortent, rassasient, sont costauds, fiables. Là encore, on plonge dans des goûts d’adulte, car la farce à la viande est un mélange de veau, de porc et de bœuf. Est-ce que j’ai adoré le saumon frais au cerfeuil ? J’aurais préféré qu’il soit moins cuit en le recevant, mais la sauce au cerfeuil m’a rappelé ce que j’aimais de ce restaurant : l’utilisation d’ingrédients de la cuisine française classique qu’on a trop tendance à oublier. À ne pas manquer, l’osso buco, avec risotto au safran, pour la viande très tendre et le gros os de jarret rempli de moelle. Et en entrée, le ceviche de pétoncles ! On le prépare avec du fenouil, mais aussi des fraises de serres dont l’acidité hivernale accompagne parfaitement bien la préparation. Belle trouvaille. Et finalement, si vous prenez du dessert, je vous recommande chaudement le baba au rhum. Moelleux, généreusement imbibé de rhum bien parfumé, il donne envie de traîner tard dans un bistro allumé, mais aussi au bord du feu. Les plus gourmands y ajouteront eux-mêmes de la Chantilly. Du bonheur bien sucré.

À boire

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

La totalité des bouteilles de la cave à vin de l'institution est proposée aux clients qui achètent pour emporter.

L’Express, et son sommelier Mario Brossoit, a décidé d’offrir toute sa célèbre cave de grande classe aux clients qui achètent pour emporter. On trouve la liste sur le site web en cliquant sur La Cave. Et là, sur les deux listes, la principale et la parallèle, avec des vins plus chers et plus rares, on a de quoi satisfaire tous les goûts – plus modernes, plus traditionnels, plus européens, plus Nouveau Monde, même si les vins français y sont prépondérants – et tous les budgets.

À savoir

Normalement, L’Express est ouvert tout le temps, mais le service à emporter est plus restreint côté horaires. C’est ouvert les mercredi et jeudi, entre midi et 18 h – appelez au 514 845-0673 le plus tôt possible pour donner vos commandes pour la journée même –, et ensuite, la cueillette se fait sur rendez-vous, à partir de 14 h, puis les vendredi et samedi, entre 10 h et 18 h, et la cueillette est toujours sur rendez-vous, mais à partir de 13 h. Les plats chauds arrivent dans des sacs plastiques scellés qu’on fait réchauffer dans de l’eau bouillante. Il est possible aussi de devoir terminer certaines cuissons à la poêle. Des instructions, très claires, sont fournies avec la commande.

> Consultez le site de l'Express