Nous avions prévu de vous présenter «Maranello-en-Floride», mais c'est partie remise. Entre-temps, voici un beau cabriolet qui vous fera oublier, durant quelques instants, les froids sibériens qui envahissent nos contrées.

Lorsque la Deuxième Guerre mondiale prend fin avec la victoire des Alliés en 1945, l'Allemagne est exsangue. Mais s'il est un domaine où les Allemands sont capables de se remettre rapidement sur pied, c'est l'automobile. En effet, la production automobile allemande n'a jamais cessé malgré la guerre: la plupart des usines ont été converties au matériel militaire (camions, moteurs, blindés), et les constructeurs allemands, notamment Mercedes-Benz, comptent déjà un solide acquis technologique basé sur des décennies d'expérience.

La Mercedes 170V dévoilée en 1936 était devenue la vache à lait de l'entreprise, aux côtés des 380K et 500K. Après la guerre, la 170V reprend du service, puisqu'il s'agit du modèle le moins complexe à construire et qu'il est déjà bien connu. Il faut attendre 1949 pour le lancement de la nouvelle version plus moderne baptisée 170S, accompagnée la même année d'une variante diesel, la 170D.

La nouvelle venue se décline en deux modèles: berline et cabriolet. Le millésime 1949 totalise 3370 berlines, mais seulement 39 cabriolets. Cette différence est due au fait que les cabriolets sont assemblés à la main par une petite équipe spécialisée. Si la berline coûte entre 2000 et 3000 marks, le cabriolet en vaut 19 000.

Restauration ponctuée d'engueulades

Malgré cette rareté, c'est bien au Québec que nous avons trouvé un cabriolet 170S. Achetée en Allemagne, la voiture est passée en Belgique puis au Canada; elle a abouti, pendant une vingtaine d'années, dans un garage de Montréal-Nord. C'est en 2005 que Nelu Spiratos, qui est d'origine roumaine, en fait l'acquisition.

Malgré son âge, la voiture est en très bon état, mais M. Spiratos, qui désire un produit parfait, entreprend une restauration en règle avec l'aide de son frère, Gabriel. Le travail a dû être plutôt long puisque, selon Nelu, les deux frères travaillaient une heure et s'engueulaient une autre heure! Quoi qu'il en soit, le résultat est franchement impressionnant. Précisons que la réfection de la mécanique a été confiée à Mercedes-Benz tandis que les sièges, les tapis et la capote proviennent de la maison mère, en Allemagne.

En véritable passionné, Nelu Spiratos n'hésite pas à conduire sa Mercedes-Benz malgré sa rareté. Il apprécie particulièrement le confort de la 170S, montée sur une suspension indépendante aux quatre roues.

 

Le plaisir qu'il éprouve à son volant équivaut facilement à celui que lui procurent sa Mercedes-Benz SL55 AMG et son Audi S8. Malgré une cylindrée relativement faible (1,7 litre), le moteur produit un couple généreux, assurant ainsi de bonnes reprises ainsi qu'une consommation raisonnable de 10 litres aux 100 kilomètres sur route. Notons que ce moteur a été le dernier de la gamme Mercedes doté d'une culasse à soupapes latérales, une technique devenue désuète à l'aube des années 50. Quant à la transmission, il s'agit déjà d'une boîte à quatre vitesses qui permet de mieux exploiter la puissance limitée du moteur.

La Mercedes-Benz 170S est retirée des chaînes de montage en 1955. La production s'élève alors à 42 413 voitures. Quant au cabriolet, il n'est produit qu'entre 1949 et 1951. Parmi les 39 voitures construites la première année, on compte le bel exemplaire de M. Spiratos.

En 1950, 1686 cabriolets sortent de l'usine, suivis de 708 autres en 1951. Selon les historiens de la marque allemande, la série 170 de Mercedes-Benz a joué un rôle important dans l'histoire du constructeur de Stuttgart, puisqu'elle lui a permis de renaître après les affres de la guerre. En avril 1951, au Salon de l'auto de Francfort, Mercedes-Benz dévoile la Type 300, la remplaçante de la 170S. Si vous possédez une Type 300, faites-nous signe; nous serons heureux d'en faire la connaissance.