Alors que les enseignants se concentrent sur les bulletins de notes dans les écoles et collèges au Québec, une évaluation particulière doit être réalisée sur des acteurs ayant grièvement troublé les salles de classe en fin d’année dernière : la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) et le gouvernement.

Comme pour les élèves présentant des difficultés, il faut comprendre les origines du problème et envisager un plan d’intervention pour que cela ne puisse pas se passer à nouveau et que les élèves puissent travailler dans le calme.

Ce plan devrait permettre de résoudre les problèmes à venir dans un contexte difficile. Tout le monde s’entend sur la difficulté d’être enseignant aujourd’hui au Québec. Étant moi-même président du conseil d’établissement d’une école primaire de Montréal, je vois la difficulté pour le personnel scolaire de travailler dans un contexte de sous-financement majeur et continu. Je note également la passion et la dévotion de chacun des enseignants, capable de grandes choses avec de petits moyens.

C’est justement par respect pour ce personnel et pour nos enfants qu’il est indispensable de mieux comprendre ce qu’il s’est réellement passé. Deux belligérants s’affrontaient et ont causé des dégâts collatéraux majeurs.

D’un côté se tenait la présidente de la FAE qui tenait régulièrement des discours froids, dignes d’une journaliste de guerre décrivant un champ de bataille. Aucune attention n’était portée à la situation désastreuse que connaissaient les enfants éloignés des salles de classe. De l’autre côté, des représentants du gouvernement jouaient sur deux tableaux, faisant mine de faire passer comme essentiels les intérêts des enfants le lundi puis la somme des dépenses publiques le mardi. C’était bien entendu une erreur majeure. Mélanger la froideur des chiffres comptables avec la chaleur des êtres humains ne permet que d’obtenir un discours tiède et sans intérêt.

Une enquête est nécessaire

Ces dernières années, nombreux sont les enfants qui ont été les victimes de la fermeture des écoles pour cause de coronavirus et de grève illimitée. Dans le premier cas, de nombreuses enquêtes ont eu lieu pour savoir qui étaient les responsables, non pas de la maladie, mais des politiques publiques qui ont parfois fait plus de dégâts que de bien. Dans le second cas, l’intérêt n’est plus le même.

En 2020, j’avais écrit un texte intitulé « Boire ou s’instruire ? il faut choisir ! »1. Mon objectif était de dénoncer l’attitude du gouvernement qui laissait les bars ouverts et les écoles fermées. Les pintes de bière remportaient la victoire sur les livres.

En décembre dernier, les enfants se sont encore retrouvés livrés à eux-mêmes, sans que le gouvernement les ait soutenus d’une quelconque façon.

Il est indispensable qu’une commission d’enquête indépendante soit ouverte sur les dégâts collatéraux des grèves de cet hiver. Il est en effet impossible de penser que les élèves n’ont connu aucun dommage durant cette période creuse. De même, il ne faut pas s’attendre à avoir un état des lieux de la part du gouvernement.

Il est tout à fait prévisible que le ministère de l’Éducation abaissera le niveau d’exigence des évaluations à venir pour pouvoir se vanter que les notes sont comparables à celles des dernières années et donc que tout va bien. En tant que professeur de comptabilité, je sais parfaitement qu’un chiffre est un prisonnier très simple à faire parler et qu’il est facile de lui faire avouer tout et son contraire. Des semaines d’école ne pourront jamais être rattrapées par quelques heures de tutorat et les dégâts se constateront sur plusieurs années.

L’éducation met en avant les bienfaits de l’apprentissage par l’erreur. Prenons le temps d’apprendre !

1. Lisez « Boire ou s’instruire ? il faut choisir ! » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue