Cela dit, il ne faut pas se leurrer: le but visé par les manufacturiers est de vendre encore plus de petites machines. Mais est-ce qu’on peut vraiment leur en vouloir? Avec une consommation d’essence trois fois moindre que celle de la plus économe des voitures hybrides, un prix de vente sous la barre des 3000 et des aptitudes parfaitement adaptées à la vie urbaine, il serait bien fou de lever le nez sur ce sympathique véhicule. Et ça, c’est sans compter sur l’arrivée prochaine du scooter électrique... À suivre!

Ce que les manufacturiers veulent maintenant, c’est que la Ville de Montréal imite Toronto et plusieurs villes européennes en facilitant l’accès des conducteurs de scooters aux rues du centre-ville. L’automne dernier, la Ville reine a décidé d’exempter les pilotes de scooters et de motos des frais de parcomètre, en plus de leur réserver des espaces dans les stationnements publics. Dans son rapport, Maurice Anderson, président de la Toronto Parking Authority, a jugé qu’une telle mesure n’aurait aucun impact sur les finances de la capitale de l’Ontario.

Réel engouement

«Il est temps que Montréal se mette au diapason des grandes villes. Le scooter a sa place, c’est un moyen de transport fiable, économique et abordable, soutient M. Payeur. En 2000, il y avait trois manufacturiers importants au Canada, soit Yamaha, Honda et Suzuki. Maintenant, il y en a plus de 12, sans compter plusieurs compagnies chinoises qui s’en viennent. L’engouement du scooter n’est pas un phénomène passager, c’est quelque chose qui est là pour durer.»

C’est certainement le cas au Québec. Il s’est vendu chez nous près de la moitié des quelque 9000 scooters neufs qui ont pris la route au Canada en 2005. On veut donc sensibiliser les autorités à cette réalité bien présente. «Une demande officielle va être déposée non seulement à la Ville de Montréal, mais aussi aux autres municipalités du Québec afin de faciliter la vie aux propriétaires de scooters, poursuit M. Payeur. L’Association des marchands de motos est aussi très sensible à la question.» En parallèle, des gens de Yamaha vont parcourir la province, au cours de l’été, afin d’offrir aux jeunes l’occasion d’essayer des scooters et de suivre une courte formation sur le code de la sécurité routière. Il est bon de rappeler que les jeunes de 14 à 17 comptent pour 60% des utilisateurs de scooters au Québec. Mais on rappelle bien sûr qu’il n’y a pas d’âge pour conduire un scooter.

Les plans de transports présentés ces dernières années font grand état des dégâts que cause l’automobile à l’environnement. Les solutions de rechange proposées sont bien évidemment les transports en commun, le covoiturage, le vélo et la marche. Et si on ajoutait le scooter?

C’est le défi que se sont donné les manufacturiers de motos, en particulier Yamaha, plus important vendeur de scooters au pays avec 60% du marché. Quelques chiffres pour illustrer à quel point le scooter est frugal: le modèle le plus vendu au pays, le BW 50, un scooter à moteur deux temps, consomme en moyenne 2,3 litres d’essence aux 100 km; son petit frère, le Vino 50 à moteur quatre temps, fait encore mieux avec 1,5 litre aux 100 km. À titre de comparaison, le V8 de 4,6 litres du Ford Explorer engloutit 16,9 litres. En extrapolant, trois amis avec chacun 100 en poche pourraient se rendre à Vancouver au guidon d’un Vino 50, d’un Vespa LX 50 et d’un Honda Jazz, laissant le conducteur du VUS à sec quelque part entre North Bay et Sudbury, en Ontario...

Bien sûr, les scooters à moteur deux temps ont leurs détracteurs en raison du niveau élevé d’émissions polluantes, mais ça reste relativement peu comparativement à l’automobile et, à plus forte raison, aux VUS. Mais qu’a cela ne tienne, Honda et Vespa ont choisi d’éliminer les scooters deux temps de leur catalogue et Yamaha s’apprêterait à emboîter le pas. «Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je pense que le BW 50 en est à sa dernière année. Un modèle quatre temps devrait le remplacer, affirme Normand Payeur, directeur régional du marketing chez Yamaha. Le problème, c’est que c’est le modèle qui plaît le plus aux jeunes. Mais on devrait pouvoir lui trouver un bon remplaçant.»