Les travailleurs du réseau de la santé qui ne seront pas vaccinés contre la grippe A (H1N1) pourraient être retournés à la maison, à leurs frais, s'ils représentent un risque de contagion élevé pour les malades.

«On ne peut pas obliger un employé à se faire vacciner. Mais si le fait de ne pas être vacciné représente un risque de contagion, on peut demander à ce qu'il y ait un retrait du travail», a indiqué le ministre de la Santé, Yves Bolduc, en conférence de presse.

Il s'agit d'une mesure exceptionnelle prévue dans la loi, pas seulement en cas de pandémie. Tous les employeurs peuvent demander à un travailleur de retourner à la maison s'ils jugent que l'employé n'est pas en état de travailler ou qu'il représente un risque pour les autres.

Les indicateurs montrent que l'indice grippal est en train de reprendre de la vigueur au Québec. La santé publique s'attend d'ailleurs à ce que la grippe A (H1N1) frappe bien avant Noël.

Comme la campagne de vaccination doit débuter au début du mois de novembre - dès la fin octobre si le vaccin est disponible plus tôt -, les personnes vaccinées auront le temps de développer leur immunité.

Pour aider la population à évaluer ses symptômes, chaque foyer recevra par la poste au cours des prochains jours un guide d'auto-soins. Il s'agit essentiellement de conseils pour se protéger de la maladie et pour se soigner ou soigner un proche, le cas échéant.

Le guide vise aussi à aider les gens à mieux évaluer leur degré de maladie afin de ne pas engorger inutilement les hôpitaux et les cabinets médicaux.

Collaboration des employeurs

En ce sens, le gouvernement espère d'ailleurs obtenir la collaboration des employeurs. Dans le contexte d'une pandémie, ils ne devraient pas exiger d'un travailleur malade un certificat médical après une absence de quelques jours.

Nous demandons aux employeurs «de faire preuve de souplesse, de flexibilité dans l'application des règles usuelles de gestion de l'absentéisme pour éviter de créer un achalandage indu dans le réseau de la santé», a déclaré le coordonnateur gouvernemental en sécurité civile, Michel C. Doré.

Sensibilisation auprès des travailleurs

De la sensibilisation devra aussi être faite auprès des travailleurs. Un sondage CROP commandé par l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés a révélé hier qu'un travailleur sur quatre irait travailler même si lui ou l'un de ses proches contractait la grippe A (H1N1).

Tout en répétant que le vaccin demeure la meilleure protection contre la grippe A (H1N1), les responsables de la santé publique sont visiblement inquiets que la population ne se fasse pas vacciner.

Le ministre Bolduc dit tout de même espérer que la moitié de la population se fasse vacciner. «Il faut même être plus ambitieux et viser 80% de la population», a-t-il ajouté.

Mais la réticence face à la vaccination est forte. La Fondation pour la liberté de choix en santé, une coalition mise sur pied il y a quelques mois, organise d'ailleurs une manifestation demain midi, devant les locaux de la santé publique à Montréal.

«La vaccination est l'une des solutions. Est-ce que c'est la meilleure? C'est ce qui est remis en question», souligne Pierre Mathieu, l'un des porte-parole.

Le Dr Barrette donne l'exemple

Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Gaétan Barrette, en a assez des doutes qui subsistent sur le vaccin. Au point où il a réalisé une vidéo, qu'on peut visionner sur YouToube (voir ci-dessus), pour sensibiliser la population à l'importance d'être vacciné contre la grippe A (H1N1). Chaque année, ni lui ni sa famille ne se font pourtant vacciner contre l'influenza saisonnière, explique le Dr Barrette. Mais cette fois, c'est sérieux et toute sa famille sera vaccinée, ajoute-t-il.