Un homme de 36 ans arrêté la semaine dernière pour proxénétisme et agression sexuelle d’une adolescente de 14 ans était un employé du CISSS de Laval et travaillait comme concierge au centre jeunesse de Laval, a appris La Presse.

La Sûreté du Québec a diffusé un communiqué, lundi, pour annoncer l’arrestation de Serge-André Exil-Florestal. Le résidant de Laval a été placé en détention et a comparu devant un juge au palais de justice de Gatineau, où il a été accusé de proxénétisme à l’égard d’une personne âgée de moins de 18 ans, contacts sexuels, production de pornographie juvénile et agression sexuelle de mineure.

Selon les documents judiciaires, la victime alléguée était âgée de 14 ans et aurait été sous son emprise entre novembre 2023 et février 2024. M. Exil-Florestal l’aurait poussée à offrir des services sexuels contre rémunération à Laval et à Gatineau.

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Le centre jeunesse de Laval

Selon une source qui a connaissance du dossier, l’adolescente était en fugue. Elle correspond exactement au genre de clientèle vulnérable qui est hébergée au centre jeunesse de Laval. Elle aurait été contactée sur l’application Snapchat.

Pour l’instant, les gestes reprochés à M. Exil-Florestal ne semblent pas liés à son emploi. La Sûreté du Québec affirme toutefois que son enquête démontre que l’accusé « pourrait avoir fait d’autres victimes et pourrait avoir communiqué avec ces dernières via les réseaux sociaux ». Les policiers invitent d’ailleurs « toute personne qui aurait de l’information sur Serge-André Exil-Florestal ou ses agissements » à se manifester. L’enquête a été confiée à l’Escouade intégrée de lutte contre le proxénétisme.

Suspendu de son emploi

Au centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, on indique avoir été informé de la situation le 2 mai et avoir procédé à la suspension de Serge-André Exil-Florestal. Ce dernier travaillait depuis un an « à l’entretien ménager dans divers secteurs du centre jeunesse », indique par courriel la porte-parole du CISSS, Marie-Ève Despatie-Gagnon.

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La cour intérieure du centre jeunesse de Laval

« Considérant cette situation, les intervenants restent à l’affût de réactions et des possibles dénonciations des jeunes. Ils sont habilités à les soutenir. Les employés du programme jeunesse et de la protection de la jeunesse sont dans l’obligation de signaler toute situation qui sortirait du cadre éthique, qui mettrait la sécurité ou le développement d’un enfant en danger », note Mme Despatie-Gagnon.

Celle-ci confirme que les antécédents judiciaires du trentenaire avaient été vérifiés avant son embauche, comme dans le cas de tout employé.

[Serge-André Exil-Florestal] n’avait aucun antécédent judiciaire au moment de son embauche.

Marie-Ève Despatie-Gagnon, porte-parole du CISSS de Laval

M. Exil-Florestal demeure détenu à Gatineau pour l’instant. Il doit revenir devant un juge ce vendredi, afin de déterminer s’il peut être libéré sous conditions pour la suite du processus judiciaire. Son avocat, MAndrew Smith-Grégoire, n’a pas voulu discuter des conditions qui pourraient lui être imposées, mais a confirmé être en discussion avec la procureure de la Couronne à cet effet. « On est au début des procédures, on ne fera pas de commentaires à ce moment », a-t-il expliqué.

Proxénétisme en 2016

En 2016, le centre jeunesse de Laval s’était retrouvé dans l’actualité après que trois jeunes femmes qui y étaient hébergées avaient fugué et s’étaient retrouvées dans un réseau de prostitution. À l’époque, le CISSS de Laval avait reconnu que le centre jeunesse était un « bassin potentiel » pour les proxénètes considérant la vulnérabilité de la clientèle qui y est hébergée. L’établissement s’était dit « très préoccupé » par le fait que les proxénètes recrutaient les jeunes filles par l’entremise des réseaux sociaux.

Présidente sortante du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Laval, Marjolaine Aubé avait pris la parole à l’époque parce que sa fille avait été parmi les victimes. Le fait qu’un agent d’entretien ménager du centre jeunesse ait été arrêté pour proxénétisme est « malheureux », dit-elle. Mme Aubé souligne que considérant la vulnérabilité des jeunes qui y sont hébergés, l’établissement est une cible de choix pour les proxénètes.

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La présidente sortante du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Laval, Marjolaine Aubé, en 2016

« C’est sûr qu’ils trouvent tous les moyens pour entrer là. Le CISSS a le devoir de vérifier les antécédents avant l’embauche, mais aussi de faire des vérifications [par la suite] », dit-elle.

Rectificatif
Le titre de cet article a été modifié pour refléter le fait que le concierge du centre jeunesse était employé par le CISSS de Laval, comme indiqué dans le texte, et non par la DPJ directement.