La Volvo XC70 semble avoir atteint un stade d'évolution difficile à surpasser, dans le genre familiale surélevée.

Ce modèle se démarque à la fois des marques spécialisées (BMW, Audi, Mercedes...) par sa taille humaine, et des généralistes (Subaru notamment) par son standing plus élevé. Mais est-ce suffisant pour la maintenir au sommet du palmarès des ventes ? Il faudrait pour cela qu'elle rejoigne de nouveux clients, estime notre chroniqueur.

 

D'ici à ce que la Volvo XC60 entre en scène et prenne ses marques dans un marché de plus en plus encombré, la XC70 a suffisamment de temps pour susciter l'intérêt de bien des familles. Il est cependant peu probable qu'elle fasse des conquêtes auprès de nouveaux clients.

 

Malgré des contours plus doux et des cadres en aluminium, notamment autour des phares antibrouillard, son style a des airs de déjà-vu. Parions que le néophyte n'y verra que du feu. En revanche, les aficionados de ce modèle apprécieront la discrétion des retouches concoctées par l'équipe du nouveau patron du design de Volvo, Steve Mattin.

 

La ceinture qui assure la protection de la carrosserie lors d'excursions hors route masque la présence d'un châssis plus ample (celui de la récente S80). Voilà qui fera taire la critique, qui lui reprochait autrefois de manquer d'espace. Plus maintenant.

 

La XC70 est plus longue, plus large et plus haute. Avec un empattement allongé de 52 mm, l'habitacle permet dorénavant à ses occupants de voyager plus confortablement. Le coffre profite de ces dimensions plus généreuses et Volvo revendique un gain de 60 litres par rapport à la génération précédente. Le hayon toujours aussi vertical s'ouvre donc sur un coffre aux formes rectilignes plus nettes. Toujours aussi modulable grâce à de multiples compartiments (certains plus secrets que d'autres), ses points d'attache et ses crochets mobiles, le volume de ce coffre peut augmenter en sacrifiant en tout ou en partie la banquette arrière. Cette dernière s'escamote en trois sections (40/20/40), ce qui est très pratique, et peut recevoir - une première - un coussin qui permet d'asseoir les enfants plus haut. C'est 500$! Êtes-vous toujours intéressé?

 

À bord, Volvo s'est accordé quelques économies (et nous, et nous?) en reprenant intégralement l'habillage de la S80. Ne boudons pas notre plaisir et apprécions plutôt cet univers cossu que les (nombreuses) options viendront parfaire.

 

Une fois tirée à quatre épingles, la XC70 ne laisse rien de côté et intègre tout: du détecteur d'angle mort Blis à la banquette arrière chauffante, sans oublier bien sûr une installation audio aux performances spectaculaires avec un effet «Surround».

 

En revanche, le régulateur de vitesse intelligent (1500$) a quitté le catalogue il y a une vingtaine de jours et fait place à un régulateur traditionnel.

 

Cela dit, on se réjouira sans débourser un cent de plus de la qualité des matériaux et du soin apporté à la finition.

Où est le souffle du turbo?

Plus rigide, le châssis de cette suédoise peut bénéficier, comme celui de la S80 dont il dérive, de l'amortissement piloté, mieux connu sous le label Four-C. Ce système, inauguré sur les défuntes versions R, se révèle trop peu convaincant pour nous inciter à vous le recommander en raison de l'état toujours lamentable de notre réseau routier. En conséquence, non seulement vous économiserez 2850$ à l'achat, mais aussi une facture tout aussi salée le jour où un technicien sera appelé à le réparer.

 

Sous le capot, la XC70 étrenne le six-cylindres de 3,2 litres qui se charge d'animer aussi les S80 et Land Rover LR2. Assurément robuste, cette mécanique a un peu de mal à nous faire oublier le cinq cylindres qui l'a précédé. Ses 235 chevaux manquent manifestement de tonus face au poids de l'auto. Volvo laisse entendre qu'elle pourrait glisser sous son capot son excellent diesel, d'ici deux ou trois ans.

 

Ce serait chouette considérant le couple phénoménal de cette mécanique, mais attendons voir si cette promesse lancée au moment de sa présentation sera respectée. D'ici là, on devra faire avec ce 3,2 litres plus lymphatique que de coutume et qui, pour compliquer sa tâche, épouse une boîte automatique à la gestion confuse, notamment en reprises. Par chance il est possible de recourir à la commande séquentielle, beaucoup plus prompte à réagir, mais vous finirez sans doute par vous lasser de baratter ce levier. Chose certaine, la XC70 aurait été plus à son aise avec le moteur suralimenté par turbocompresseur qui animera la future V70, promise d'ici quelques mois.

 

Sur la route, avec le DSTC qui gère le patinage à l'accélération ou au freinage, un rouage à quatre roues motrices et des voies plus larges, on obtient vite une belle confiance au volant. Imperturbable peu importe le coefficient d'adhérence de la chaussée. La XC70 file vite et bien. En revanche, elle distille les sensations de conduite et du coup, fausse la perception de la route. Un peu pataude dans ses réactions et dirigée par un pignon qui peine à mordre solidement sa crémaillère, la XC70 procure un agrément de conduite bien moyen.

 

En toute honnêteté, il faut ajouter que ses dimensions imposantes participent aussi à ce décalage, tout comme son confort et son insonorisation. Mais la XC70 a d'autres qualités. Elle peut également prendre la direction des champs, des rivières et des pentes escarpées. Même si son rouage intégral est dénué d'une boîte courte, cette Volvo peut compter sur sa garde au sol surélevée, l'excellente motricité que lui procurent ses Pirelli Scorpio et - c'est nouveau - l'assistance d'un frein de descente pour prendre un bain de boue. En revanche, la XC70 se retrouve à la peine dans la cité. Son diamètre de braquage nous fait soupirer (et transpirer aussi) lorsque le moment est venu de la garer et la consommation de son moteur nous apparaît aussi élevée.