Décidément, il fait les manchettes ces temps-ci les 24 Heures de Montréal, le Grand Prix de la voiture électrique, un nouveau bouquin. Il est partout, notre Jacques Duval national. Et on chuchote qu'il roule en Alfa Romeo... 1959. Lui que l'on pensait un inconditionnel de Porsche. Lui qui disait détester les bagnoles qui font cric et crac. Lui qui refuse de toucher à un tournevis. Dans une voiture ancienne! Une italienne de surcroît!

Eh oui, chers personnes lectrices (ça évite de dire «lecteurs et lectrices» ...), c'est confirmé, Jacques Duval est retombé en... non plutôt, Jacques Duval a retrouvé son premier amour. En effet, imaginez-vous, vous qui pensiez que ce pionnier (de la chronique automobile, évidemment) n'avait jamais rien piloté d'autre qu'une teutonne de Stuttgart, imaginez donc que sa première voiture de sport fut une oserais-je le dire une Alfa Romeo!

 

Belle et exotique

«Une Giulietta Sprint Veloce 1959, pour être plus précis, exactement comme celle-ci. Je l'avais achetée neuve chez Budd&Dyer, concessionnaire à Montréal de plusieurs marques européennes. C'est au circuit de Saint-Eugène que j'ai piloté mon Alfa pour la première fois. J'étais commentateur à la radio, à l'époque, et j'ai suivi mon premier cours de pilotage avec le jeune Peter Ryan. J'ai ensuite couru contre Ross de St.Croix en MG et Henry Grace en Alfa Spider. Je les trouvais belles et exotiques, les Alfa. Mais à 5000 $, elles étaient plus chères qu'une Porsche à l'époque. En fait, sur ce plan, j'ai suivi le même parcours que Paul Frère (pilote et chroniqueur belge), qui a aussi commencé sur Alfa Romeo. Comme lui, cependant, j'ai fini par découvrir que l'Alfa était une bonne voiture de grand tourisme, mais que les Porsche étaient mieux adaptées à la course. Il suffit de voir les photos de mon Alfa en virage; on dirait qu'elle va se coucher sur les poignées de porte tellement elle penche. Alors, je me suis servi de l'Alfa comme voiture familiale. Je me vois encore rouler en plein hiver jusqu'à Thetford Mines, avec deux petits enfants sur la banquette arrière.

«Pourquoi une Alfa aujourd'hui? Par nostalgie, je suppose, mais aussi pour la beauté intemporelle de l'objet signé Bertone et dont s'inspirent amplement les magnifiques Alfa modernes. Sans oublier la superbe sonorité du petit quatre cylindres qui, malgré ses modestes 1300 centimètres cubes, émet une musique enchanteresse. Rien qu'à l'entendre, lorsque j'enfonce l'accélérateur, ça me met de bonne humeur. Et pas seulement le bruit si caractéristique de l'échappement, mais aussi celui de l'air qui s'engouffre dans les quatre corps des deux gros carburateurs Weber. J'ai osé la pousser sur l'autoroute rien que pour entendre chanter le moteur. Super! Et je ne vous dirai pas la vitesse...»

Rappelons que la marque de Milan qui a connu, comme bien d'autres, une descente aux enfers dans les années 80, renoue actuellement avec le succès après avoir retrouvé les ingrédients de sa gloire d'antan, notamment au chapitre du style.

«La prudence est la mère de l'ennui»

«Évidemment, j'aurais pu opter pour une ancienne Porsche, mais elles sont tellement prévisibles qu'elles en deviennent plates. Quand tu pars avec une Porsche, tu sais que tu vas revenir. Avec une Alfa, tu ne sais pas... C'est ça le sens de l'aventure!»

C'est peut-être aussi pourquoi Jacques Duval, pour la première sortie officielle de son Alfa Romeo, qu'il a récemment exposée à L'art et l'automobile, près de Stanstead, a demandé à Salvatore Montana de l'accompagner... avec sa boîte d'outils! D'ailleurs, c'est chez cet ex-concessionnaire Alfa Romeo, à Saint-Jean-sur-Richelieu, que la belle italienne a été finement mise au point après son arrivée en sol québécois en provenance de l'Arkansas, où elle avait été savamment restaurée par son ex-propriétaire, dermatologue de son métier.

La prochaine fois que vous verrez le vétéran chroniqueur au volant de la célèbre petite oeuvre de Nucio Bertone, dites-lui donc «Buon giorno, Giacomo. Che bella machina!»

Dans le rétroviseur

Type: Coupé deux portes, quatre places, carrossé par Bertone

Empattement/longueur/largeur (cm): 238/398/153

Poids: 900 kg

Moteur: quatre cylindres, 1,3 litre, 2 ACT, 90 ch à 6500 tr/min, 80 lb-pi à 4500 tr/min

Transmission: propulsion, boîte manuelle quatre vitesses

Suspension av./arr.: indépendante/essieu rigide, ressorts hélicoïdaux, barres de guidage

Freins: tambours

Pneus: 155 x 15

Vitesse de pointe: 180 km/h

Production (Sprint): 27 142 unités

Prix (1959): env. 5000$

Valeur (2008): 40 000$US