Comment décrire OnStar en français ? Utlisons une expression familière : disons qu'il fait la job. Le son et la prononciation des indications routières préenregistrées d'OnStar sont de qualité inégale. Quand on demande un itinéraire, le téléphoniste l'envoie par code à l'ordinateur OnStar, qui débite les directives à chaque tournant de la route. Les phrases standard comme «Au prochain arrêt, tournez à droite sur _______» sont lues par un lecteur professionnel à l'accent neutre et à la diction claire auxquels on s'attend dans ce genre de service. Par contre, les noms de rues qui sont raboutés à la fin de chaque phrase sont prononcés par un robot qui a une voix grave et rocailleuse qui prononce «route cent-trente-katt».

Ce n'est pas qu'une question d'accent. L'enregistrement audio des noms de rues n'est pas toujours très bon. Dans quelques cas extrêmes, on ne comprenait pas du premier coup. Le vingt de «Autoroute 20» était inaudible, et la rue Logan était prononcée «Loddinne». GM explique que les multiples noms de rues du Québec sont articulés par un logiciel de synthèse texte-parole. Il y a quelques années, les ingénieurs d'OnStar ont passé une journée au bureau montréalais de GM et ont demandé à de nombreux employés de lire des textes à voix haute pour constituer l'échantillonnage de la voix française du logiciel.

De plus, il y a des anglicismes agaçants: chaque itinéraire commence par «Votre conduite durera x minutes» au lieu de «trajet» ou «parcours» (un anglicisme de «your drive»). Ça écorche les oreilles à chaque fois.

Il y a aussi des irritants dans les voix humaines préenregistrées; comme la dame aux intonations mielleuses qui prononce «destssination».

Quelque 58 000 clients francophones

OnStar a 450 000 clients canadiens, dont 58 000 francophones qui sont servis par 27 téléphonistes parlant français... plus ou moins bien. Environ 8000 appels en français sont traités chaque semaine au centre téléphonique canadien d'OnStar, à Oshawa, dit GM. Le bassin de travailleurs francophones est plus petit à Oshawa qu'à Montréal et ça paraît.

La Presse a testé OnStar durant 10 jours : les téléphonistes se débrouillent avec toutes les questions de géographie. Mais ne vous attendez pas à ce qu'ils connaissent votre patelin aussi bien que vous, c'est irréaliste, qu'on habite Ahuntsic, Le Bic ou Malartic. Personne n'a compris «rue des Éperviers» sans qu'on doive l'épeler (ça arrive aussi à Montréal!). Mais on se comprend et tous ceux à qui j'ai parlé ont fait preuve de bonne volonté.

Technologiquement, OnStar est une Cadillac. Linguistiquement, on est loin du haut de gamme. Dommage qu'un système ingénieux qui a coûté des centaines de millions de dollars (et nécessité 850 demandes de brevets en 15 ans de recherche) n'ait pas une plus belle finition verbale au moment de la livraison ultime à l'abonné qui paie 438 $ par année.

Par contre, le fait que seulement 27 téléphonistes parlent français a du bon. Même en seulement 10 jours d'essai, on finit par reconnaître la voix (bonjour Monique!) avant qu'elles s'identifient et cela crée un sentiment de familiarité qui doit augmenter avec le temps. Et qui doit être particulièrement apprécié le jour où l'auto est dans le fossé et qu'on demande de l'aide d'urgence.

Photo de la statue de Cadillac à Detroit : Wikipedia

Si Antoine de Lamothe, sieur de Cadillac et fondateur de Détroit vivait aujourd'hui, il serait peut-être abonné OnStar. Comprendrait-il toujours la voix synthétisée du logiciel voix-texte OnStar ?