La vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Voilà la promesse qu'a faite Akio Toyoda, petit-fils du fondateur du groupe automobile japonais qui témoignera mercredi devant la Commission de contrôle et de réforme de l'État de la Chambre des représentants au sujet des accélérations inopinées de certains de ses produits.

À ce jour, 34 accidents mortels pourraient être imputés à ce problème lié à la pédale d'accélérateur coincée (ou de tapis mal adapté?) de véhicules Toyota. Akio Toyoda entend faire la lumière sur la situation et fournir aux parlementaires américains une «explication sincère».

 

Voilà sans doute le noeud du problème: l'absence de transparence. Comment interpréter, par exemple, la citation suivante du patron de Toyota au sujet de toute cette affaire: «Nous n'avons pas caché d'informations et nous ne devons pas le faire à l'avenir.» N'y a-t-il pas là une contradiction? Pourquoi dire «nous ne devons pas le faire à l'avenir» si Toyota prétend déjà ne rien cacher?

 

Laissons tomber cette déclaration du président rapportée dans plusieurs médias et revenons sur les zones opaques de ce dossier. Cette histoire à l'origine était liée aux tapis, non? Plus précisément les tapis quatre saisons ou d'hiver, si vous préférez. Ceux-ci sont offerts, rappelons-le, moyennant supplément auprès des concessionnaires. Pas assez souples, souvent superposés aux tapis «moquette», rarement arrimés dans les points d'ancrage, ceux-ci risquaient de bloquer la pédale d'accélérateur. Mais ce rappel a été lancé aux États-Unis. Le Canada a suivi, seulement par mesure préventive, «puisque les tapis protecteurs offerts aux États-Unis sont totalement différents de ceux offerts au Canada», affirme Jean-Pierre Gagnon, directeur régional de Toyota au Québec. Ceux offerts au Canada présentent un dessin différent et des caractéristiques propres à nos conditions climatiques. Il appert toutefois que les tapis quatre saisons - au Canada à tout le moins - ne posent aucun problème de sécurité si ceux-ci sont correctement arrimés et ne sont pas superposés sur des tapis moquette, par exemple.

 

 

Conséquemment, n'est-il pas légitime de se demander si ce problème de tapis ne masquait-il pas celui des accélérateurs? La réponse de Toyota est plutôt évasive sur le sujet, mais le responsable de la marque au Québec soutient que les investigations se sont poursuivies pour découvrir que «peut-être des accélérateurs s'étaient coincés, mais que cette situation n'avait aucun rapport (avec les tapis)». On en sait trop rien, alors? Pour preuve, aucun produit Lexus n'est touché par un rappel portant sur les accélérateurs. Seulement les tapis. Considérant que certains produits de la marque de prestige dérivent de certains Toyota visés par ce rappel et que l'un d'eux (la RX) est produit en Amérique du Nord, pourquoi semblent-ils exclus? Est-ce parce qu'ils font appel à des composants différents ou ont-ils bénéficié du système EDER (Early Detection, Early Repair) préconisé longtemps par le nouveau numéro 1 mondial? En d'autres termes, l'entreprise a-t-elle préféré demander, dans le cas de Lexus, à ses concessionnaires de procéder discrètement aux réparations nécessaires?

 

M. Toyoda, à vous la parole.

 

Rappel... historique

 

Si tous les constructeurs sont régulièrement touchés par des rappels, la multiplication de ces problèmes devient plus problématique encore pour le constructeur japonais qui occupe la position de numéro 1 du marché mondial.

 

Qui se souvient aujourd'hui que Mitsubishi avait dû admettre qu'il avait caché la vérité aux consommateurs pendant plus de 20 ans? Et il avait dû rappeler près de 650 000 véhicules. C'est beaucoup, mais peu par rapport aux près de 9 millions de véhicules qu'a rappelés Toyota.

Photo Reuters

Aucun produit Lexus n'est touché par un rappel portant sur les accélérateurs. Seulement les tapis. Considérant que certains produits de la marque de prestige dérivent de certains Toyota visés par ce rappel et que l'un d'eux (le RX) est produit en Amérique du Nord, pourquoi semblent-ils exclus?