Si des enseignants sont insatisfaits au sortir des négociations avec Québec, c’est que certaines de leurs attentes ne pouvaient tout simplement pas être comblées, dit le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui cite l’ouverture de nouvelles classes, qu’il juge impossible à cause de la pénurie.

Ce qu’il faut savoir

Au terme d’une grève qui a marqué le réseau de l’éducation à la fin de l’année 2023, Bernard Drainville estime que les attentes des profs étaient parfois « très grandes ».

Le ministre de l’Éducation estime que les nouvelles conventions collectives dans le réseau de l’éducation vont donner un « élan positif » au réseau scolaire.

Des journées pédagogiques pourraient être converties en jours de classe d’ici la fin de l’année scolaire.

Pour la première fois depuis que les ententes avec les syndicats d’enseignants ont été signées, le ministre est revenu sur leur contenu avec La Presse.

Bernard Drainville dit qu’il a « constaté les votes serrés » de certains syndicats.

« Les profs sont choqués parce que je crois qu’il y avait des attentes très grandes qui, dans certains cas, ne pouvaient pas être comblées. On ne pouvait pas leur donner ce que nous n’avons pas. Je ne pouvais pas leur donner des profs, parce que je n’en ai pas. Je ne pouvais pas créer de nouvelles classes à cause de la pénurie », a expliqué le ministre Drainville.

À la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), on a estimé ne pas avoir eu « l’entente que les profs méritent », tandis que la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) a fait état d’une « grande déception du fait que [le gouvernement] n’a pas entendu le cri du cœur des enseignants ».

Selon les nouvelles ententes signées entre Québec et les enseignants, si trop d’élèves d’une même classe sont en difficulté, de nouvelles classes seront ouvertes, s’il y a des enseignants et des locaux disponibles.

« Ça va être très difficile pour moi de créer de nouvelles classes comme le prévoient les conventions, en fonction d’un certain nombre de critères, tant et aussi longtemps que je n’en aurai pas, des nouveaux profs et du nouveau personnel qui va vouloir prêter main-forte dans les écoles », dit à cet égard Bernard Drainville, qui participait lundi au lancement des Journées de la persévérance scolaire.

Par contre, il estime que des dispositions de la nouvelle convention collective vont « contribuer à apaiser le climat scolaire là où il est tendu, là où il y a de l’insatisfaction qui a été exprimée ».

Ça ne va pas se faire en un tournemain, ça va prendre un certain temps, mais je pense qu’on est capables de trouver un élan positif à la suite des derniers mois plus difficiles qu’on a vécus, et je pense que la convention va nous aider.

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

Le ministre croit également que ce nouveau contrat de travail donnera « des arguments » pour convaincre les futurs étudiants de s’inscrire dans les facultés d’éducation pour faire carrière en enseignement.

La directrice générale du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), Isabelle Gélinas, assure que dans les écoles, « on ne voit pas » les effets de la plus récente négociation, qui a laissé beaucoup de gens amers.

« Les profs sont revenus avec le désir d’accompagner les élèves. Je ne dis pas qu’il n’y a pas des gens qui sont insatisfaits, je pense qu’il y en a, mais dans la vraie vie, les gens sont mobilisés à aider les élèves jusqu’à la fin de l’année », ajoute Mme Gélinas.

Des pédagogiques reconverties en jours de classe ?

Les élèves dont les enseignantes sont représentées par des syndicats affiliés à la FAE ont manqué 22 jours d’école en novembre et en décembre.

En plus du plan de rattrapage, qui prévoit notamment du tutorat pour les élèves en difficulté, Bernard Drainville dit qu’il avait une entente informelle avec la FAE prévoyant que dès que les votes sur l’entente de principe seraient terminés, des discussions sur l’annulation de journées pédagogiques auraient lieu.

On est en discussions avec les syndicats locaux des centres de services scolaires FAE, qui ont connu beaucoup plus de journées de grève, pour voir si on peut convertir une, peut-être des journées pédagogiques, en journées de classe.

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

Est-ce que ça se fera réellement ? Au CSSDM, on dit que « des discussions sont à venir sur ce sujet », mais l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal dit que ces discussions sont déjà terminées parce que ce n’était pas dans la volonté du CSS d’annuler de telles journées pédagogiques.

Bernard Drainville, lui, dit qu’il faut « limiter les dégâts », en particulier dans les écoles où les jeunes ont manqué plus d’un mois d’école.

« Chaque journée qu’on pourra récupérer sera une journée de plus. J’essaie de récupérer le maximum d’heures d’enseignement à l’intérieur du calendrier scolaire qu’il nous reste et ça viendrait s’ajouter aux mesures de rattrapage », dit le ministre.

Deux autres syndicats affiliés à la FAE – celui de Laval et celui de la Haute-Yamaska – nous ont dit ne pas avoir entamé de discussions à ce sujet avec leurs centres de services respectifs.