Plus ils ont manqué de jours d’école en raison des grèves des derniers mois, plus les jeunes ont augmenté le temps passé sur leurs téléphones, tablettes ou devant leurs ordinateurs. À tel point qu’il s’agit maintenant de la principale source de préoccupation des parents québécois, montre une enquête dévoilée mardi.

Réalisée conjointement par la Fédération des comités de parents (FCPQ) et l’Université de Sherbrooke, l’enquête a sondé plus de 14 000 parents pour savoir comment vont les élèves du Québec.

Chose certaine, ils passent beaucoup de temps devant leurs écrans.

« On a beaucoup de grands utilisateurs, soit des jeunes qui passent au moins quatre heures devant un écran, la semaine ou la fin de semaine, dans son temps libre. C’est un jeune sur cinq au secondaire », dit la Dre Mélissa Généreux, médecin-conseil à la Direction régionale de santé publique de l’Estrie et professeure à l’Université de Sherbrooke.

L’augmentation du temps d’écran se fait sentir chez tous les jeunes, mais il est plus marqué chez ceux dont les écoles ont été fermées pendant plus longtemps.

« Ça part de 17 % d’augmentation du temps d’écran chez ceux qui n’ont pas connu la grève, à 28 % pour le Front commun, à 59 % pour la FAE », détaille la Dre Généreux.

Les élèves dont les profs sont affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont connu 22 jours de grève, contre huit pour ceux dont les profs étaient représentés par le Front commun.

Tout comme la Dre Généreux, la présidente de la Fédération des comités de parents s’étonne qu’il s’agisse de la préoccupation la plus souvent citée par les parents d’élèves du primaire et du secondaire.

Ce qui m’a surprise, c’est que ça passe devant les pertes d’apprentissage que certains ont eu durant les grèves prolongées, la motivation et même le bien-être psychologique.

Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des comités de parents

Elle estime que les parents « ne savent pas trop comment gérer ça avec leurs jeunes ».

« Des fois, on va choisir nos batailles. On va laisser plus de latitude sur le temps d’écran pour ne pas avoir à gérer la crise chez nos enfants. On crée le problème. Mais je crois que la grève l’a quand même exacerbé. Je pense aux plus grands qui étaient en mesure de se garder tout seuls : on n’est pas là pour les surveiller, on était au bureau », dit Mme Laviolette.

La Dre Généreux dit qu’elle commence à trouver que le temps d’écran pèse lourd.

« C’est intéressant un plan de rattrapage pédagogique, mais si on veut vraiment bien tenir compte des préoccupations des parents, y a-t-il un plan de la crise des écrans ? Au-delà de certaines mesures ponctuelles, qu’est-ce qu’on se donne comme plan sociétal pour vraiment aider nos jeunes en lien avec les écrans ? », demande la professeure de l’Université de Sherbrooke.